Bonus et stock options : jean-Pierre Jouyet, commentateur autorisé

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 37 commentaires

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Jean-Pierre Jouyet a été ministre des affaires européennes

de Nicolas Sarkozy. Il vient d'être nommé par Sarkozy Nicolas directeur de l'Autorité des Marchés Financiers, ("gendarme de la Bourse", en médialangue). Il est en tournée de promo, pour vendre un livre dans lequel il raconte comment Nicolas Sarkozy a transfiguré l'Europe, ce vieux machin poussiéreux. L'ode tombe un peu à contretemps, alors que plongent les sondages sarkozyens, mais ce sont les aléas de l'édition.

Lors de sa nomination, le montant de l'indemnité annuelle brute du président de l'AMF a été "aligné" sur celui de son prédecesseur. "L'alignement" est un mécanisme géométriquement simple, mais arithmétiquement sophistiqué, ayant abouti au relèvement de 149 000 à 220 000 euros hors indexation dudit traitement (ce qui portera d'ailleurs l'indemnité totale de Jouyet à 311 049 euros bruts annuels en incluant son traitement de fonctionnaire classé "hors échelle", précise l'AFP.) Tout le Web s'en est fait l'écho. L'augmentation de Jouyet a même transpiré dans les grands medias. Le Point concède qu'elle "parait maladroite". Le PCF lui conseille "de ne pas aller la fêter en Guadeloupe".

Dans sa tournée, Jouyet a prévu une étape sur France Inter. La vilaine question va-t-elle être posée ? se demande le matinaute mal-pensant. La promo commence comme si de rien n'était, par des questions d'actualité: paradis fiscaux, secret bancaire, Sarkozy-Merkel, etc. Ce n'est qu'après la revue de presse de 8 heures 30, que survient la vilaine question. Bafouillements. "Ce n'est pas une augmentation. Cette rémunération est la même depuis 2004. Je n'ai eu ni augmentation, ni bonus ni dividende (ouf). Je comprends très bien qu'il y ait dans la période actuelle des interrogations sur les rémunérations. C'est un problème parfaitement légitime. Mais vous conviendrez que cela me dépasse un peu. Pour ceux qui me connaissent, je ne suis pas un homme d'argent. J'ai eu des propositions dans le privé, et j'ai choisi de continuer à servir l'Etat". Voilà le matinaute soulagé. La morale et la déontologie journalistique sont sauves. La conversation peut ensuite continuer comme si de rien n'était, et le président de l'Autorité délivrer un point de vue autorisé sur le plafonnement du salaire des patrons, la réglementation des bonus et stock options, et autres épineuses questions, ce qu'il ne manque pas de faire.

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