Filoche, Haziza, vrais faux morts de la guerre blanche

Daniel Schneidermann - - Nouveaux medias - Le matinaute - 77 commentaires

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Impossible de ne pas faire le rapprochement. Tous deux étaient installés depuis longtemps dans le paysage.

Gérard Filoche au PS, Frédéric Haziza sur ses plateaux de La Chaine Parlementaire. Tous deux ont été sortis du jeu dans la journée d'hier. Filoche, exclu du PS par le bureau national, à l'unanimité. Haziza, suspendu de son émission de LCP après bien des hésitations de la présidente, la journaliste Marie-Eve Malouines, manifestement poussée à la décision par le président de l'Assemblée.

Tous deux, engagés dans la vie politico-médiatique "réelle", sont aussi des guerriers de la Toile. Tous deux, depuis des années, sur Twitter, donnent des coups, autant qu'ils en reçoivent. Encore que le parallèle s'arrête là. Filoche utilise Twitter comme un outil militant de combat contre la politique de Macron, tandis que Haziza participe volontiers à des chasses à l'homme. Dans les jours précédents sa disgrâce, il retweetait abondamment les tweets...contre Filoche.

Je ne compare pas ici les faits qui leur sont reprochés : l'envoi d'un tweet antisémite par Filoche (ou par son webmaster, on ne comprend pas bien), et une main aux fesses de Haziza sur la personne d'une journaliste de LCP, en 2014, affaire révélée hier matin par Buzzfeed. Je ne compare pas non plus leur première défense. Filoche a retiré le tweet après une trentaine de minutes. Haziza, après quelques heures, et se voyant menacé, s'est excusé sur Facebook. Je n'établis aucune gradation entre les deux actes. Je ne suis pas juge. Tous deux, dans le droit français, valent poursuites. Mais ce qui les rapproche, c'est la brutalité de la sanction. Le cas de Filoche a été tranché en quatre jours. Celui de Haziza, dans la journée.

Bien sûr, viendra ensuite le temps de la défense. Les vieilles institutions du monde d'avant ne sont pas officiellement abolies. Le parquet a ouvert une enquête contre Haziza. Filoche va faire appel devant la commission des conflits du PS. Des gens de robe, des gens de codes, vont se pencher sur les dossiers. Mais aux deux, l'oiseau bleu de Twitter n'a laissé aucune chance, les bombardant sans relâche de la grêle de ses pépiements, et ne laissant d'autre choix aux institutions (politiques dans ces deux cas, le PS et l'Assemblée) que l'exclusion symbolique. La guerre blanche à fronts multiples, qui ravage la micro-France virtuelle depuis quelques mois, a fait ses deux premiers vrais-faux morts.

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