À quatre doigts de la guerre

Daniel Schneidermann - - Coups de com' - Le matinaute - 101 commentaires

La main agrippe l'accoudoir du fauteuil. Ce n'est pas une main de jeune homme.  C'est une main d'homme fait, tenace, lutteur, marié (l'alliance), une véritable pogne, dont chacun des quatre doigts au premier plan, chaque ride, chaque ongle, participe à sa manière à empoigner l'accoudoir comme le pilote s'accroche au manche dans la tempête. "Poignant" dit un commentaire d'Instagram, réinventant l'étymologie.

Et dire que ce n'est qu'une main gauche !

La photo ne dit pas ce que fait la dextre au même instant, mais à coup sûr elle participe, à sa place, à son poste de combat. Sur une autre photo de la série, cette même main a délaissé le combat pour se faire secouriste, et masser le front du président de la République, car c'est lui, le masser vigoureusement, lors d'un instant de pause virile dans cette même tempête, instant de répit entre les rounds, entre le round Poutine et le round Biden, puisque ces photos ont été prises lors de cette nuit de la dernière chance alors que nous reposions paisibles, cette nuit sur le fil où Emmanuel Macron, indique un communiqué de l'Élysée à deux heures du matin, est parvenu à arracher de ses mains au Russe et à l'Américain un accord "de principe" sur un sommet sur l'Ukraine.

Mais déjà il faut repartir au Front, le vrai, le grand, le front de la conviction,

La série de photos a été postée sur son Instagram par Soazig de la Moissonnière, photographe officielle du Palais. Autant dire que cette série a l'aval complet du propriétaire des mains, aux antipodes des photos frelatées des fausses paparazzades. Suppliant Poutine et Biden de se parler, il nous supplie pareillement de le voir en ce mano a mano incertain, et semble nous interpeller : franchement, franchement, au fond de vous-même, vous ne trouvez pas qu'en ces instants suspendus, j'ai autre chose à faire que de bavasser avec Poutou et Hidalgo ?


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