Borloo, et le méga-ricanement de Fogielkabbach

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 26 commentaires

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C'est un méga-ricanement, abondant, sans risque de pénurie



, qui accueille Jean-Louis Borloo sur Europe 1. Pas seulement le célèbre ricanement de Fogiel. Celui-là est localisé, repéré, gérable. Mais quand le ricanement de Fogiel se mêle à celui d'Elkabbach, alors l'invité sait qu'il est mal parti. Et ce matin, Borloo est en super-difficulté. Car le front est double. Alors, Jean-Louis Borloo, votre Grenelle de l'environnement, en faisant plonger encore davantage la consommation d'essence, il contribue à faire fermer les raffineries, et à menacer la France de pénurie d'essence. Borloo argumente, tente de reprendre son souffle : oui, il y aura des mutations, des emplois supprimés ici, d'autres créés là. Mais les minutes sont chères : le bataillon ricaneur Fogielkabbach repart à l'assaut. Alors, votre GIEC ! Il est mal, lui aussi, n'est-ce pas, votre GIEC ! (insiste Elkabbach, semblant au passage confondre le "Monsieur climat" de l'ONU démissionnaire, Yvo de Boer, avec le patron du GIEC.) Franchement, vous y croyez encore, Borloo, à toutes ces histoires de réchauffement ?

Bien. Tout ricanant qu'il soit, ce moment de radio a le mérite de replacer le conflit de la raffinerie Total de Dunkerque dans son contexte : celui de la baisse de la demande en essence, en Europe, sous l'effet, comme on dit "des préoccupations environnementales". Le lobby pétrolier ne se prive pas de donner tous les chiffres que l'on souhaite (voir par exemple cet article de l'Usine nouvelle). La matinale d'Europe 1 était donc, en creux, plus informative que celle de France Inter, qui semble s'être mise en mode vacances, le nez collé aux pompes à essence ("alors ma petite dame, la pénurie, vous la craignez, ou pas ?")

Que dit encore ce ricanement ? Il dit l'immonde exultation présente de tous ceux qui, depuis des années, à propos de l'écologie, du GIEC, du Grenelle, font semblant de chanter à l'unisson parce qu'il le faut bien, après tout même Sarkozy chante, mais n'en pensent pas moins, sur tous ces khmers verts, avec leurs couloirs de bus, qui nous empêchent de circuler. Il dit la danse du scalp qui se prépare, autour des Borloo, des Hulot, des Arthus-Bertrand, pour ne même pas parler des Duflot, trop petits poissons. Il dit l'inconséquence de la grande machine, prête à abjurer toutes les données du réchauffement parce que le GIEC, en effet, sans doute entrainé par sa propre mécanique, en a rajouté pour emporter la conviction. Il dit qu'aucun combat n'est jamais gagné, jamais.

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