Afrique : quand la France glorifiait ses héros coloniaux

Alors qu'un climat d'hostilité contre la France se développe au Mali, au Burkina Faso et en Centrafrique, Emmanuel Macron entreprend mercredi 1er mars une visite sur le continent africain. Avant son départ, il s'est notamment félicité d'avoir "regardé le passé en face" au Rwanda, en Algérie, et au Cameroun. Mais "regarder le passé en face", c'est aussi rappeler ce que fut la propagande coloniale française tout au long de la IIIe République, avec son storytelling, et ses occultations. Premier article d'une série de deux.

ROUEN - Des centaines de milliers d'images, près d'un million d'objets dorment ici, dans les réserves du trop méconnu Musée national de l'éducation (Munaé) créé par Jules Ferry en 1879. Et au cœur de ces collections de pupitres, projecteurs, mappemondes, affiches ou tabliers, toute la panoplie d'une propagande coloniale dont l'ampleur est, aujourd'hui, difficile à imaginer. Écrasée par la Prusse en 1870, la France, en attendant la revanche ("y penser toujours, n'en parler jamais"), doit se réinventer un rêve de gloire. Ce seront donc de lointaines batailles, dans les contrées mystérieuses de l'Asie, et de l'Afrique, que va célébrer l'école, à l'initiative personnelle de Ferry, ardent défenseur du colonialisme, comme le rappelle Sophie ...