Aviation : bienvenue vers le crash !

Joie et félicité : on ne cesse de battre des records. Le 29 juin dernier, plus de 200 000 avions se sont envolés -et ont atterri. C'est un site collaboratif suédois, Flightradar24, qui le dit. C'est un record : on n'avait jamais vu autant d'avions dans le ciel le même jour. L'information est donnée en France par l'Usine nouvelle. Le ton est neutre. Factuel. Plus neutre que cette chronique de France Info, qui nous informait l'an dernier que 2017, déjà, avait été une année record pour le trafic aérien. "Bonne performance" "dynamique" "amélioration" : France Info était manifestement heureux.

La cause de cette magnifique croissance ? La "démocratisation", bien entendu, du transport aérien. C'est beau, c'est bien, c'est démocratique, la démocratisation. Qui donc, quel lobby féodal attardé, pourrait s'élever contre la démocratisation ? Si partout dans le monde, on construit des Notre Dame des Landes, c'est pour anticiper, pour accompagner, cette démocratisation. N'objectons pas que cette démocratisation est toute relative. N'objectons surtout pas que, tiens, on dirait que la démocratisation semble oublier un certain continent (devinez lequel). Vive la démocratisation !

L' information sur le trafic aérien étant dans les mains du lobby du trafic aérien (compagnies aériennes, et journalistes spécialisés dans l'aéronautique), il ne faut pas espérer de ceux qui la délivrent qu'ils en soulignent les aspects alarmants. Il ne faut pas espérer qu'ils soulignent que cette "démocratisation" par le low cost nous amène tout droit vers le crash climatique. Ni qu'ils rappellent l'opposition résolue des compagnies aériennes à assumer leurs responsabilités climatiques (je vous laisse lire ce long article trouble-fête qui fait le point sur la question). Ni qu'ils rappellent que la hausse du trafic va annihiler les quelques efforts de réduction des émissions polluantes des aéroports français. Le commandant et les membres d'équipage vous souhaitent la bienvenue vers le crash.