Climat : une députée contre le "politiquement correct"
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 101 commentaires
Anne-Laure Blin est députée LR, présidente du comité de soutien de Valérie Pécresse dans le Maine-et-Loire. Émoi écolo sur les réseaux : la députée, 38 ans, doute de la réalité du réchauffement climatique. "Je souhaite avoir un certain nombre d'éléments qui prouvent cette question du réchauffement climatique"
, dit-elle dans cette émission qui date de mars 2021.
.@AnneLaureBlin, députée LR et soutien de Valérie Pécresse, déclare tranquillement que la "science n'est pas unanime" sur la question du réchauffement climatique. Dire cela en 2022, c'est criminel ! #DontLookUppic.twitter.com/4Cwmbmd2JQ
— Yannick Jadot (@yjadot) January 10, 2022
Émois & moi
est une émission de LCP dans laquelle des parlementaires, en treize minutes, retracent leur parcours. On y apprend donc que Anne-Laure Blin a commencé sa carrière publique au syndicat étudiant de droite UNI, en déposant – sans succès – un recours administratif contre le blocage étudiant de la fac de lettres de Nancy (elle était elle-même étudiante en droit). Elle entame ensuite sa carrière comme assistante parlementaire du député (UMP puis LR) Jean-Charles Taugourdeau. Après l'élection de ce député au mandat de maire, elle est désignée candidate contre l'avis des militants locaux, sur pression du député démissionnaire. Dans son scepticisme, Blin reprend la vision de son prédécesseur, qui en 2019 avait évoqué dans l'hémicycle le "prétendu réchauffement climatique"
.
L'avait-on perdue de vue ? Anne-Laure Blin c'est tout simplement la droite profonde, la droite classique de l'ouest de la France. Bien que ne chassant pas elle-même, Anne-Laure Blin défend la chasse à courre, contre le "politiquement correct". "Leur rôle est fondamental dans le maintien de la biodiversité"
. Elle défend les cirques avec animaux, critique les éoliennes, re-tweete un article contre la suppression des emballages plastique des fruits et légumes. "Le politiquement correct, c'est pas votre truc"
constate le journaliste Clément Méric.
Nous y voilà. Le politiquement correct, la bien-pensance, la doxa, la raison d'État : toute une France se situe en dissidence contre le monstre de la Doxa
, quel que soit son visage. Ils ne sont pas climatosceptiques ("je suis climato-réaliste"
s'est défendue Blin dans les couloirs de l'Assemblée). Ils attendent simplement les preuves. Quelles preuves ? Quand donc "lépreuves"
leur seront-elles apportées ? "Ce que j'aime
, dit Anne-Laure Blin, c'est représenter les citoyens qui m'ont élue"
. Peu nombreux au demeurant. Elle a été élue avec une participation de 17 % (ce que ne rappelle pas l'émission de LCP)."Concrètement
, précise Sud Ouest
, cela signifie qu'elle a obtenu 7 329 bulletins de vote dans une circonscription comptant… 71 034 inscrits."
Toute une France se situe en dissidence durable contre la connaissance scientifique. Et c'est celle qui vote.