Pourquoi on s'@rrête sur Cécilia

Daniel Schneidermann - - La vie du site - 3 commentaires

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Franchement, vous croyez que ça nous amuse?

Franchement, vous croyez qu'on n'a que ça à faire, comme hier, de guetter les signes en provenance d'un hôtel de luxe de Genève? Et de passer, comme hier, une journée entière à appeler des confrères qui eux-mêmes ont passé leur journée à appeler des conseillers de l'Elysée qui ne pouvait rien dire, parce qu'ils ne savaient rien?

Vous êtes plusieurs, à nous engueuler sous le billet consacré à Cécilia Sarkozy et à la Tribune de Genève, parce que nous avons simplement traité le sujet. "J'attendais mieux d'@si" "Quel dommage, que vous aussi vous laissiez prendre à ce leurre" "Je me désabonne tout de suite de Gala, j'ai tout ce qu'il faut ici", Etc.

OK. Pour tout dire ça ne me suprend pas. A chaque fois, dans l'émission de France 5, que nous traitions d'un sujet people, ou de la télé-réalité, c'était l'engueulade assurée sur le forums de l'émission, où se retrouvaient les gardiens du Temple, en même temps que bondissait l'audience de la semaine.

Ici encore, ça ne manque pas. En quelques jours, le billet que nous avons consacré au traitement des affaires matrimoniales des Sarkozy par le Net, s'est hissé au premier rang des pages vues (47 559), battant Martinon-non-non à Neuilly (42 926) ou les défenestrations de sans-papiers (27 892), qui sont en ligne depuis plus longtemps.

Bref, vous n'aimez pas ce genre de billet, ce genre de sujet, mais vous lisez. C'est exactement comme la télé, cet étrange objet qu'on regarde sans l'aimer.

Et ne faites pas semblant de dire: c'est pas nous, c'est les autres, des visiteurs occasionnels, avec lesquels nous n'avons rien à voir, nous les fidèles, nous les @bonnés.

Mais non. Les clients du people, c'est vous, c'est moi, c'est tout le monde. Clients furieux, clients réticents, clients forcés, mais clients tout de même.

Pourquoi traitons-nous, et continuerons-nous de traiter, ce genre de sujets?

Pour plusieurs raisons, que je vous livre en vrac.

Parce que ce sont les images, les représentations, les légendes, les mythologies, que le système nous met dans la tête, tout simplement. Aujourd'hui comme hier, notre rôle est, entre autres, de nous porter sur ces images-là. Qu'importe comment elles y entrent, dans nos têtes, avec notre consentement ou par effraction: elles y sont.

Il se trouve, en outre, que le sujet est intéressant. Non pas le divorce éventuel, bien entendu. Mais l'ambivalence des journalistes devant cet objet-là. Et la politique des groupes qui détiennent des médias aussi, coincés qu'ils sont entre la tentation de vendre du papier, et la peur de déplaire à l'un ou l'autre élément du couple présidentiel. La vie privée des Sarkozy est un des sujets où l'on peut tenter de discerner, dans les choix des rédactions, ce qui relève de la logique économique, et ce qui relève de la logique politique.

Et puis, pour tout vous dire, il ne me déplait pas que des gens qui ne nous connaissent pas, qui sont très loin de nous, et qui tapent "rumeur Cécilia" sur Google, arrivent ici, par la magie du moteur de recherche. C'est même notre but. Ceux qui ont le plus besoin d'@si, c'est ceux qui ne nous cherchent pas. Bienvenue à eux, à vous, qui venez pour la première fois. Prenez le temps de vous promener sur le site: vous verrez, on y parle de bien d'autre chose que de Cécilia.

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