Disparition d'un cache-sexe

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 20 commentaires

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Je vais peut-être vous décevoir, mais je n'ai pas envie, ce matin, de pleurer

sur la fin du pouvoir de nomination du président de France Télévisions par le CSA. Lui-même nommé en conseil des ministres, à la tête d'une institution composée par le législatif et l'exécutif, leCSA, sous ses différentes appellations successives (Haute Autorité de l'Audiovisuel, CNCL, et j'en oublie peut-être), n'a jamais été que le cache-sexe de l'exécutif. Un cache-sexe plus ou moins gros, plus ou moins efficace, plus ou moins subtil, mais toujours un cache-sexe. Ecrire un jour l'histoire du CSA, ce sera s'atteler à une saga de l'hypocrisie politico-administrative française.

Certes, il y eut des variations. Le chiraquisme accoucha de la nomination de Carolis, confesseur de Bernadette. Quelques années plus tôt (on l'a oublié) la cohabitation Mitterrand-Balladur avait accouché du président Elkabbach, candidat de consensus Elysée-Matignon. Lequel fut le meilleur ? On peut épiloguer sans fin.

Donc, si tout le dispositif entre un jour dans les faits (restons prudents, les obstacles sont encore nombreux) Sarkozy nommera le successeur de Carolis. Barbier (pour rester dans les confesseurs de Premières dames) ? Giesbert (pour promouvoir les vidéastes amateurs) ? Drucker, Chancel (pour donner une prime à l'expérience) ? On verra bien (nul doute, en tout cas, que tous ceux-là recueilleraient "l'avis conforme" du CSA et de la "majorité qualifiée" du Parlement). Mais, le cache-sexe disparu, nous aurons sous les yeux, chaque soir à 20 Heures, pour rester dans la métaphore gynécologique, le cordon ombilical, le bon vieux cordon ombilical entre le pouvoir et l'audiovisuel, dans sa splendeur originelle. Cela ne fait que rendre plus urgente la mission de tous ceux, ici et ailleurs, qui sont déjà en train d'inventer autre chose.

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