Debré : un grain de sable dans la promo
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 23 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
L'histoire préférée des présentateurs, quand ils reçoivent Jean-Louis Debré, c'est tout de même celle du Nikki Beach de Saintrope.
Si vous y avez échappé, je la résume. Un été, Chirac fait venir Debré à Saint Tropez (où il séjourne régulièrement chez son ami le milliardaire Pinault) pour lui tenir compagnie. "Je connais un super restaurant", dit Chirac. C'est le Nikki Beach. Ils projettent d'y aller déjeuner. Sauf que le matin, Chirac, déconfit : "nous ne serons plus seuls". Bernadette s'est greffée. Arrivé au restau, Debré comprend : les serveuses sont seins nus. Et tout d'un coup, l'une d'entre elles -devant Barthès : "une serveuse nue avec des seins comme ça" ; devant Ruquier : "une femme superbe, avec des seins superbes"- sollicite une photo avec Chirac. Alors Bernadette, impérieuse, à Debré : "mettez-vous entre cette femme et le président !". "Et moi, j'ai d'un côté le sein de la femme, et de l'autre côté le regard de Chirac". Sourire indulgent de Léa Salamé.
Nikki beach Saint Tropez (image d'illustration)
Il faut dire que Salamé est aussi un personnage de l'histoire. Ruquier : "Le Canard dit que vous avez annulé France Inter uniquement parce que ce n'était pas Léa Salamé ce matin-là". Debré à Salamé : "J'allais sur France Inter uniquement pour vous voir." Salamé, tentant néanmoins l'interview politique : "Vous hésitez entre Juppé et Le Maire. Vous vous tâtez." Debré : "Je me tâte rarement." C'est tout ? Non, tiens, encore celle de Giscard, pour la route. Un jour, avant une séance, Chirac déboule dans son bureau de président du Conseil constitutionnel. "Jean-Louis, il parait que Giscard s'est fait Lady Di. Tu crois que c'est vrai ? Je vais lui demander pendant la séance". Debré : "Je vous l'interdis". Salamé, déçue : "pourquoi ?" Ruquier : "c'est ce qui rend sympathique le président Chirac."
Celui qui parle est l'ancien président du Conseil constitutionnel, qui vient de publier un livre pour révéler aux citoyens les secrets d'Etat tropézo-mammaires dont il est le dépositaire, et dont, ployant sous son obligation de réserve, il ne pouvait pas parler. Sous le titre "ce que je ne pouvais pas dire", le récit, comprend-on, tricote artistiquement blagues de cul et charges éthiques contre ceux qui se croient "tout permis" au sommet de l'Etat. Succès assuré. Salamé : "Très bon livre, formidable portraitiste. Mais pourquoi encore ruminer vos haines contre Sarkozy ?" "Ce qui m'a fait souffrir en tant que républicain, c'est Sarkozy qui n'a cessé de miner l'autorité du président. C'est une question d'éthique de la République. Quand vous êtes ministre de la Rééépublique, vous ne tirez pas contre le président de la République". Les Français désespèrent de pouvoir espérer. Il n'y a pas d'offre d'espérance". Et ce Chirac, qui n'a jamais payé un loyer de sa vie, et est hébergé à Paris par le milliardaire Hariri, est-il un meilleur exemple de vertu républicaine ? "Je lui ai dit en privé que ce n'était pas normal."
Bref, la promo du vieux nomenklaturiste était sur les rails. Sauf qu'en pleine promo, Le Parisien a balancé un sale petit grain de sable : l'Intraitable de l'éthique républicaine a tenté d'intimider un policier -"je suis de la maison"- après avoir franchi une ligne continue à Paris au volant d'une voiture de police banalisée. Aie. Bad buzz tout le week-end. Reste donc à transformer le mini-scandale en anecdote. Il s'y emploie devant Barthès. "C'est très simple. Hélas quand j'ai quitté le Conseil constitutionnel, on m'a demandé de garder une surveillance, compte tenu des décisions que j'avais prises, et que j'avais été ministre de l'Intérieur au moment des attentats islamiques de 95." (On imagine en effet Debré en cible prioritaire de Daech). "C'est un samedi matin. Je ne voulais pas déranger mon équipe de policiers, j'ai pris la voiture." Barthès : "Une Peugeot 508.""Oui c'est possible. Elle est blanche, même. Je me trouve dans une rue, y a des manifestations. Je ne veux pas me retrouver dans la manifestation. Je fais demi tour. Un policier m'arrête. Il me demande les papiers de la voiture" "Que vous n'avez pas." "Que je n'ai pas". "Vous lui avez dit je suis de la maison, laissez-moi passer. "Je suis de la maison, la voiture est de la maison... Il m'avait reconnu." "Peut-être pas. Vous n'êtes pas Madonna." "Dommaaage !" Comme on rit ! Dommage aussi que le policier n'ait pas été une policière, avec des seins comme ça. C'eût été parfait pour tout le monde.
(Peugeot 508, by Google images)