Alors, pas encore réinventés ?

Daniel Schneidermann - - Médias traditionnels - Alternatives - Le matinaute - 97 commentaires

Pourquoi ce matin ? Ce matin, toute la médiasphère n'est que souci de vacances. Sur France Culture, Guillaume Erner a été chamboulé par la photo d'un marcheur masqué solitaire, sur une plage."Qu'est-ce que tu fais pour les vacances ?" s'interrogera ce soir Le téléphone sonne sur France Inter. Pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi pas hier ou demain ? Parce   que le gouvernement, attention, tagada tsoin tsoin, va présenter aujourd'hui un "plan tourisme". Pour ceux qui auraient encore des doutes sur l'identité du chef d'orchestre de la médiasphère officielle, le doute n'est plus permis.

Sauver le tourisme, ce n'est pas seulement une affaire de plan de relance. Car ce sont les vacances elles-mêmes qui vont devoir se réinventer. Les vacances seront durables, équitables et éthiques, c'est entendu, mais encore ? L'heure sera aux "micro-aventures", comme "un bivouac dans un parc", selon une spécialiste des sciences de la gestion, interrogée par Le Monde. Il va falloir "repenser notre idée de l'ailleurs", qui peut "être tout près", afin de "revoir son propre monde et sa propre culture avec des yeux neufs", "écrire sa propre histoire", "fluidifier les voyages de proximité en mobilité douce", mais "sans aller toutefois jusqu'à abandonner l'avion", car "le tourisme durable n'est pas forcément incompatible avec l'idée d'aller loin". Ouf ! A moins qu'il soit prioritaire (autre hypothèse) de "réinventer le fonctionnement de la planète"

Vous avez remarqué, comme tout le monde va se "réinventer" ? Le tourisme, donc. Mais aussi (pour ne prendre que les réinventions suggérées ces toutes dernières heures),  les restaurants (des chefs étoilés se rendent à domicile pour préparer des repas, compter 185 euros par personne), les rites funéraires, les sports d'équipe, les aquariums-vivariums, le Festival de Cannes, la culture (afin "d'être plus près de chacun sur tous les territoires"), les journées scolaires, le pacte social, au moyen "d'accords de transformation", ce qui nous amène tout naturellement à la réinvention de Macron lui-même, bien entendu, à moins qu'il trouve "un nouveau cap" (vaste programme, si j'en crois ce "grand récit" du Figaro). Pour finir, il faudra bien en arriver à se réinventer soi-même, afin de "mobiliser ses expertises avec des contextes clients inédits qui constitueront les défis de demain". Bref, la nouvelle arnaque marketing du "monde d'après" commencera par "ré", et se terminera pas "invention", à commencer par la réinvention de la mondialisation de la Santé, pour laquelle je propose une idée : un impôt sur tout emploi du mot "réinvention", recette fléchée vers le futur vaccin contre le coronavirus, ce qui permettra à Sanofi, enfin réinventée, de n'être pas obligée de réserver à Trump ses premiers lots de vaccins.


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