Horreur ! Fontaine a un prénom !
Daniel Schneidermann - - La vie du site - 1 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
C'est un sacré débat, sur l'avenir de notre site, que vous avez ouvert ici, et qui va s'élargissant depuis plusieurs jours.
Depuis plusieurs jours, vous êtes de plus en plus nombreux à nous trouver (je vous cite) revanchards, vindicatifs, bêtement dénonciateurs, etc... Où sont donc passées (je vous cite encore) la distance, la modération, la courtoisie, la calme et sereine analyse, qui faisaient le sel d'Arrêt sur images à la télé?
Ce débat s'est cristallisé lundi, avec la lettre que nous a adressée...comment faut-il l'appeler? Fontaine? Laurent Fontaine? Fontaine, de Batailléfontaine?
Et me voilà pris au piège: il renonce à sa grosse voix menaçante ("la Justice saura bien vous retrouver" criait la semaine dernière encore son attaché de presse à Aurélie Windels), il prend une petite voix flûtée, timide, sincère, ("prenons donc un café Daniel"), et je ne sais plus comment l'appeler.
Et autour de ce "comment faut-il l'appeler?", c'est toute la question de l'avenir d'@si qui est posée.
En nous adressant ces lignes signées de sa main, en signant "Laurent Fontaine", il nous place face à notre contradiction, ici, sur ce site.
En prenant la parole, en affirmant son désir d'être sujet de son analyse, et plus seulement objet, il nous place face à un défi professionnel et...humain. Eh oui, même Fontaine est humain. Même Fontaine a un prénom, qui lui a été donné par sa maman et son papa.
Que devons-nous être? Ceux qui, radicalement extérieurs au cercle médiatique, indifférents à l'humanité des acteurs du désastre, continueront de l'observer, et de tenter de vous aider à y coller les mots qui sont notre seule arme?
Ou bien, au contraire, devons-nous donner la parole à Fontaine? Devons-nous accepter sa proposition d'être sujet, même si elle lui est offerte partout, la parole! Chez Ruquier, chez Schneck, chez Morandini! Faut-il la lui donner ici, aussi?
Une voix, en moi, me souffle que toute parole humaine mérite toujours d'être écoutée, même celle de Fontaine. Par réflexe (professionnel? Humain ?), dès que j'ai vu son texte dans le fil de discussion, je l'ai "monté" à la Une du site. Ah, la voix de l'Autre, le récit de l'Autre, la version de l'Autre, ce maudit trésor!
Mais une autre voix me glisse que notre mission est d'être la vôtre, de voix, et seulement la vôtre: la voix de tous les sans-voix. La voix de tous ceux qu'écrasent, sans aucune possibilité de répondre, les énormes voix tonitruantes de Ruquier, de Bataille, de Fontaine, et des autres.
Peut-on être les deux à la fois?
Eh bien voilà: je n'ai pas la réponse. Eh oui, ça arrive aussi.