A Macron et Philippe, la complosphère reconnaissante
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 91 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Si j'ai bien compris, si la formation du gouvernement a pris 24 heures de retard,
c'est pour cause de transmission à la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP) des dossiers des futurs ministres. Que va-t-elle vérifier, s'agissant de ceux qui viennent de la "société civile", et dont elle ne connait rien ? Personne ne le sait. Mais en cas de nouvel accident Cahuzac, ou de nouveau Thévenoud, on pourra toujours s'abriter derrière ses vérifications.
Celui qui a transmis ces dossiers pour avis à la HATVP, c'est donc, conjointement avec Emmanuel Macron, le nommé Edouard Philippe, nouveau Premier ministre. La HATVP le connait bien : c'est lui, nouveau parlementaire, qui avait répondu "Aucune idée", à la question sur la valeur actualisée de ses biens immobiliers. C'est lui, lors du vote de la loi sur la transparence, qui, dans un tweet, a implicitement convoqué les fameuses "heures les plus sombres de notre histoire". Vieille connaissance, donc. La HATVP a-t-elle rappelé au transparent Premier ministre ses réserves sur l'opaque parlementaire Philippe, Edouard ? Insoutenable suspense. Mais rassurons-nous : il parait, selon son "entourage", que Philippe, en fin de mandat, a finalement indiqué les fameuses valeurs actualisées. L'exemple vient d'en haut : Macron lui-même, en fin de campagne, a été obligé de dévoiler le montant des travaux dans la maison de sa femme au Touquet, et dans son appartement parisien. Encore un petit effort, M. Philippe.
Tout ce débat se déroule à ciel quasi-ouvert, dans le champ de vision des medias traditionnels. A retardement certes : pour portraiturer le premier ministre, Pujadas a préféré évoquer, le premier soir, le boxeur amateur, que le parlementaire absentéïste (évoqué le deuxième soir). Mais tout de même. Et pourtant, ce débat lui-même passera sans doute largement au-dessus de la tête de la complosphère qui, depuis 48 heures, ne s'intéresse qu'à une chose : Edouard Philippe a participé, en 2015, à la réunion annuelle du groupe de Bilderberg. Vous ne savez pas de quoi il s'agit ? Vous êtes inexcusables. Regardez vite notre débat de l'an dernier, entre l'ancien ministre Hubert Védrine, la sociologue Monique Pinçon-Charlot, et le journaliste Bruno Fay (un extrait en libre accès est ici). En résumé, pour les uns, un petit club de bavards mondains désoeuvrés. Et pour les autres, un implacable jury de sélection des dirigeants occidentaux, choisis pour leur européïsme indéfectible, et leur soumission à l'oligarchie. Tapez Edouard Philippe Bilderberg sur votre moteur de recherche préféré : vous y verrez se déployer les premiers "fakes", parfois quasi-crédibles. A croire d'ailleurs qu'ils le cherchent, les macroniens. Après le clin d'oeil, le premier soir, aux Illuminati, voici Bilderbeg. Il ne manque que les reptiliens. Patience !