Cynisme : vous préférez Trump ou Macron ?

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 87 commentaires

Pendant ce temps, Bernie Sanders a renoncé. Il se retire de la course à la primaire démocrate, au bénéfice de Joe Biden, "un honnête homme" ("a decent man", a dit Sanders, en service minimum.) Un "honnête homme" qui, rappelons-le, a capitulé devant le système des dons électoraux illimités , après avoir tenté d'y résister.  La nature des financements électoraux conditionnant mécaniquement toute la politique ultérieure des présidents américains, si Biden gagnait, ce serait donc le retour à l'Amérique des Clinton et d'Obama, ni plus ni moins. Une bonne chose ? Pour le climat, oui, rien ne peut être pire que Trump. Pour le reste, on a déjà vu le film.

Le retrait de Sanders est évidemment une nouvelle attristante. Ma seule consolation, c'est d'écouter l'unanimité des spécialistes états-uniens, autour du thème : "maintenant, c'est sûr, Trump va gagner". Une unanimité bardée d'autant d'assurance qu'en 2016, à la même époque, quand les mêmes ricanaient de la candidature Trump, ce gag ineffable. La vérité, c'est que notre compréhension de la mécanique électorale états-unienne est à peu près aussi parfaite que notre connaissance du Covid-19. Mais faisons semblant de comprendre.

A propos de Trump, je vous vois ! Oui, vous, là, dans votre cuisine, je vous vois qui, apprenant que le corona-sceptique Boris Johnson était en soins intensifs après avoir fanfaronné qu'il continuerait à serrer les mains de qui lui chante, vous qui avez pensé : dommage que ce ne soit pas Trump ! Ce Trump et ses cyniques retournements. Ce Trump soutenu sur le même motif cynique par Fox News. Pendant le confinement, nos pensées mauvaises, nos sourds désirs de vengeances divines s'abattant sur les affreux, une certaine Schadenfreude, ne nous ont pas quitté. Ce sont elles, comme notre vulnérabilité, qui nous rappellent que nous sommes humains


Le cynisme français, au moins, se voile d'une hypocrisie civilisée : le directeur de l'ARS Grand-Est, Christophe Lannelongue, a été finalement limogé hier (je vous en avais parlé, et on vous raconte ici son suicide médiatique). Limogé, alors qu'il n'a fait qu'appliquer la politique hospitalière officielle de fermeture de lits, politique que jamais le ministre Véran, ni le Premier ministre Philippe, ni le président Macron, n'ont remise en question, Véran se contentant prudemment de la déclarer "suspendue". Mais Lannelongue a gravement manqué d'hypocrisie, ou de sens politique. Il faut être inconscient, pour envoyer en ce moment des cartes postales réjouies du monde d'après à "nos héros" soignants. Inconscient, ou alors gouverneur de la Banque de France, comme François Villeroy de Galhau qui préconise aujourd'hui, pour les lendemains des folies financières de la crise, "des politiques publiques enfin plus sélectives". Vivement un peu d'austérité ! Mais le gouverneur de la Banque de France est inamovible.

Vous n'êtes pas abonné à Arrêt sur images ? Cette période particulière est le bon moment pour nous découvrir, en profitant de notre offre spéciale confinement : un euro, pour deux mois d'abonnement, pour profiter de toutes nos enquêtes et toutes nos émissions. Pourquoi attendre ? C'est ici : https://www.arretsurimages.net/?formula=offre-speciale 


Lire sur arretsurimages.net.