A quoi joue Poutine ? (Et lui seul)
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 72 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Que veut Poutine ? se demande France Inter ce matin, avant de recevoir un éminent professeur de Sciences Po.
Variante de la question : à quoi joue Poutine ? Ainsi formulées -et elles le sont toujours ainsi- ces questions laissent penser qu'il y a, dans la politique russe, un agenda caché. Et le président russe ne se contente pas de poursuivre des buts secrets, il "joue" avec la naïveté et l'ignorance de ses partenaires. De la Syrie à l'Ukraine, en passant par l'hospitalité à Snowden ou l'homophobie, de dossier en dossier, de continent en continent, Poutine n'en finit pas de jouer. Sans doute même en éprouve-t-il une volupté, la malsaine volupté du joueur, tout aussi secrète que ses objectifs. Et du joueur professionnel au tricheur, chacun sait qu'il n'y a qu'un pas. Quelles cartes cache-t-il donc dans sa manche ?
A remarquer que seul Poutine, et quelques autres figures de Méchants internationaux -la même radio se demandait hier "A quoi joue Erdogan ?"- "jouent" ainsi avec l'opinion internationale. Les medias occidentaux ne se demandent jamais : que veut Obama ? A quoi joue Obama ? A quoi joue Merkel ? A quoi jouent Hollande et Valls ? Car il va de soi que tous les objectifs poursuivis par la diplomatie ou l'Armée des démocraties occidentales sont toujours limpides, transparents, exposés dans le détail aux medias ou aux parlements nationaux.
Dernier exemple en date de la transparence occidentale, le mini couac entre Valls et Le Drian, à propos des djihadistes français, possiblement frappés par un bombardement de l'armée française, couac rapporté entre les lignes par Le Monde. Après "qu'une source gouvernementale française, en marge de la visite de Manuel Valls en Jordanie" (lisez : Valls, parlant en off aux journalistes) a confirmé que des djihadistes, dont éventuellement des Français, avaient été atteints par un bombardement français en Syrie, dans la nuit du 8 au 9 octobre, Le Drian a apparemment rétropédalé à toute vitesse. Le Monde : «La France a frappé un camp dans lequel nous savions que se trouvaient des combattants étrangers, dont probablement des Français et des francophones, qui étaient là pour se former à des opérations d’attentat en Europe et en France, indique-t-on à l’hôtel de Brienne. Nous ne pouvons absolument pas préciser ni le bilan exact des frappes ni évidemment la proportion de Français ou de francophones concernés. Ce que nous savons, c’est que nous avons détruit le camp.»