Banque-tabac

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 44 commentaires

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Pour lutter contre la misère, France Inter a trouvé la solution : permettre aux pauvres, aux étudiants, aux étrangers de passage, et autres interdits bancaires, d'ouvrir des comptes bancaires dans les bureaux de tabac.

Une blague ? Non. Pour célébrer la "journée mondiale du refus de la misère", Patrick Cohen a donc invité un ancien cadre de banque, Hugues Le Bret, initiateur du projet du "Compte Nickel". Vous n'en avez pas encore entendu parler ? Cela ne va pas tarder. L'idée a tout pour plaire à vos 20 Heures préférés.

Il s'agit donc de pouvoir déposer l'argent que vous n'avez pas, non pas au guichet de la banque, mais au comptoir du bar-tabac. "La Logan du compte bancaire", répète partout son initiateur, Hugues Le Bret, ancien cadre bancaire, qui a quitté la Société Générale après la publication d'un livre sur l'affaire Kerviel (et qui profite du lancement pour assurer la promo d'un nouveau livre, No Bank). Coût estimé pour le client : 50 euros de frais par an, soit le tiers de ce que coûte un compte dans une vraie banque. Mais attention, c'est une estimation. Car voici la trouvaille du "compte Nickel" : les retraits d'espèces seront payants (0,50 euro au comptoir, 1 euro dans les distributeurs), de même que...les dépôts, au tarif de 2% du montant déposé (ce que ne précise pas France Inter). Bref, personne ne peut dire à combien se monteront vraiment les frais, pour un client du compte Nickel. "Avez-vous fait une étude d'impact ? " demande simplement Patrick Cohen à Le Bret. Non. Si l'on comprend bien, le lancement lui aussi, est low cost.

Rapprocher physiquement les retraits de billets du comptoir des jeux de grattage, et du ballon de blanc, est peut-être un grand progrès social. Peut-être. Ne nous opposons pas par principe aux idées nouvelles. Mais celà mériterait que le problème soit au moins soulevé. On pourrait aussi se demander pourquoi aucune loi n'oblige les banques à ouvrir des comptes dans les mêmes conditions. A propos de nos amis les pauvres, l'ancien président d'Emmaüs Martin Hirsch publie lui aussi un livre, détaillant avec pertinence pourquoi tout (assurance auto, téléphone, crédit) est plus cher pour les pauvres que pour les riches. On peut espérer que le compte Nickel le fasse mentir. Mais ce n'est pas certain.

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