L'année 2025 vue par... Robin Andraca
Robin Andraca - - La vie du site - 17 commentairesEn cette fin d'année, la rédaction (écrivante) d'ASI fait le bilan, plus ou moins calmement. Image la plus marquante, pire éditorialiste, plus mauvais coup de com', recommandations culturelles et un peu d'espoir malgré tout pour 2026 : chaque journaliste a répondu aux questions du rédacteur en chef, Robin Andraca, qui s'est aussi prêté à l'exercice. Bonne lecture, et bonnes fêtes de fin d'année de la part de toute la rédaction d'ASI.
L'image la plus marquante :
Nicolas Sarkozy qui se lève un matin, puis se rend en prison. L'évènement - c'en est un - a souvent été médiatisé de manière navrante. Au-delà de rappeler les faits, et les raisons profondes qui ont conduit la Justice à prendre cette décision, il y avait aussi peut-être des raisons de se réjouir que la Justice, dans notre pays, fonctionne au point que nul ne lui échappe, pas même un ancien président. C'est presque tout l'inverse qui s'est produit.
La séquence la plus énervante :
La commission d'enquête sur l'indépendance et le financement de l'audiovisuel public. Sujet sensible, nécessaire, mais confisqué par l'extrême droite, ici le parti d'Éric Ciotti, l'UDR, qui a transformé cette commission en mauvais théâtre, où les auditions ne sont que des prétextes pour permettre aux médias Bolloré d'appeler à la privatisation de l'audiovisuel public (promesse de campagne du RN qui sera sans nul doute au coeur des débats en 2027).
La séquence la plus fascinante :
L'assassinat en direct de Charlie Kirk, icône de la jeunesse Trumpiste, et sa récupération politique immédiate par le président des Etats-Unis, son vice-président, et la mise à disposition des moyens de l'Etat pour réécrire la vie d'un homme qui avait fait de son discours haineux un véritable business.
Le sujet le plus maltraité dans les médias en 2025 :
Le génocide à Gaza, à la télé. Souvent invisible (pour de bonnes et de moins bonnes raisons), quasi systématiquement mal nommé. Une tache dans l'histoire des médias, qui les poursuivra longtemps. On écrira des livres (on en écrit déjà) sur cette faillite.
Le plus mauvais coup de com' :
Raphaël Glucksmann qui s'est ridiculisé face à Éric Zemmour sur LCI en novembre, poussant ses propres troupes - qui ne sont pourtant pas bien nombreuses - à se répandre quasi-aussitôt dans la presse. Assez mauvais signe généralement.
Un sujet bien traité dans les médias :
Le rappel, récemment par Le Monde, des raisons qui ont poussé la justice à abandonner les poursuites pour viol contre Ary Abittan, suite aux propos honteux de Brigitte Macron. Dévastateur pour l'humoriste et la première dame. Le pouvoir des faits - même révoltants - mis bout à bout.
L'éditorialiste le plus énervant :
Yoann Usaï, sur CNews, qui se présente lui-même comme "journaliste politique". Ce qu'il n'est que très peu, et c'est parce que je le regarde souvent que je me permets de l'écrire. Fonctionne aussi pour Gauthier Le Bret, de la même maison.
La pire émission :
Pas la pire évidemment (j'aurais pu citer n'importe quel talk-show de CNews) mais ce qu'est devenu Quotidien depuis son passage sur TF1 est quand même bien souvent navrant.
La meilleure :
Malgré ses défauts réels, C ce soir reste un lieu de débat relativement courtois et serein, où il est encore possible de discuter intelligemment de choses complexes.
La pire interview :
Pas la "pire" non plus, mais 1 h 20 d'interview "exclusive"
de Jordan Bardella par Darius Rochebin sur LCI (18 décembre), avec le Parlement européen de Strasbourg en décor, et pas une seule question sur les absences réputées, depuis des années, de Bardella au Parlement. Jolie performance.
L'émission que tu regardes le plus :
L'Heure des Pros, probablement (mais c'est pour le travail).
La chaîne Youtube que tu regardes le plus :
Deux pour le prix d'une : "Game Next Door", sur la culture jeux vidéo, et celle de Margorito, sur la littérature (avec un gros prisme socio).
L'invité·e que vous tu aurais aimé voir/recevoir sur le plateau d'ASI :
Benjamin Duhamel.
L'invité·e que tu n'as pas aimé voir sur le plateau d'ASI :
Juan Branco. Je pense aujourd'hui - et je ne suis pas le seul au sein de la rédaction - qu'il ne faut plus donner la parole aux hommes accusés de viol.
Le meilleur papier :
"À Gaza, le futur oblitéré", publié dans le Monde, et signé Samuel Forey.
L'article dont tu es le plus fier :
Je n'en ai pas écrit beaucoup, étant la plupart du temps occupé à en relire. Mais l'article que je suis le plus fier d'avoir publié, cette année, c'est celui sur le "cas Théry", cas d'école des accusations d'antisémitisme à gauche et qui tente d'aborder cette épineuse et complexe question, en multipliant les points de vue discordants.
Le livre que tu as préféré :
La maison vide, de Laurent Mauvignier. Merveille.
la meilleure série :
The Leftovers, chaque année.
Un souhait médiatique pour 2026 :
La disparition des éditorialistes sur les chaînes d'info. Et les chaînes d'info, tiens !