Gaz : scoop, la concurrence n'y peut rien !

Daniel Schneidermann - - Coups de com' - Le matinaute - 145 commentaires

À propos des hausses du prix du gaz en France (+ 57% depuis le début de l'année), nos médias, quand ils veulent bien s'intéresser à la question, tellement moins sexy que les querelles sur les prénoms, fournissent de bonne grâce des explications détaillées. C'est la faute, expliquait hier soir le 20 Heures de Tf1, aux producteurs de gaz, Norvège et Russie en tête, qui ont réduit leur production (pour de louches raisons). C'est la faute à la hausse de la demande en Asie. C'est la faute au climat. Parfait. Nous sommes informés.

L'heure étant grave, le Premier ministre était venu sur le plateau de TF1 annoncer la mise en place d'un "bouclier tarifaire" sur le prix du gaz. Après la hausse du 1er octobre, bien entendu (12,6%), laquelle s'appliquera bien. "Mais c'est la dernière" souffle Gilles Bouleau. "C'est la dernière" confirme Castex. Plus aucune hausse jusqu'en avril prochain. Date à laquelle "les experts" nous annoncent que le prix devrait baisser. Et donc, ils baisseront moins vite pour le consommateur. C'est ce qu'on appelle le "lissage". "Bouclier", "lissage" : l'essentiel, c'est de poser les mots sur les choses.

Il est magnifique, ce système instauré depuis 2007 de concurrence et de prix libres sur l'énergie, contre lequel le gouvernement ne peut rien, sauf quand il peut quelque chose. Mais tout de même, à propos de concurrence. Dans ce domaine de l'énergie, ne devait-elle pas faire baisser les prix ? Ne nous farcit-on pas la tête depuis vingt ans, avec le mantra "la concurrence profite au consommateur" ? Nous n'avions rien compris. La concurrence n'avait pas pour but de faire baisser les prix. C'est le président de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), Jean-François Carenco, qui l'avouait l'autre jour au micro de BFM Business , dans l'émission Good morning business, passée injustement inaperçue (vidéo ci-dessous, à partir de 9'50''). Carenco : "Qui a dit que la concurrence c'était pour faire baisser les prix ? C'est vous, c'est pas moi". L'animateur, Christophe Jakubyszyn : "L'Europe dit c'est pour le consommateur". "Mais le consommateur c'est pas que le prix, c'est la sécurité, c'est l'approvisionnement". Jakubyzzyn, dont l'univers s'écroule : "À quoi sert alors la concurrence ?" "À créer l'innovation, à inventer l'avenir". Et à poser des mots, encore et toujours.


(Cette chronique reviendra le 11 octobre)

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