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Velcro
Mettre Guillon et Porte dans le même sac ; voilà qui a de quoi faire rire aussi et qui me fait bien rire depuis des mois… Et, si je puis me permettre, et à première vue puisque je suis nouveau ici, on trouve dans cet amalgame toute l’ambiguïté du positionnement de ce site et de celui d’un certain nombre d’autres amalgameurs : ni tout à fait dedans, ni tout à fait dehors, mais qui aimeraient quand même bien revenir au centre de la grande foire médiatique et seraient prêts pour cela à faire un certain nombre de compromis.
1/ Porte est drôle et possède un arsenal politique consistant, avec lequel il s’est toujours (la plupart du temps, chacun s’arrange comme il peut au long d’un parcours) montré cohérent.
2/ Guillon n’est pas drôle et n’est pas un humoriste politique. Et c’est bien parce qu’il se positionne sur le terrain politique sans en posséder les bases idéologiques qu’il n’est pas drôle. Il ne connaît rien à la politique et se contente de reprendre les clichés médiatiques sur le Sarkozysme et de les mettre en sauce. Ce qu’il fait sur Canal +, c’est, en gros, du Jacques Ramade en un peu plus méchant.
3/ A voir leurs places dans le champ aujourd’hui, on ne peut que constater que ces deux « vidages » ne sont pas de la même nature. L’un a brûlé ses vaisseaux, l’autre a rompu le bail de sa garçonnière pour revenir vivre à plein temps dans son château avec Bobonne quitte à devoir manger la bonne sou-soupe – et en retire tout le bénéfice symbolique associé.
4/ Je ne sais pas si Guillon a provoqué consciemment ou non cette mise au pas ; mais ce qui est sûr c’est qu’elle l’arrange bien. Il a perdu une toute petite part de ses revenus sonnants et trébuchants et a gagné en contrepartie un capital symbolique énorme – celui du rebelle absolu, iconoclaste qui ne se plie devant aucun pouvoir – qu’il va pouvoir désormais monnayer durant des années.
Je ne sais pas s’il a fait ses comptes avant, ou après, mais ça me semble évident qu’il y a eu calcul.
5/ Pour avoir été poussé vers la porte plusieurs fois, à mon tout petit niveau de petit propagandiste du néant, je crois, cher Daniel que vous n’insistez pas assez sur le processus d’isolement qui se met en place insidieusement durant des semaines, parfois des mois. Or, se retrouver isolé dans sa propre maison, ce n’est pas tout à fait pareil quand on a un château en Espagne et des tas « d’amis » puissants chez qui dîner et se consoler tous les soirs.
6/ Quelle est la différence entre un « rebelle » et un « rebellocrate » ? C’est simple, c’est linguistique : c’est le « crate »… Or, Guillon dispose aujourd’hui d’un pouvoir accru après son vidage. Porte n’a plus que les yeux des @sinautes pour pleurer…
7/ Les attaques de Guillon envers ses patrons de la Maison Ronde, en sus d’être infiniment moins drôles et moins subtiles que celles de Porte, me font penser à l’attitude d’un client-mystère. Il peut se montrer extrêmement tatillon et irrévérencieux avec le patron de l’hôtel qu’il visite, puisqu’il est payé pour ça par le siège.
8/ Tout un chacun qui a un peu de pratique critique des médias se doit de constater que la liberté « générale » de ton de France Inter par rapport à celle de Canal + est (un peu ? Beaucoup ?) plus grande, et ses liens avec le pouvoir actuel, malgré la totale dépendance financière – c’est un vrai paradoxe -, moins forts que ceux de la chaîne cryptée. Je n’ai pas encore cherché d’analyses du « Grand Journal » sur votre site, mais j’imagine, à voir ce qu’on y voit ces derniers mois, qu’elles doivent être assez gratinées…
9/ D’ailleurs, pas une seule fois, Guillon n’a pris le risque de s’en prendre à ses vrais patrons – ceux qui lui fournissent l’essentiel de sa pitance, respectable par ailleurs.
10/ A mon sens, Porte n’a plus aucun intérêt – l’a-t-il jamais eu ? – à se montrer solidaire de Guillon – et vous ? L’avez-vous ?
11/ Porte a même tout intérêt à prendre Guillon pour cible, et peut-être même, pour cible principale. Il est légitime pour le faire puisque, les gens avisés reconnaissant qu’il a un talent bien supérieur à celui de son ancien camarade, il se trouve pile-poil dans son viseur et qu’il pourrait bien faire rire bien au-delà de son camp et de la petite caste des @sinautes.
12/ Le rire est une arme politique formidable, et il n’est pas besoin de remonter à la candidature de Coluche aux présidentielles pour s’en convaincre. Il ne s’agit donc non plus, aujourd’hui et à mon humble avis, de rire de tout mais pas avec n’importe qui, mais de rire du grand n’importe-quoi des ricaneurs plus ou moins officiels avec le plus grand nombre des vrais rieurs – fussent de drôles de paroissiens égarés, qui pourraient par ailleurs ramener le trésor amassé dans le pillage des troncs.
13/ Pour re-mettre les rieurs véritablement joyeux de son côté, rien de tel que de pointer le faux rire cynique, le rire des moules (noir dehors et jaune dedans mais qui ne s'ouvre qu'à la cuisson), gêné, emprunté des bouffons de cours – qui n’ont jamais fait rire que les rois et les roitelets, pas leurs sujets… -
Themi
Pour moi, la question qui se pose en fait c'est de se demander si l'autocensure a priori est préférable à la censure a posteriori. A la place de ces virés, j'aurais choisi la deuxième option. Parce que, effectivement, quant on guette l'erreur au dessus de votre épaule, on ne peut finalement que la commettre ou se démettre avant qu'il ne soit trop tard. Or, en matière d'humour, autant y aller franco une dernière fois.
Je n'aime pas la tournure que prend la liberté d'expression dans notre pays. Les Rois avaient un fou qu'ils autorisaient à dire ce qu'il pensait (parfois à ses risques et périls je suppose). Je propose qu'on réinstitue cette fonction et qu'on y nomme quelqu'un de faiblement rémunéré mais qui pourrait dire au souverain ce qu'il pense. Je crois que ça ne ferait pas de mal au milieu de tous les lèche bottes. A force de flatterie, on perd le sens des réalités. Je suis sûre que plein d'empires ont péri à cause des flatteurs de tout poil.
Que le fait d'être viré tourne au profit de ceux qu'on vire, c'est un peu l'histoire de l'arroseur arrosé. Bien fait pour lui, na ! Et dans notre société, je crains que ceci ne soit une exception. -
matjö
très bon! -
marilyne mottier
Je souscris totalement à votre analyse. Surtout avec le peu de recul que j'ai pour lire la chronique. En même temps, c'est vrai que quand on est passé par là, on est plus à même de comprendre.
En tout cas, merci d'avoir pris sur ASI D Porte. Cela fait plaisir de le revoir et de l'entendre, au delà des améliorations mineures soumises. L'essentiel est là....l'humour et la dérision.
Merci pour nous ! Il nous manquait déjà et laissait un trop grand vide ! -
mané
alors dans la meme veine meme si c'est un peu hors sujet, petit retour en arriere sur la grille de rentrée 2009 2010 de france inter
c'est long mais tres .... je ne trouve pas de qualificatif
http://bruno.colombari.free.fr/spip.php?article418
voilà -
BibiTaupe
Comme ça fait du bien. Un coup de gueule jubilatoire, j'en redemande.
Je ne dois pas avoir de saines lectures ni de saines écoutes car je ne connais pas ce monsieur. Ni un autre dont vous avez parlé récemment, un monsieur PETIT avec deux prénoms. Ils semblent du même tonneau, mais pas un grand cru, de la piquette amère.
Comme je le disais dans un post précédent, l'étau se resserre, il ne reste plus grand monde à nous donner des infos sérieuses et décryptées qui ne manipulent pas les neurones. Au secours Norman Baillarjon !
Tiens, je vais aller voter, c'est trop bon ! -
jede
Pardon d'avance, si j'écris une bêtise. Mais le titre " Psychologie du viDé " , ce ne serait pas plutôt " Psychologie du viRé"? -
Anabase
L'intervention de Berretta, après celles de la petite claque de la matinale de France Inter sur Canal+ , a des airs de lynchage, quand on dit que le pendu aime les branches solides. -
Laurence DUBOS
Merci de cette saine colère et... Pas merci de me faire connaître ce M. Berretta dont j'ignorais à peu près tout jusqu'ici et ça m'allait très bien! Tant pis. C'est encore un de ces types qui n'a jamais écouté la délicieuse chanson d'Alain Chamfort "les spécialistes ont raison"? Tant pis. Vive la poésie, vive la révolte et vive D. Porte. Et merci Daniel! -
emilie bouyer
Pour les footeux et les nartistes,je fais amende honorable,il y en a d'autres et je suis d'accord avec vous. Des salaires astronomiques du foot aux bénéfices considérables des Ch'tis en passant par tous les autres,vous avouerez que s'attaquer à Guillon pour ce qu'il gagne ça n'a pas beaucoup de sens. -
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benoit3
C'est la première fois que j'écris un commentaire sur @si. Mais là, s'en est trop ! Je ne tiens plus !
Bravo ! Bravo ! Bravo ! clap ! clap ! clap ! nuuut ! nuuut ! nuuut ! ( = son du vuvuyelas :-)
Vous me devenez de plus en plus indispensable ! Vous êtes ma coupe du monde de foot à moi ;-) Votre jeu est beau, élégant et franc ! Cela fait tellement plaisir à voir ! Ce sont des bouffées d'oxygène quotidiennes ! Continuez ! Continuez ! -
Annie Sétoualé
Rien à dire sur cette chronique. C'est sorti comme ça. Il fallait que ça sorte. Devant autant de bêtise, remettre les choses à leur place. Ça claque, ça fait du bien. Et on se demande ce qu'ils ont dans leur petite tête, là en face, à tirer dans tous les sens, à aligner énormités sur énormités, provoquer indignation sur indignation.
Prenons garde, en ces temps déjà pré-électoraux, à ne pas les enfiler les unes derrière les autres, ces indignations, face aux sottises distillées dans lémédia. Ne pas vivre sur leur temps, sur leur cadence infernale, et plutôt choisir la notre. Car ça risque de s'accélérer, de devenir vite invivable ...
Ne pas les laisser tout enfumer, choisir le terrain de bataille, quand la véritable guerre est ailleurs, une guerre idéologique, menée tambour battant par l'équipe actuellement au pouvoir ...
Je compte sur arrêt sur images pour rester vigilant et continuer son travail de fond dans les domaines qui le demandent, sans céder à la tentation de l'indignation permanente face aux bouffonneries en tout genre qui ne vont pas manquer à être distillées dans le PAF. Car c'est ce qu'ils sont devenus en fin de compte, ces "journalistes", "chroniqueurs", "patrons" qui si courageusement caressent le pouvoir dans le sens du poil : des bouffons. Ils ne méritent pas qu'on les laisse en paix, mais non plus qu'on s'épuise sur leur cas. -
J-net
Vous avez mangé du lion, ma parole Daniel ! Berretta, qui était déjà un fan, j'en suis sûre, va vous a-do-rer définitivement.
Ces chroniques enlevées, c'est le bouquet de fin d'année ? Toutes les indignations tues dans les mois écoulés qui ressurgissent ? -
le mot n'est pas la chose
ça, c'est envoyé ! bravo Daniel. -
Winston Smith : misanthrope
j'aime beaucoup la sincérité de cette chronique. -
alain-b
L'an dernier le très bien renseigné Berretta nous informait que Guillon touchait 18 000 euros par émission à Canal, se serait-il fait supprimer sa prime d'exclusivité ? -
Helico
Petite question indiscrète Daniel: Ce syndrome du vidé l'avez vous vécue?
A Libé? Sur la 5? Ailleurs
Votre (excellent) article sent le vécu. Alors forcément on s'interroge! -
Anne Hdk
Bonjour, et bien non je ne suis pas tout à fait d'accord avec le présupposé, qui dit que deux licenciements dans une carrière c'est rare et c'est beaucoup.
J'ai vécu un traumatisme approchant il n'y a pas si longtemps. (n'a pas été embauché suite à un stage) Une de mes amies s'est faite licencier déjà deux fois. Et les mots certainement trop inconvenants que nous avons dit, pour cela, étaient de l'ordre du : "j'ai du cœur, je pense que les ouvriers doivent être respectés, et que leur motivation et leur implication au travail est nécessaire à la bonne qualité des produits et donc aux rentrées financières". Malheur, consternation, à certains endroits une telle phrase serait extrêmement bien vue, à d'autre elle est extrêmement mal vue.
Les humoristes, chroniqueurs, et autres journalistes ne sont pas plus empêtrés dans le jeu de l'hypocrisie et du faut-semblant que nombre de salariés. Ils n'ont d'ailleurs pas plus, ni moins, besoin de savoir si l'argent arrivera dans leur compte à la fin du mois. Et, fatalement, il est aussi intéressant de savoir comment se compose leur rémunération que savoir quelle est la rémunération des footballers et des ministres. On peut le dire, 9000€ pour des blagues réchauffées de ses chroniques de France Inter, c'est remarquablement haut... Et cela doit permettre, malgré les dépenses pour sa couverture santé et retraite, et malgré la précarité qu'il a dû connaître en début de carrière, de mettre un peu de côté au cas où, il perdrait brusquement une source de revenus.
Ce qui n'empêche pas, que je m'allie contre l'analyse un peu simpliste du martyr volontaire qu'en fait Beretta. Il semble que les journalistes se croient bien au dessus des humoristes en terme d'utilité publique. Et pourtant, le public lui écoute les humoristes, qui se sont fait une spécialité de prendre le contrepied de l'information, quand nombre de journalistes nous étalent les informations AFP sur nos tartines au petit déjeuner. -
asinus erectus
Je me souviens d'un footballer qui s'appelait Beretta.
Il fait dans le journalisme maintenant ?