Bouton : démission mode d'emploi
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 16 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Démissionner, mais pas n'importe comment.
Pour un banquier en pleine tempête, acculé au départ par la presse et le pouvoir politique, une démission est un acte de communication, qui doit être encadré par des avocats, des conseillers en communication de crise, et s'effectuer avec la complicité de journalistes amis. L'interview accordée au Figaro par Daniel Bouton, président démissionnaire de la Société Générale, pour expliquer son départ, est un modèle du genre, comportant les doses réglementaires de mea culpa, de hauteur de vues, et d'omissions opportunes. Mea culpa : "j'ai pu être maladroit, je le reconnais" concède Bouton, sans nullement détailler ses "maladresses". S'il admet qu'il aurait dû "refuser" le plan de stock-options que l'on lui proposait, c'est en y ajoutant immédiatement un hymne au système des stock-options lui-même. Quant à lui, directement, il est victime d'une "chasse aux symboles" et aux "boucs émissaires". Du reste, son départ n'a pas d'autre but que de "protéger" la banque, sur laquelle il continuera d'exercer une protection tutélaire. |
Cette majestueuse sortie est enfin remarquable par ses silences. "A combien s'élèvent vos indemnités de départ ?" "Zéro". Pas un mot sur les 700 000 euros de retraite-chapeau, que Bouton s'est fait voter, et qu'il percevra à vie. Pas un mot, ni de l'interviewé ni des intervieweurs, sur le fait que cette démission survienne au surlendemain de la révélation, par Libération, de nouvelles pertes colossales de la Générale, et d'un bras de fer de communiqués avec Nicolas Cori, journaliste à Libé. Pas un mot sur les appels à la démission lancés par Sarkozy. Seuls auront eu la peau du Grand Dirigeant "les jeunes sur Internet", qui ont soutenu Kerviel. Et qui seront certainement ravis de la révélation de leur nouveau pouvoir.