Au deuxième plan

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 28 commentaires

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Pour ricaner, ça ricane.

 
Les Guignols ricanent (mais c'est leur boulot). Libé ricane. Le Parisien ricane. France Inter insiste: Sarkozy n'a pas regardé la prestation de serment d'Obama à la télé: il était retenu par une séance d'arrachage de bonus aux banquiers rassemblés. Du côté de l'Elysée, donc, ça sent la jalousie. La grosse jalousie toute rouge. La grosse bouderie sans mots. Le "mais qu'est-ce qu'il a de plus que moi ?" Le gros malheur-à-s'enfermer-dans-sa-chambre. Les jités diffusent l'image qui ratifie: interrogé sur la prise de fonction d'Obama, l'Hyper ne s'arrête même pas pour répondre, et lance à la caméra: "j'ai hâte qu'il se mette au travail, et qu'on change le monde ensemble".

A lui les secondes places, maintenant. Les lignes grises. A lui l'exil des titres de page intérieure que l'on lit machinalement, encore ébloui de l'éclat magnétique du titre principal. Les nouvelles qui ne suscitent ni excitation ni effroi. A lui la reconduite, entre deux policiers, dans le brouhaha quotidien.

A lui, et à toute la saga de l'actualité sarkoïde, ou sarkogénérée. Pour le meilleur et pour le pire, d'ailleurs. Les banquiers, à l'usure, renoncent à leurs "bonus" ? L'issue triomphale du bras de fer n'a droit qu'à des brèves ou presque, ce qui fait capoter le joli plan de communication prévu. Des "Etats Généraux de l'automobile" tentent de sauver le secteur ? En fin de journal, une vague photo suffira. Mais dans le même sac, la lutte à l'Assemblée sur la limitation du droit d'amendement semble se dérouler dans un pays lointain, d'où ne parviennent que des clameurs étouffées. Fabius et Copé semblent nous haranguer d'une autre galaxie. Cette éclipse-là, pour le coup, ne fait pas ricaner. Il est probable (et souhaitable) que cette actualité-là retrouve bientôt toute l'attention qu'elle mérite.

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