Dominique Seux et les pavés de Strasbourg

Daniel Schneidermann - - Alternatives - Le matinaute - 138 commentaires

Vous avez raté le dernier sujet de rigolade de nos toutologues préférés ? C'est l'affaire des pavés de Strasbourg. Six tonnes de pavés, destinés au chantier de construction d'un bâtiment universitaire, ont été livrés d'abord par voie fluviale sur le Rhin, puis acheminés sur les derniers 300 mètres... en vélo. Immédiatement, l'uro-toutologue Laurent Alexandre s'est esclaffé, suivi de son alter-ego de "l'institut Sapiens" Olivier Babeau, 

les deux relayés par Dominique Seux, directeur des Échos, qui a finement suggéré de procéder à une élévation "à la main". Ouaf ouaf, nos Amish français n'en feront jamais d'autres.

C'est vrai, quoi ! Livrer des pavés en vélo, quand on pourrait les livrer, comme tout le monde, en camion. Pour bien faire comprendre sa pensée, Seux a renchéri sur le président de la fédération du e-commerce, François Momboisse, qui se désolait de la coïncidence de cette livraison fluviale et du lancement par la Chine d'un satellite 6G.

Bref, la petite bande de l'Intelligence-Artificielle-qui-va-supprimer-les-métiers idiots est partagée entre le rire et l'accablement.

Signe d'un pluralisme remarquable de la rédaction des Échos, c'est un journaliste-maison, Etienne Goetz, spécialiste des matières premières, qui a répondu (indirectement) à son patron sur Twitter. Non par une bonne blague, mais par des explications, relatant que la politique de transport fluvial est poursuivie à Strasbourg depuis des décennies par des municipalités de toutes tendances, et que les "esclaves" ont acheminé les pavés sur des vélos électriques, à travers des rues étroites dans lesquelles une noria de camionnettes aurait produit pollution et perturbation. 

À noter que Dominique Seux a sans doute du retard de lecture dans son propre journal, qui, sous la plume de son spécialiste des mobilités, Adrien Lelièvre, consacre une enquête à l'essor des vélos triporteurs, servant à transporter des charges lourdes, des enfants, ou... des pavés. Et plus particulièrement à un fabricant français, Nihola France, société dans laquelle un investisseur avisé vient de prendre 75% des parts. Cet investisseur, qui croit apparemment au déclinisme et au retour de l'esclavage, s'appelle Geoffroy Roux de Bézieux, que Dominique Seux connaît peut-être. Ciel, les Amish sont partout !

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