Barthès et Lapix, terreurs de candidats
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 129 commentaires
Fut un temps où Marine Le Pen aimait bien Quotidien
. En tous cas, ne détestait pas assez l'émission de "divertissement" pour lui interdire l'entrée de ses conférences de presse. Alors, pourquoi la grande fâcherie d'aujourd'hui ? L'émission de Yann Barthès le retraçait l'autre soir. Pour une banale séance, en 2013, de table ronde bidonnée avec de prétendus "Français ordinaires" soigneusement sélectionnés, questions et réponses préparées d'avance. L'ordinaire de l'émission de TMC, spécialiste des longues perches son qui captent les marmonnements secrets, et des caméras qui scrutent par dessus les épaules ? Oui, mais il y a des rancunes plus durables que d'autres.
Aujourd’hui, nous sommes boycottés par le Rassemblement national. Comment en sommes-nous arrivés là ? Pour le comprendre, il faut revenir 10 ans en arrière ⬇️#Quotidienpic.twitter.com/DBWRKtRDlO
— Quotidien (@Qofficiel) April 13, 2022
Et Anne-Sophie Lapix, pourquoi donc la présentatrice du 20 Heures
de France 2 a-t-elle été jugée indésirable par les deux candidats pour arbitrer le débat de second tour ? Le Huff Post
rappelle en vidéo"toutes les fois où elle a fait son travail face aux politiques"
. En substance, retenez qu'elle a interrogé Le Pen avec insistance sur le chiffrage d'une mesure sociale (en 2012), et sur ses emprunts russes non remboursés (en 2022). Quant à Macron, elle a osé l'interpeller sur l'impréparation de la campagne de tests Covid en 2020. Ce n'est pas tout. Elle a aussi taquiné le Premier ministre Édouard Philippe sur la pusillanimité du président, qui n'avait pas osé prononcer le mot confinement en confinant les Français. Sanction : évincée du débat.
Ces mêmes Emmanuel Macron et Marine Le Pen qui tremblent d'affronter les sourires meurtriers d'une présentatrice de télé sont candidats à un poste où leurs interlocuteurs s'appelleront Joe Biden, Xi Jin Ping, et Vladimir Poutine. Accessoirement, l'éviction de Lapix éclaire en creux sur la notion de journaliste "acceptable", aux yeux des candidats, en 2022, pour arbitrer le débat d'une élection présidentielle.