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Thomas
Merci pour cette série !Je voudrais modestement recommander la lecture du superbe livre Un monde en nègre et blanc d'Aurélia Michel, paru en poche récemment (et coïncidence : il a la même illustration de couverture que la dernière édition de la démence coloniale de Y. Benot que vous citez).
C'est une magistrale relecture de l'esclavage comme réacteur du racisme contemporain, avec de longs développements sur les Antilles au dix-huitième et dix-neuvième siècle. Parler de lien esclavage-racisme semble banal, mais l'auteure le fait de manière très originale je trouve, et surtout explique comment les deux ont construit notre ordre social pour longtemps. En outre, il contient une conclusion puissante et inattendue, bien qu'elle monte en puissance dans l'ouvrage, sur l'articulation entre ces questions et celles de la filiation, et donc de la famille, qui invite à rebattre beaucoup de cartes et trace un chemin. C'est une illustration d'une intersectionnalité subtile, et fructueuse.
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candide
Ca doit être les mêmes qui oublient l' esclavage, ou le justifie, qui trouvent les decoloniaux anti republicains ....
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pCD
Juste pour la rédaction : deux coquilles à corriger. Au tout début "Mais ce rappel sera loin d'épuiser pas le sujet ...", puis "Sans reproduire reproduisent cette lettre dans leur propre livre,...".
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jammrek
Il y a un fait essentiel que les "ouin-ouin il faut regarder le contexte" oublient étrangement : c'est le point de vue des esclaves eux même. Esclaves qui n'ont cessé tout au long de la période de se révolter à chaque occasion malgré les atrocités sans nom que leur faisaient subir les colons. Esclaves qui ont écrit ou dicté d'innombrables plaidoyers en faveur de leur humanité.
La vérité est que pour nos bons auteurs, aujourd'hui comme hier, le seul point de vue qui soit pertinent est celui des blancs.
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Bor
Bien sûr que le racisme existait, et il existe depuis des temps indéterminés. Il était juste moins bien codifié sur le plan pseudo scientifique qu'à partir du milieu du XIXe siècle.
Même entre blanc, les nobles (d'origine mythifiée troyenne) n'étaient pas considérés comme de même race (ou de même sang) que les roturiers d'origine gallo-romaine
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gracques
Et puis il y a une chose qui m'énerve chez les historiens , c'est leur critique de l'anachronisme , désolé mais on juge maintenant , avec NOTRE sensibilités des faits du passé et si la question de l'esclavage était mineure en 1800 , c'est une abomination en 2000 , tout comme la,question sociale devenue centrale à partir du XIX siècle.
Après , les historiens pro, et académiques ont un rôle important , c'est d'établir les faits , les contextualiser et proposer des interprétations rendant compte de la,complexité des choses..... la'réception de leurs écrits par le public , c'est de la politique et ça regarde chaque citoyen.
PD j'adore l'histoire , frequentez'le blog Histony, passe sauvage et autres manon bril et nota béné , les deux derniers sont plus 'fun' mais un peu trop mercantiles à mon gout)
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Paleologos
Cher DS, vous vous emmêlez un peu dans les colonies. en 1802, de mémoire : St Domingue est française, de fait autonome et abolitioniste. La Guadeloupe et la Guyane sont aussi encore aux mains de la République (comme Tobago ce me semble) et abolitionistes.
La Réunion et l'île de France (Maurice) ainsi que leurs dépendances (Seychelles, Rodrigues) sont restées françaises mais tenues de manière autonome par les colons et l'esclavage y perdure.
Pour le même prix je vous offre du Talleyrand, tout chaud sorti des archives. C'est du 20 octobre 1802, dans les instruction à l'ambassadeur qui doit rétablir le poste en Angleterre:
« observez [à l'adresse des Britanniques] que la France et l’Angleterre doivent faire cause commune pour empêcher l’établissement d’une république ou plutôt d’une anarchie noire dans les Indes occidentales […] »
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Zap Pow
C'est quand même étrange, qu'à l'heure où on ne cesse de nous bassiner avec "les valeurs républicaines", on soit si enclin à commémorer un sanglant boucher de l'Europe (et plus), fossoyeur d'une république.
C'est un "en même temps" très macronien.
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Bartabac
C'était un pragmatique Napo , avoir des ouvriers a l'oeil tout bon libéral ne crache pas dessus .Jusqu'a ce qu'on se rende compte , qu'un esclave ça coute des ronds a l'achat et a l'entretien , et que l'on peut très bien laisser les esclaves s'entretenir eux mêmes sans les acheter, en leur filant de quoi s'acheter un bout de pain pour pas crever (j'ai lu ça quelque part).Y'a un très bon livre sur la condition des ouvriers du coton dans le sud des States en 36,James Agee "louons maintenant les grands hommes "
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fpaule
Commémoration de Napoléon :
On oublie trop de rappeler le racisme anti-blanc des antillais et autres guyanais, qui refusent obstinément de donner le nom de Napoléon à une place, un boulevard, une avenue, une rue, une ruelle, une venelle. Ces gens, curieusement, on une nette préférence pour Victor SCHELCHER.
Ce pauvre Napo, non seulement les noirs antillais et guyanais ne le portent pas particulièrement dans leur cœur, en règle générale, mais on me dit que certaines féministes radicalisées lui ont conservé une certaine rancœur pour cause de code Napoléon qui fit d'elles des mineurs à vie.
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kucing
"le bilan magnifique du Consulat (1800-1804), période de paix générale et de réconciliation nationale"
Euh, mise à l'écart des parlementaires d'opposition, interdiction des journaux d'opposition (royaliste, jacobine ou libérale, peu importe, c'est l'opposition), arrestation et détention de Toussaint Louverture, résurrection - si j'ose dire - de la partie la plus réactionnaire du clergé, liberté d'expression et de circulation limitées, surveillance de la population par cette ordure de Fouché maintenu au poste de ministre de la police, pouvoirs concentrés entre les mains de l'exécutif (c'est à dire de Bonaparte), paix imposée à l'Autriche par des victoires militaires. Beau bilan, en effet.
Cela dit, au fur et à mesure que je détaille mes critiques du Consulat, je ne peux m'empêcher de penser " ce siècle avait 20 ans, et déjà Emmanuel perçait sous Macron"...