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Patrice Guyot
Là vous êtes dans mon jardin Alain !
Tant pis pour vous... Cela vous vaudra cette nouvelle de guerre !
La maison que je n'ai jamais connue
C’est une carte postale d’avant la guerre. Une carte bavarde et silencieuse. Le petit garçon glorieux et emprunté que l’on aperçoit dans le coin gauche, presque à l’extérieur de l’image, c’est mon père. Cette image on dirait un souvenir estompé. Quel âge pouvons-nous avoir sur cette photo ? Huit ans, dix ans. Nous sommes en mille neuf cent trente-cinq, à peu près. L’endroit c’est St-Laurent-sur-mer, une petite plage pour vacances familiales, dans le Calvados. À droite, à peine montrée, juste suggérée, la Manche. En face, à cent miles nautiques, l’Angleterre. À gauche c’est la maison d’Albert, le grand-père, qui figure sur la photo à côté de sa belle automobile, et qui a fait fortune dans le crin et les matelas, qui fabrique dans son usine l’espace de la naissance, de l’amour et de la mort. Peut-on imaginer plus belle occupation ? N’est-ce pas un métier qui l’égale à Dieu ?
Voilà, le décor est planté. Le minot et son grand-père maternel, celui qui a réussi. Parti de rien, devenu riche à force de travail et d’astuce. De courage. Les marches une à une. Sans parvenir à combler les manques de l’éducation. Il a beau être riche, l’Albert, il va toujours au coiffeur et, pour lui, les sandales que porte son petit-fils, ce sont “les sandales à Michel”. Impossible de figurer dans une réception vraiment élégante. D’ailleurs il n’aurait pas le temps, ni l’envie.
Cependant il porte beau, l’ancêtre. Costume bien coupé, col cassé, chapeau de feutre du bon faiseur. On peut imaginer l’oignon d’argent attaché à une grosse chaîne qu’il a certainement glissé dans la poche de son gilet.
Cette maison, ces Bergeronnettes qu’il va quitter, semble-t-il, c’est le symbole de sa réussite. Sa matérialisation. Une maison de maîtres à la mode deauvillaise avec ses colombages mi-dix-neuvième, achetée en douce, vers mille neuf cent vingt-deux, sans rien dire à sa femme ni à ses filles. Le plaisir est dans la surprise, dans les visages incrédules quand il fait entrer la belle auto dans le parc, en châtelain. On était venus à l’hôtel, l’année d’avant, bien plus modestement. Et soudain on ouvre la grande porte de la bourgeoisie. Une maison de douze chambres – toute la famille et les amis aux bains de mer ! Trois hectares, une roseraie, un puits, quelques anges de pierre joufflus du plus bel effet, une rivière bordée de peupliers, un tennis et, au fond, au pied de la falaise, une maison pour le jardinier et sa femme. Un luxe inouï pour d’anciens pauvres. Quelque chose comme le gros lot à la loterie. Mais l’argent, on l’a gagné, sou par sou et Anaïs, la femme d’Albert, se demande s’il n’aurait pas du le garder en prévision d’une année difficile, ou pour acheter de nouvelles machines.
Ces inquiétudes sont loin, au moment de la photo. Les usines tournent à plein régime et de nouvelles machines pour couper et piquer les tissus et les garnissages, pour carder le crin, toujours plus efficaces, entrent régulièrement dans les ateliers.
Albert va retourner à Paris pour ses affaires, il pose un bref instant devant l’objectif du photographe appointé par le fabricant de cartes postales. Dans la lumière du matin. La chambre de bois posée sur son trépied n’est pas si discrète et l’homme caché sous le drap noir qui lui ouvre les portes d’un univers renversé n’est pas si banal au bord de la mer ! Albert l’a forcément remarqué. Ont-ils échangé quelques mots ? Que se sont-ils dit ? Mon souvenir est bien vague…
Sur la route de bordure, la luxueuse Voisin semble attendre l’ordre imminent de filer dans le paysage, entre les haies du bocage normand qu’elle ouvrira devant elle comme un brise-glace. Quelle allure le grand-père ! Ernest, le chauffeur, se tient prêt à prendre le volant, à lancer le puissant moteur. La main sur la poignée de la porte, figé par la pose, et son reflet est déjà à son poste ! Et nous, une main de propriétaires négligemment posée sur l’aile droite, nous déchiffrons le chemin à parcourir. On ne voit pas notre élégant bermuda de flanelle claire. Nous accompagnons simplement notre aïeul sur le départ, en méditant sur les détails d’exécution de notre prochaine bêtise. Nous restons en vacances, lui et moi. Lui le père-enfant et moi le futur-fils qui courra un jour, à son tour, sur ce sable fin, orangé, velouté.
On devrait, je vous assure, nous plaindre plus que nous blâmer d’être aussi bien habillés. Pas très commode, quand même ! Mais la volonté de standing familial règle tout et, tel l’excellent Bicot, chef du club des Rantanplan, dont les aventures ont été dessinées par l’Américain Martin Branner, nous devons composer avec des tenues un peu ridicules, abominablement fragiles, qui nous valent des remontrances acrimonieuses lorsque nous rentrons en lambeaux après avoir traversé bravement un roncier ou affronté une bande adverse. Les enfants de riches ont des soucis que les petits pauvres n’imaginent même pas !
Prestigieuse autant qu’une Rolls Royce, la Voisin possède une vitre de séparation entre le chauffeur et ses passagers. Albert, autoritaire et impatient, a l’habitude de la baisser en manœuvrant la manivelle pour donner son instruction essentielle : « Ernest, cornez ! ». Sans doute se venge-il ainsi de ne savoir pas conduire en jouant, malgré tout, un rôle dans le fonctionnement de sa très belle voiture !
Sublime automobile, ses merveilleux phares chromés, épaves précieuses, reliques d’une guerre oubliée, récupérés on ne sait comment (après quelle improbable catastrophe, quel dépeçage ?), ont encombré l’entrée de mon enfance pendant des années et leurs luisances impénétrables, leurs fils électriques inutiles portaient quelque chose du prestige de l’ancêtre disparu, le parfum éventé, brumeux, d’un luxe lointain et délicieux.
C’est une plage comme les autres. Une simple langue de sable doré qui s’étend sur des kilomètres devant des maisons de vacances un peu prétentieuses.
En arrière plan, les Bergeronnettes, comme une toile de fond. Une femme, au premier étage, observe le photographe qui presse la poire. Est-ce notre mère bien que cette chambre ne soit pas la sienne ? En ce temps-là nous avions pris goût à la pêche, nous traquions les équilles avec la charrue, les crevettes grises et les bouquets à l’aide des filets appropriés, les crabes dormeurs, qu’on nomme aussi tourteaux, avec des crochets. Parfaite illustration de saint Michel terrassant le dragon, nous avions même lutté avec un congre, que la geste veut immense, et que nous fûmes obligés d’occire avec un canif pour échapper à une mort certaine. Charles, notre père, s’était fait la belle depuis longtemps avec une donzelle qu’il accompagnait charitablement au Canada. Son petit ménage n’avait pas résisté à ce charmant voyage touristique et nous étions restés seuls, en compagnie d’une maman outragée et acariâtre.
Chaque année, avec les vacances nous revenions vers la plage dorée et poissonneuse. Une fois, emportés par la descente vers la mer, nous nous jetâmes au guidon de notre bicyclette la tête la première dans une voiture en métal dur. Il en résulta une méningite et on nous crut perdus pendant quinze jours. Dans un registre moins sombre je me souviens du jour où, tapis dans les herbes aux abords des cordes à linge, nous prîmes pour cible le postérieur gigantesque d’une solide et moustachue domestique italienne dans lequel nous tirâmes la munition de notre carabine à plomb. La sensible personne nous dénonça sans hésiter et nous fûmes privés de dessert pendant un temps incroyable.
Nous nous demandons encore si elle n’eut pas été mieux inspirée, malgré la douleur, d’éprouver de la joie à l’idée qu’elle avait été confondue avec un lapin ?
Dans quelques années, lorsque les Allemands auront envahi la France, nous reviendrons là. Nous y rencontrerons la belle Colette Schnegans, notre premier amour. Une fois, alors que nous étions dans la maison, la voiture des parents de Colette approchant, nous sortîmes précipitamment. Que faisions-nous donc, ou que craignions-nous qu’on crut que nous fissions ? En allemand le mot Schnegans ne signifie-t-il pas : Oie de neige ?
Cette plage que nous devinons si calme, si sereine à la fin de l’été, où nous posons glorieusement avec notre aïeul à côté de la belle voiture, dans une paix idyllique, va basculer dans un autre monde en même temps que dans l’histoire. Pour cette circonstance les alliés l’ont rebaptisée Omaha Beach. Ils viennent du bout du monde. Ils viennent se faire tuer sur nos côtes qu’ils n’ont jamais vues. Dix mille d’entre eux seront couchés sous le gazon vert tendre du cimetière militaire de Colleville, à trois kilomètres de l’endroit de la photo. Immobiles pour l’éternité, figés dans un garde à vous rendu impeccable par l’ordonnancement parfait des croix de marbre blanc que vient réveiller, ponctuer ici et là une étoile juive.
Il ne reste de cette aventure que les photos floues de Robert Cappa, bousillées par les crétins du laboratoire qui ont plongé ses négatifs dans le mauvais bain, celui qui fait baver les pigments, qui ravage l’argentique !
Il reste aussi les images qui se sont inscrites à l’envers de nos yeux quand nous avons su que les soldats de la délivrance avaient choisi le jardin de notre enfance. Comment avaient-ils deviné que cet endroit est le plus important du monde, celui qu’il fallait libérer en premier ? La Voisin se glisse entre les blindés, transporte des caisses de munitions et des officiers en battle-dress, des blessés aussi. N’est-ce pas là que la belle auto perdit ses phares ? Lee Miller, l’ancienne maîtresse de Man Ray, modèle à la plastique idéale, à l’éblouissant grain de peau, débarquera bientôt avec ses Leicas. Papa Hemingway la suivra de peu, correspondant de guerre mythique, bien décidé déjà à libérer le bar du Ritz sans perdre de temps. Montparnasse est loin, les années folles aussi !
Il fait un temps de chien. Mer démontée, plafond bas. Il est six heures du matin. Six juin, six heures. 666, le chiffre de l’apocalypse !
Les soldats du lever du jour attendent le débarquement comme une délivrance. Ils savent pourtant que le comité d’accueil n’est pas du genre à leur passer des colliers de fleur autour du cou !
C’est un jour glauque. Les sous-officiers de garde découvrent la mer couverte de bateaux et comprennent soudain que leur dernière heure est venue.
Déjà les premiers boys barbotent dans l’eau froide et salée. Les mitrailleuses des blockhaus viennent d’ouvrir le feu. Les blessés appellent au secours sans parvenir à surmonter le fracas de la bataille, ils se noient dans cinquante centimètres d’eau. Personne n’a le temps de songer à eux. Dans l’effroi c’est chacun pour soi.
La marée est basse. La plage, hérissée de pieux Rommel acérés propres à éventrer les péniches, impose une longue traversée à découvert, sur le glacis balayé par le tir des armes automatiques. Face à face inégal. Pendant des heures interminables l’issue de la bataille reste incertaine. Les généraux songent à faire rembarquer les survivants dans les péniches. Pour un repli qui serait une déroute. Finalement ils s’accrochent. Robert Mitchum relance ses soldats à l’assaut en glapissant : « Dans un moment il n’y aura plus que deux sortes de gens sur cette plage : ceux qui ont déjà été tués et ceux qui vont l’être ! ». On progresse mètre après mètre, les nouvelles d’Utah, de Gold, de Juno, de Sword sont réconfortantes, John Wayne tient Sainte-Mère-Église. À la pointe du Hoc, six kilomètres à l’ouest d’Omaha, les Rangers sont parvenus à escalader les trente-cinq mètres de la falaise abrupte. Au lance grappin. Suspendus à des cordes mal fixées dans les fragiles barbelés allemands. Les redoutables canons qu’ils doivent détruire n’ont jamais été installés.
Maintenant nos sauveurs vont se lancer sur la route que la Voisin s’apprête à parcourir. Ils mettront beaucoup plus de temps que la belle limousine, avec leurs chars, leurs Jeeps et leurs half-tracks. Dans deux mois et dix jours Leclerc entrera à Paris. Tout le monde aura vieilli. Surtout Albert qui ne sait pas encore qu’il mourra dans quelques semaines et nous qui sommes devenus des hommes, transformant les Panzers en feux d’artifice avec un bel enthousiasme. Il me faut attendre quelques années avant de naître, nous n’avons pas encore épousé maman que nous venons tout juste de rencontrer !
Omaha Beach, septembre 1999
D'un autre côté, les retouches et montages avec Photoshop c'est très intéressant... On pourrait en reparler, mais pour ma part je les aime surtout dans le domaine humoristique !
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charlie.lapared
Le Honduras, où le président élu ZELAYA a à faire face à des putschistes malgré le soutien de sa population.
[quote=Le Grand Soir]
Des mercenaires et paramilitaires étrangers font route vers le pays (Radio Globo)
Lu sur Le Grand Soir
10/10 à 0h10 - Reçu via International Action Center. Traduction rapide par VD pour le Grand Soir.
La situation est grave à Tegucigalpa. Selon un message reçu de Pastors for Peace (Pasteurs pour la Paix) des snipers tirent sur l’ambassade du Brésil où le président Zelaya et des centaines de ses partisans se sont réfugiés. Aucune victime n’a été signalée.
Selon un dépêche d’AP, des paramilitaires Colombiens se dirigent vers le Honduras en ce moment. Beaucoup ont été formés en techniques de tortures et de répression dans l’école des Amériques aux Etats-Unis.
Des milliers de gens sont descendus dans les rues pour lutter contre le régime malgré la brutalité croissante des forces d’extrême droite, armées et formées par les Etats-Unis.
Voici un rapport d’une délégation de militants américains au Honduras, qui tiendront une conférence de presse aujourd’hui dans la capitale du Honduras au siège du front national de résistance contre le coup d’état.
Au cours des derniers 24 heures, la situation au Honduras est devenue très grave. Le régime illégal de Micheletti est manifestement acculé, et ceci représente un sérieux danger parce que l’extrême droite est prête à tout.
La nuit dernière, nous avons appris que deux échafauds ont été dressés devant l’ambassade du Brésil où le Président Zelaya est réfugié et deux snipers y ont pris position – un membre de la police hondurienne et un membre de l’armée hondurienne. De nombreux mouvements de troupes ont eu lieu autour de l’ambassade et des convois militaires sont positionnées aux points stratégiques autour des fenêtres et des portes de l’ambassade. On craint une tentative d’assassinat contre Zelaya qui pourrait se produire d’ici peu.
Des militants d’organisations de défense des droits de l’homme signalent aussi la présence de 120 paramilitaires – des experts en assassinats – en provenance d’autres pays d’amérique latine. Ces paramilitaires ont été formés à l’Ecole des Amériques en Géorgie (USA).
Aujourd’hui lors d’une réunion, le dirigeant de l’organisation de défense des droits de l’homme qui était avec nous a reçu un coup de fil lui annonçant que la police à l’université avait donné 10 minutes aux manifestants pour se disperser sous risque de graves conséquences. Des convois militaires encerlent les manifestants.
(...)
La délégation nous informe aussi que malgré l’annonce du gouvernement issu du coup d’état d’une levée des interdictions des droits civiques, le pays est encore sous la loi martiale. Le gouvernement du coup d’état raconte au monde entier qu’il a levé la loi martiale mais la police et l’armée n’ont pas été informées. Il y a toujours une présence armée massive et les manifestants et dissidents sont toujours brutalement attaqués et arrêtés
A-t-on vu une seule photo ? A-t-on entendu un seul témoignage ? A-t-on vu une interview du président Zelaya à la télé ?
Désolée de "panner" un forum sur l'"art" avec ce traitement injustifié et injuste de l'information lorsqu'elle conerne un petit pays d'Amérique Centrale (so close from USA) ! -
Compunet
très belle chronique qui permet de parler des journalistes, at last...
après avoir cru un instant en leur disparition remplacés par les journaleux, c'est bien de parler un peu de ceux que l'on appelait jadis "les correspondants de guerre", ceux qui trainent leurs guêtres dans la vraie boue, ceux dont les ancêtres paraissaient dans nos hebdos du temps où le choc des photos avait encore un sens, indissociable du poids des mots !
à propos de la Tchétchénie, je viens de découvrir qu'il existe un texte de Tolstoï : Hadji Mourat, qui décrit la guerre en Tchétchénie au........ XIXème siècle !
tout ça pour dire qu'il y a des pays qui semblent ne jamais pouvoir sortir de leurs souffrances !
l'Afghanistan aujourd'hui et bien d'autres !..
(juste un lien sur les défenseurs des DDH en danger en russie aujourd'hui !)
en ce qui concerne la photographie, c'était l'expo Controverses qui m'avait fait prendre conscience que l'on pouvait trafiquer les images dès le début de cette invention !!
alors que dans ma grande naïveté je pensais que cela n'était possible que depuis le numérique pfff
ce qui importe finalement est de le signifier, de ne pas laisser le spectateur dans l'ignorance d'une supercherie...
mais il faut bien reconnaître que la tentation de la supercherie est grande, surtout de la part d'hommes politiques toujours avides d'arranger les évènements en leur faveur !!
espérons seulement qu'ils n'en arriveront plus à arranger la vérité au point de [s]dé[/s] gommer un protagoniste devenu trop gênant tel un Staline avec Lejov : http://www.orpheon-theatre.org/bibliotheque/image/tartuffe_11mars09.jpg
... grande pourtant doit être la tentation pour certains hum hum.......
et si les photos arrangées de Chauvel étaient la solution pour que les média français s'intéressent aux conflits de par le monde ???
en effet, dans une des dernières revue de presse, Gilles Klein pointait le fait que les média ne s'étaient pas intéressés au tsunami en indonésie, ma réflexion était alors que cela était sans doute dû au fait qu'aucune plage paradisiaque fréquentée par des touristes français n'avait été abimée !!
.... et si un photographe de génie avait photo-collé le tsunami sur la ravissante plage de Pampelonne ben peut-être qu'on aurait parlé du tsunami et de ses nombreux morts non ???
et les attentats de Kaboul en plein coeur de Paname ??? et le putch au Honduras en plein coeur de la Sorbonne ??? ça en jetterait et ça rendrait l'actu tout à coup plus intéressante pour nos média.....
bien sûr personne ne leur dirait que c'est une imposture et comme ils ne savent plus ce qu'est l'investigation ils ne s'en rendraient évidemment pas compte ??....
à suivre...... -
aux abonnés absents
Chouette chronique, Alain, surtout comparée à toute la boue qui s'est déversée dans les forums récemment.
De l'air frais enfin ! :) -
Tom-
Le festival des théâtres de marionnettes de Charleville-Mézières s'est achevé il y a 15 jours. C'était bien. La ville avait placardé dans chaque quartier un montage créé à partir de photos de lieux emblématiques.
http://a6.idata.over-blog.com/0/55/98/62/2009-septembre/P1060700_72.jpg
http://www.lefigaro.fr/medias/2009/09/18/0917cbf4-a47c-11de-84af-83febcebb1a3.jpg
On se promenait en ville et on reconnaissait ces lieux familiers, avec cette marionnette collée dessus. Ca donnait un sentiment d'irréel et de magie. Je ne crois pas que cette technique du collage soit une bonne façon de faire en sorte que es gens soient concernés par un évènement lointain. -
Yanne
Beau et passionnant, c'est le contraire qui serait étonnant.
Mais plus que des images sur la guerre en Tchétchénie, peut-être aurions nous besoin d'informations réelles, car j'avoue que j'ai beau m'intéresser beaucoup à cette région, je ne parviens pas à en comprendre tous les enjeux....
Mais il est exact qu'être né dans un univers totalement protégé de la guerre aide bien à se voiler la face. L'imaginer au square Willette ou tout près de la Tapisserie de la Reine Mathilde aide peut-être à prendre conscience de notre chance, mais ça ne donne guère de moyens d'analyser..... On en revient toujours au problème des images qui nous mentent.... -
Mathieu
Jolie chronique alain ! -
mollows
Très chouette chronique (je suis entrée dans ma belle famille voici une décennie en faisant une étiquette pour une mise en bouteille de Morgon, sur la base d'un détournement d'une image de John Heartfield de 1934 représentant un couple de cultivateurs avé faucille et marteau - la recherche de l'original aujourd'hui résiste à un glouglou image)
Un petite question : avez-vous des idées d'ouvrages de références sur le collage numérique ?
j'ai commencé à chopper quelques liens sur le sujet mais suis preneur d'infos okazou. -
LPR
Heureusement que la loi sur les retouches photos n'est pas encore passee -
Robert·
Les photomontages (de ce genre) mentent toujours un peu. Il y a des guerres près de chez nous et celles d'ailleurs n'y renvoient pas. Merci pour "Soluto" -
Francois T
"d'autres photomontages furent réalisés par Appert pour illustrer la sauvagerie des Communards."
On va sans doute me dire que j'apporte de l'importance à un détail, mais j'aurais écrit :
"d'autres photomontages furent réalisés par Appert pour illustrer la "sauvagerie" des Communards." (il s'agit tout au plus de crimes politiques, pas de sauvagerie) et si on appelle ça sauvagerie, comment qualifier ce que firent les Versaillais ? -
sgd (bientôt disponible )
parce que la juxtaposition des images ou la juxtaposition des mots ... quand il s'agit de la guerre sont quand même évocateurs...
En ces temps de saison de la turquie en France .... un pème de Nazim Hikmet
Espoir,
Ils marchent, marchent les réacteurs atomiques
Et passent au soleil levant les lunes artificielles
Les camions d’ordures à l’aurore
Font, le long des trottoirs, la récolte des morts
Cadavres d’affamés, cadavres de chômeurs
Ils marchent, marchent les réacteurs atomiques
Et passent au soleil levant les lunes artificielles.
A l’aurore la famille des paysans
Homme et femme âne et charrues de bois
L’âne et la femme attelés à la charrue
Labourent la terre, une miette de terre.
Ils marchent, marchent les réacteurs atomiques
Et passent au soleil levant les lunes artificielles
A l’aurore, il meurt un enfant
Un enfant japonais à Hiroshima
Douze ans et numéroté
Ni diphtérie, ni méningite
Il meurt en 1958
Il meurt un petit japonais à Hiroshima
Né peut être en 1945.
Ils marchent, marchent les réacteurs atomiques
Et passent au soleil levant les lunes artificielles
Et quand se lève le soleil sur les pétales de la rose
Les pilotes silencieux sur les pistes de l’aéroport
Chargent de bommes H les appareils à réaction
Et à l’aurore à l’aurore
Les étudiants, les ouvriers
Sont fauchés par les mitrailleuses
Et les acacias du boulevard
Et les fenêtres et les pots de fleurs sur les balcons
Ils marchent, marchent les réacteurs atomiques
Et passent au soleil levant les lunes artificielles
Et à l’aurore un homme d’etat
Retourne après la réception nocturne à son palais
Au lever du soleil gazouillent les oiseaux
A l’aurore, à l’aurore
Une jeune mère allaite son enfant
Ils marchent, marchent les réacteurs atomiques
Et passent au soleil levant les lunes artificielles
Et j’ai vécu ; à l’aurore ; une nuit
Toute une longue nuit d’insomnie
Et dans la chaleur
J’ai pensé à la mort, à la nostalgie ;
J’ai pensé à toi, à mon pays
Et à l’aurore un homme grassouillet
Sort de son lit et s’habille, distrait :
Qui faut-il aujourd’hui dénoncer et à qui ;
Comment gagner les bonnes grâces de mon chef ?
Ils marchent, marchent les réacteurs atomiques
Et passent au soleil levant les lunes artificielles
Et à l’aurore un chauffeur mort
Est pendu à un arbre, au bord de la route
On l’arrose d’essence on le brûle ;
Puis l’on va boire au café
L’autre chez le coiffeur va se faire raser
Un autre de bonne heure ouvre son magasin
Un autre encore embrasse une fille sur le front.
Ils marchent, marchent les réacteurs atomiques
Et passent au soleil levant les lunes artificielles
Et à l’aurore, à l’aurore
Et encore à l’aurore, une prisonnière
Liée à la table par des courroies
Couchée sur le dos,
Ses seins nus éclaboussés de sang
Est interrogée au fond d’une cave
Ses tortionnaires fument des cigarettes,
L’un est un garçon de vingt ans
Et l’autre un sexagénaire
Leurs cheveux trempés de sueur
Les manches retroussées
Et les sacs de sables et les électrodes
Ils marchent, marchent les réacteurs atomiques
Et passent au soleil levant les lunes artificielles
Et à l’aurore, où est l’espoir ?
L’espoir, l’espoir, l’espoir
L’espoir est en l’homme
Nazim HIKMET -
bysonne
Merci beaucoup Alain.
Très instructive cette chronique, un bel arrêt sur vieilles images.
Soluto, enfin des vrais gens qui nous ressemblent, ouf, nous sommes enfin sortis du nombril ..... de ..... qui au fait ?? -
* * * Stanley MILGRAM™ * * * Soumis à aucune autorité
Petite erreur sur le lien menant à SOLUTO.
Est-ce celui-ci ?