Camps : ouverts, fermés, ou les deux à la fois ?

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 66 commentaires

Soulagement de la presse française : Merkel a sauvé sa coalition. In extremis, la chancelière a conclu un compromis avec son ministre de l'Intérieur, le Bavarois Horst Seehofer, lequel, sous la pression de l'extrême droite bavaroise, la pressait de durcir sa politique migratoire.

Soulagement certes mitigé, mais soulagement. "Merkel sauve son gouvernement mais reste en sursis" (Le Monde). "Merkel sauve son gouvernement mais en ressort fragilisée" (RTL). L'important, le sujet central du feuilleton des titres, c'est le sort d'Angela Merkel. Va-t-elle sauver sa tête ? Va-t-elle couler ? Seul le titre du New York Times rappelle l'existence de personnages secondaires du drame : les migrants. "Pour survivre, Merkel accepte des camps frontaliers pour les migrants". En substance, aux termes du compromis salvateur pour Merkel, les demandeurs d'asile seront donc enfermés vers des "centres de transit" (des "camps d'internement", selon un représentant de la gauche allemande) en attendant d'être, le cas échéant, et sous réserve d'un accord bilatéral, "renvoyés vers le pays d'entrée". Et sinon ? Ils seront dirigés sur...l'Autriche, qui vient d'élire un gouvernement d'alliance entre droite et extrême-droite. "Reste à savoir ce qu'en pensera Vienne",  s'interroge avec pertinence Le Monde : le chancelier autrichien Kurz a récemment proclamé son intention de former un "axe" anti-immigration avec l'Italie, et le même Seehofer. L'événement politique d'hier, c'est que les thèses d'extrême-droite, en matière d'immigration, viennent de s'emparer, sans élection, du gouvernement allemand. Mais les journaux n'en font pas leurs titres.

Reste à savoir si ces "centres de transit", ou "camps d'internement", seront ouverts ou fermés. Sur ce point, l'Allemagne pourrait s'inspirer du savoir-faire français. On se souvient que Macron, le mois dernier, évitant soigneusement le terme de "camps", avait évoqué des "centres fermés". Sa ministre des Affaires Européennes, Nathalie Loiseau, par ailleurs ancienne directrice de l'ENA, qui a bien perçu les connotations du concept, l'a précisé : "il ne s'agira pas de centres fermés, mais de centres d'où les migrants ne pourront pas sortir". Non binaires, en quelque sorte. La France a toujours de solides produits d'exportation.


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