-
Douze
100 % d'accord avec ces deux derniers messages. J'ai déjà dit ailleurs, au gré des différentes discussions ouvertes sur cette couverture, que la question dépassait de très loin le problème du féminisme, et les naïfs voire nunuches débats beau/pas beau ou libéré(e)/coincé(e). On est au coeur d'un débat fondamental de société : derrière l'image, celle qu'on donne, celle qu'on vole, celle qu'on prend, qu'on tripote, qu'on déforme, qu'on utilise contre le gré ou sans poser la question, il y a le statut de l'être de chair et de sang, et surtout d'envies et j'allais dire d'âme.
J'ai fait le rapprochement entre le tourisme photographique vers des pays à la législation plus laxiste (ou aux victimes plus désarmées), préconisé par certains magazines, et le tourisme pédophage.
En clair, notre image est soit une partie de nous, de notre vivant ou post-mortem, et elle doit être traitée comme telle, soit un simple produit de consommation comme les autres, sur lequel nous n'avons pas plus de droit que n'importe quel voyeur/voleur/violeur.
Le premier choix relève de l'humanisme et du respect, le deuxième de ce nouveau totalitarisme qu'on appelle par euphémisme économisme ou libéralisme (ouh, ça en fait, des ismes tout d'un coup !). -
benoit.vicente
Que de grâce dans ce cliché...original !!
Les retouches disent d'elles-mêmes ce que le Nouvel Obs nie : ils n'ont pas publié une couverture en hommage à la Femme. Eclairage lumineux quand l'original a ce contraste si typique de l'époque, suppression de la cuvette de toilettes et suppression de cet attribut féminin : la cellulite.
Le message et clair : une femme n'est pas un être de chair mais un séraphin pur et lumineux.
Le séraphin ne vieillit pas, ne fait pas ses besoins, et vit auréolé d'un voile de lumière céleste.
C'est exactement le contraire d'une Femme.
Et c'est ce fantasme que les vendeurs de cosmétiques, entre bien d'autres cherchent à installer dans nos consciences.
Est-il inultile de rappeler que le fantasme de pureté, d'un corps qui ne vieillit pas est une partie de l'imaginaire pédophile ?
Le pédophile n'aime pas : il veut posséder la jeunesse de sa victime. Comme le guerrier qui mange le coeur de son ennemi valeureux pour s'en approprier le courage, le pédophile, dans son imaginaire immature, conjure la mort lorsque des enfants lui procure un plaisir sexuel.
Nous en sommes tous là à notre manière : lorsque nous jouissons sexuellement, nous avons participé du cycle le plus fondamental d'un être vivant, celui de notre perpétuation. Ce qui nous différencie profondément des pédophiles, c'est que grâce à un passé moins traumatisant, nous avons un peu accepté le monde qui nous entoure, et appris à aimer les êtres qui le peuplent. Nous avons intégré un certain principe de réalité.
Sauf que...
Sauf que nous sommes assaillis chaque jour par la régression infantile. Les femmes ne sont plus des femmes, elles sont des adolescentes de 16 ans déguisées en adultes : le produit de beauté le plus en vogue aujourd'hui, c'est Photoshop et le chirurgien plastique.
Et ils prétendent vendre du rêve ? La seule chose qu'ils vendent, c'est le retour vers une réduction de la femme à un objet de plaisir pour insatisfait chronique, pour ce lobotomisé handicapé de l'amour qu'est "homo consumeris mediaticus". Jette ta femme pour une plus jeune quand elle vieillit : c'est normal, tu n'aimes rien ni personne, tu consommes, connard.
Simone de Beauvoir a oeuvré pour que la femme ne soit plus une mineure juridique.
Le Nouvel Obs oeuvre pour qu'elle n'atteigne pas ses 17 ans.
Mesdames, réveillez-vous !! -
alexandre labat
Cher David,
C'est l'un de vos fans hysteriques, avec mon epouse, qui vous ecrit et qui se languit de votre prochaine chronique sur @si. Plus d'un mois que nous n'avons pas eu l'immense bonheur de vous lire. Nous ne savons plus que faire pour attendre, si ce n'est vous ecouter sur France info. Mais cela ne suffit plus!!!
Je vous en supplie, David, reapparaissez!!
Amicalement et fanatiquement,
Alex et Marie -
Lisuzan
Dans cette lumière et dans cette pose gracieuse, cette "femme à sa toilette" qui évoque une tradition (comme le montre la chronique de Alain K.) m'apparaît fort belle, émouvante, très humaine.
Parce qu'appartenant à une femme dont la pensée intellectuelle est hautement reconnue, s'incarnant encore aujourd'hui comme "symbole du féminisme", ce corps "dénudé" devrait-il être exposé à la une d'un magazine quel qu'il soit ?
D'accord avec vous pour distinguer que se pose effectivement tout le problème de situer le scandale dans la "connexion" entre cette photo de couverture et le choix de son titrage, là où l'Obs a finalement réussi à frapper fort : très précisément dans le scandale de "réduire une féministe à son corps". Le "coup médiatique" d'afficher l'image du corps in naturalibus d'une philosophe considérée comme un "cerveau" relève clairement du "scandale" et le titre, de fait, en exprime explicitement l'essence.
Cette "accroche aguicheuse" (puisqu'il s'agit bien sûr primordialement de vendre) s'appuie sur le "spectacle" d'une photo qui existe, le photographe l'ayant rendue visible. Etait-il impératif de la retoucher ?
En gommant les imperfections, les retouches servent - entre autres - à valoriser "un certain esthétisme". Qu'ils soient à vocation "people" ou non, mais toujours supports de placards publicitaires, les magazines effectuent des retouches sur la plupart des photos. La tendance générale n'est-elle pas à "vendre du rêve", à "parfaire la réalité", spécifiquement sous la forme idéalisée des corps ?
Le Nouvel Obs a osé s'offrir un parfum de scandale, chapô :-))))))) -
MARIE-LOUISE ACHARD
Il y a un proverbe qui dit que les absents ont toujours tort.La seule chose qui me dérange c' est qu'elle est absente et qu'elle ne peut pas se défendre en plus d'etre nue aurait-elle tort? -
Elisabeth Guimard
Rien à ajouter à votre analyse sur la couverture.
je lis le nouvel OBS régulièrement, bien d'autres journeaux aussi, et ce qui m'a agacée c'est la couverture certes mais aussi et surtout la pauvreté des contenus proposés dans le dossier.
Quel besoin de convoquer Claude Sarraute? de savoir de Nathalie Sarraute n'aimait pas Simone de Beauvoir ?
Un dossier à peu près vide pour qui connait l'oeuvre de Simone de Beauvoir, anecdotique pour qui la connait mal, et repoussoir pour qui ne la connait pas. -
Balthaz
@ gamma gt
je suis un mec aussi et je trouve dommage cette photo qui dénature le message qu'elle avoulu faire passer . "la scandaleuse" aurait été bien venu avec un passage marquant du deuxième sexe en couverture;
couverture qui soit dit en passant se mêle aux autres revues qui fait ressembler les vendeurs de journaus à des étals de boucher plutôt que des diffuseurs d'information .
je ne nie pas la qualité esthétique de cette photo, elle est tout simplement mal venue et parait d'un seul coup de mauvais goût; -
Compte supprimé à la demande de l'utilisateur
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
-
Fan de canard
Jolie petite chronique sur une jolie photo...
Toujours sympas vos articles, bien reposant car peu stimulant intellectuellement, pour reprendre l'une de vos expressions récentes ;-)
Je plaisante, car vous savez que j'aime bien votre style. Je veux dire...
Bref continuez.
Ras le bol des articles sur le Paris-Dakar, après-tout.
Salutations. -
Pascal Bernheim
Bravo David!
Comme tout le monde vous appelle David, je me permets de faire de même...
Certes, votre titre est pas mal, mais je préfère le mien...
C'est par là: < http://tinyurl.com/2r98lw > (3e sujet de ce vendredi 11 janvier).
Cordialement.
P. -
V31
Votre analyse est bien gentille mais aussi parfaitement inexacte. Pour vous, l'universalité féminine représentéé par la couverture du Nouvel Observateur est un hommage à la Femme avec un grand F et par là même à Simone de Beauvoir. Ainsi, le scandale n'aurait aucune raison d'être et serait l'oeuvre de vieux réacs ou de féministes complètement dijonctés. Mais vous oubliez l'essentiel: Simone de Beauvoir n'était pas n'importe quelle femme, elle n'était pas une Simone parmi d'autres, que chacun aujourd'hui peut reprendre à son compte et s'approprier, en déformant son image et sa philosophie. C'était une femme d'esprit, courageuse et peut-être aussi narcissique, plus qu'universaliste. Alors, croire aujourd'hui rendre hommage à cette femme d'exception en présentant son cul en première page sous prétexte qu'il représente LA femme qui a su se libérer et prendre son indépendance me paraît à la fois dénoter d'une mauvaise foi assez exceptionnelle et d'un contre-sens philosophique dangereux. Se représenter la femme moderne, libre et indépendante comme une jolie petite gazelle, prête à montrer son derrière et ne pensant qu'à son image dans le miroir, est une vision sexiste, honteuse et irrespectueuse des femmes. En effet, en quoi la métonymie, qui consiste à réduire la femme à son cul, pourrait-elle "rendre hommage" à la femme comme je l'entends répéter depuis plusieurs jours? De plus, Simone de Beauvoir, si elle a bien entendu jouer un rôle essentiel dans l'évolution des mentalités, n'a jamais prétendu incarner "LA Femme universellle" mais plutôt "la révolte féminine" contre l'oppression d'une société fondée sur une misogynie institutionnalisée, ce qui n'est pas du tout la même chose. Et, si la révolte pouvait en effet à l'époque de Beauvoir s'illustrer par la vision d'une femme nue, aujourd'hui, où les schémas se sont inversés et où la représentation de la femme-objet est courante, cette couverture s'inscrit, non pas dans un mouvement de révolte, mais dans un conformisme médiatique qui donne envie de gerber. C'est pourquoi le Nouvel Observateur est doublement fautif: il joue sur la tendance moderne du voyeurisme et du "marchandage des corps" et en plus, prétend se justifier par le soi-disant "hommage rendu à cette femme provocatrice" qui n'est en réalité qu'une participation à la société de consommation. -
Anthropia
Hier discussion avec deux bonnes amies féministes, et nous étions là à nous étonner qu'on fasse l'amalgame entre cette très belle photo en noir et blanc et les photos de cul vulgaires de nos contemporains.
Pour moi, ce qui est dommageable, ce sont les retouches, pour rajeunir la photo. Alors que légèrement sépia, elle est réellement belle.
Je suis fière de cette photo, je suis fière de Simone de Beauvoir, s'exonérant de la censure, riant qu'on la prenne ainsi de dos. Je pense que le scandale qu'elle a défendu est compatible avec la photo, car sa vie était aussi une oeuvre de libération des sexes, le second sexe comme libre de vivre sa vie avec plusieurs hommes en même temps.
Je pense que la lecture au premier degré que vous faites David, comme Daniel ou Alain, n'est pas suffisante. Qu'il faut aller plus loin.
Ensuite, oui, on peut juger les intentions du Nouvel Obs, on peut l'accuser de chercher à vendre du cul. Mais cette Une ne se résume pas à cela selon moi. -
Anthony B.
Je suis en partie d'accord avec votre article, mais un détail semble vous avoir échappé : ses chaussures à talon !
Les talons rendent la photo plus sexe et moins banale.
Mais de là à en faire une couverture, c'est osé ! -
Mathilde Mérat-Balaïan
Bonjour!
Juste pour l'info, cette photo a été prise par une photographe qui accompagnait le Castor en Amérique; ces photos ont été publiées en livre assez récemment il me semble. Elle explique qu'elle prznait les photos à l'improviste, et que celle ci en particulier a été prise alors que le Castor se changeait. Elle avait laissé la porte ouverte, et la photographe (dont le nom m'échappe) a commencé à prendre des photos. Beauvoir s'en est rendu compte et a juste souri.
Voilà,
Bonne journée -
jehanne
Il y a bien longtemps, je collaborais à une revue féministe dont Simone de Beauvoir était Directrice. Un jour qu'il fallait des "illustrations" j'avais apporté une série de reproductions de tableaux qui me semblaient critiques et percutants: l'un était de F.Bacon (un visage de femme défiguré) l'autre était un dessin représentant une femme écrivant, assise à sa table, de dos, et entièrement nue. Cette fantastique idée du dessinateur de mettre nue une femme en train d'écrire m'avait paru très éclairante. Les autres membres de la revue ont hurlé et m'ont demandé si j'étais folle. Les images n'ont pas été publiées. Aujourd'hui je comprends à quel point j'avais vu juste et à quel point elles avaient raison de ne pas publier ces images.
La lecture des commentaires me fait penser deux choses en même temps: nous avons tous encore "bon fond" car nous avons tous été choqués. C'est bien. Mais nous luttons contre une marée plus forte que nous et nous cherchons tous à nous défendre d'avoir été choqués parce que ce n'est "moderne", ce serait vieux jeu, ce serait "chiennes de garde" et autres ringardises féministes. C'est dommage. Simone de Beauvoir n'aurait pas accepté cette image mais elle est morte, alors on peut faire ce qu'on veut...
Pourtant, devant la vulgarité, la facilité, le scandale à petit prix, il y a encore des choses qui nous sauveront peut-être:
- la beauté: l'image est belle, plus belle que les rédacteurs du Nouvel Obs, plus belle que nos regards égrillards.
- l"'insolence : Simone de Beauvoir nous montre son cul et nous emmerde et continue son chemin.
Chapeau bas, le Castor! -
nd
Bien d'accord !
Je ne trouve rien de scandaleux dans cette photo : c'est une photo qui me fait plutôt penser que la nature humaine est bien fragile...
C'est effectivement beaucoup plus touchant que "scandaleux".
Et il est dommage d'avoir utilisé cette belle photo avec cet adjectif à côté... -
Thierry Maurel
Bonne année à tous.
hormis le fait que cette photo désormais à but commercial et extraite de son contexte temporel, finalement Simone de Beauvoir demeure une grande dame y compris dans sa nudité. Que voyons nous ? Une magnifique femme comme un Fragonard aurait pu en peindre une. Le regard du photographe est a minima admiratif et respectueux et peut être amoureux aussi ? Peut-on y voir a mal ? Non. En revanche, ce à quoi est associé l'image est lui plus graveleux. Finalement si le but est de faire de la vente comme en son temps playboy l'avait fait une ex madame Lepen alors ce ne sera qu'un boufféede plus de l'air des temps où l'on arrive à "pipoliser" ici nos nobles défunts...
Si c'est le cas nous avons ici du nécro commerce... une niche ?
Ce nu n'a rien de choquant ! C'est une bonne photo sensible et émouvante. Tant et si bien que ce dos, somme toute anonyme, pourrait tout aussi bien symboliser la femme plutôt qu'une femme en particulier. Et cette femme me fait penser à la Toilette d'Esther de Chassériau... mais de dos. Et c'est tout de même une idéalisation de la femme pour sa beauté. Le souci est qu'ici Simone De Beauvoir est avant tout un emblème, une icône dont les lettres de noblesses sont acquises sur la force de caractère d'airain et sur une intelligence lumineuse. Alors ? Est-ce une manière de faire rentrer dans les "rangs" ceux qui sont uniques ? Ceux qui par leurs singularités offrent des voies alternatives ?
La presse de masse comme Culture ou comme kultur ?
Comme il a été dit une fois chez Pivot en substance et avec ironie que jusqu'à alors on croyait qu'un Sartres faisait la culture française et non un Segala... qui sur le plateau revendiquait ces palmes là... air du temps vicié sans doute. Le Nouvel Obs aurait-il vu la même émission ? -
Godilhaire
Carla en forme de CV, plus de douze pages, il faut bien ça pour son CV, CV qui circule aussi sur le net ... c'est très précis au niveau du CV, les photos d'identité ne semblent pas règlementaires, notamment pour les dimensions et le nez ne semble pas être le milieu de ces photos.
Le CV s'achève par une histoire de train mais j'ai pas compris, enfin presque ...
D'ailleurs, j'ai décidé d'aller voir un .... non, c'est une blague!
L'amor es la civilizacion occitana dels trobadors.
C'est l'ex-communié Duc d'Aquitaine.... Guilhem IX d'Aquitània doit bp se satisfaire de la chôse, là haut au paradis des troubadours ! -
jeff
Ce que je trouve de très révélateur quant aux objectifs de cette une, c'est l'association d'une photo d'elle nue, et du mot "scandaleuse".
C'est d'un kitsch, rétro, racoleur... On savait pas comment présenter le sujet pour que les lecteurs aient envie d'acheter le magazine. Ca me fait penser aux couvertures de magazines pour post-adolescents masculins : "Unetelle du réality show X, est vraiment une coquine" avec une photo montrant un peu de peau de la starlette, sous-entendu qu'elle sera encore plus dévoilée à l'intérieur du magazine.
Fallait-il montrer son cul pour la faire connaitre, la vendre au public ? On est loin, très loin des principes féministes, il me semble. -
Djolou
Bonsoir à tous;
Bien sûr, l'image est belle mais la question que je me pose est : Que recherchaient les responsables de ce journal avec une telle couverture? Faut-il s'abaisser au niveau des magazines people pour faire de la vente?