Contre Trump le fasciste, un Obama blanc

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 37 commentaires

Quel dommage que les journalistes français n'aient pas voté aux "midterms" du Texas. Beto O'Rourke était élu dans un fauteuil. Charismatique, énergique, souriant, et fort du soutien de dernière minute de Beyonce : le démocrate, finalement battu d'un cheveu par l'ultra-réac républicain Ted Cruz, semble conçu par une intelligence artificielle sur-mesure pour plaire aux médias européens, qui cherchent désespérément un challenger "bankable" à Trump pour 2020. Les qualificatifs inspirés hésitent entre le nouveau Kennedy, et le Obama blanc. L'Europe aime les dirigeants américains jeunes, cool, et au ventre plat. Détail supplémentaire qui ne gâte rien : Beto a recueilli des fonds, signe qu'il ne déplait pas au business.

Attendez-vous à beaucoup voir l'ex-punk, et excellent skateboarder, sur vos écrans, d'ici 2020.  Au moins, il constituera une image d'espoir. Une image tournée vers l'avenir, qui nous changera de la folle course à capturer l'image de Trump, avec toujours un temps de retard. O'Rourke, ou l'espoir fou que les choses puissent reprendre "comme avant", aux Etats-Unis. Que Trump puisse n'avoir été qu'une sinistre parenthèse.

Il est frappant que Beto O'Rourke et quelques autres "étoiles montantes démocrates" émergent alors que sort, en France (uniquement en VOD) le dernier film de Michael Moore, qui assimile Trump à Hitler, et alerte sur le danger du fascisme. 


Trump, un nouvel Hitler ? Au-delà du saisissement initial d'un événement inouï (Donald-Trump-président-des-Etats-Unis) Trump, ce n'est pas le fascisme. Les contre-pouvoirs traditionnels américains ont tenu, et bien tenu.  Le New York Times se porte mieux que jamais (et grâce à ses lecteurs, pas à la publicité). Il est vraisemblable que le basculement, aujourd'hui, de la chambre des représentants, va grandement entraver, dans les deux dernières années de son mandat, les initiatives trumpiennes. Entrave dont il pourrait d'ailleurs tirer parti en 2020. Mais rien n'est écrit. Dénoncer le "fascisme" de Trump, comme espérer follement l'émergence d'un "Obama blanc" ou d'un nouveau Kennedy, c'est mobiliser, oui, sans doute, mais toujours avec un temps de retard sur l'événement.



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