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Tom-
L'affiche de "La Dormeuse Duval" est une citation de l'Ophélie de Millais parceque le film est un dévloppement du thème de L'Ophélisation développé par Gaston Bachelard. Bachelard décrit le complexe d'Ophélie à partir de la lecture de Bruge-la-Morte, de Rodenbach. Les personnaes vont plaquer leur subjectivité sur la mort d'une citée jadis brillante.
Le film, la Dormeuse Duval, met en scène la ville de Nouzonville (j'habite à 10 km de Nouzon, je connais Manuel Sanchez, on se déteste cordialement). La ville est l'un des personnages de l'intrigue. Et effectivement, c'est une ville qui d'un certain point de vue, fut glorieuse (on y a par exemple produit les fusils des insurgents de la Révolution Amerlocaine) et qui est en train de mourire de sa désindustrialisation. Et donc le film développe les interactions entre des ouvriers, des intellectuels et la ville agonisante où ils vivent, travaillent, aiment, haïssent.
L'affiche du film n'est pas un repompage destiné à rassurer le spectateur avec une image familière. C'est un message gothique aux Ardennais pour leur dire "vous êtes déja mort, vous le savez... ou pas ".
Allez voire ce film. Rien que parceque des films qui parlent d'industrie, d'ouvriers et de ma vallée, y en a pas tant que ça. -
Paddy
"Les affiches de cinéma fonctionnent sur le même principe que les réclames de lessives : elles recyclent et recyclent éternellement de vieilles images pour des programmes le plus souvent vus et revus. Parce qu'il ne faut surtout pas effrayer le client avec de la nouveauté, non, il faut au contraire le rassurer, lui dire que tel film est exactement comme tel autre, seuls les noms des personnages changent."
C'est donc ça. Et pas du tout parce que les créateurs d'affiches sont des gros fainéants dénués d'idées originales. Au contraire : ce sont de fins psychologues, qui joignent l'utile (rassurer le gogo) à l'agréable (ne pas trop se fouler). A l'image donc des créateurs des films en question. Et des spectateurs qui font la queue pour aller voir toujours le même film.
On voit par là que "dans ce monde qui bouge" et "auquel il faut sans cesse s'adapter" sous peine "d'accumuler des retards irrattrapables", pour reprendre des formules qu'on nous serine à tout propos, l'humain a besoin (aussi) de doudous familiers.
Vaste sujet, quoi. -
DéLecteurdeVraiThé
Les bandes obliques font cinéma.
Les bandes empilées à l'horizontale Internet. On a envie de les faire disparaître en les balayant du doigt (swipe).
En tous les cas, merci à Me Korkos qui développe sur ce site un catalogue thématique qui nous aide à repérer les films en fonction des affiches.
Et si on se faisait un petit bandes obliques ce soir ? -
Faab
L'affiche de "De plus belle" n'est pas très originale avec quand même un point significatif par rapport aux autres à laquelle vous la comparez : les mains ne sont pas celles d'une femme autour d'un homme mais celles de la femme elle-même autour de son corps.
Extrait de cet interview de la réalisatrice d'une histoire qui conte "le cheminement d’une femme qui apprend à s’aimer et s’accepter telle qu’elle est" :
"« Ne vous inquiétez pas, ça va aller ! ». Je voulais dire ça aux aux femmes en général qui sont soumises à des diktats que l’on ne comprend pas : forcément il faut être belle, il faut être compétitive, il faut tout réussir… Je voulais leur dire de ne pas s’inquiéter car on en est toutes là : on ne sait pas faire.
(...)
au départ la romance entre Lucie et Clovis n’était pas le thème central du film, c’était plutôt le parcours de Lucie, l’enjeu amoureux permettait simplement de l’obliger à progresser. Il ne s’agissait pas d’une comédie romantique mais d’un parcours de femme par rapport à l’acceptation de ce qu’elle est, ni plus ni moins. J’avais déjà Florence Foresti, ce qui était déjà un gros challenge pour un premier film, je n’aurai jamais imaginé avoir Mathieu Kassovitz ou Nicole Garcia. Quand Mathieu a accepté le projet, j’ai donc revu la structure de mon scénario pour lui offrir un vrai rôle, plus conséquent."
Au moins on évite le truc classique des autres affiches, madame (invisible...) pendue au cou de monsieur. -
Coin-coin l'Araignée 2·0
[quote= www.ouest-france.fr]
[...]
Dans leur décision de relaxe, les magistrats ont estimé que la chronique litigieuse ne contenait «?aucun propos dévalorisant?», et que «?la liberté d’expression, qui se fonde sur le droit de critique?», devait prévaloir.
[...]
L’avocat du Point, Me Renaud Le Gunehec, n’a pas indiqué s’il allait interjeter appel. -
sgd (bientôt disponible )
Je suis arrivé aux bureaux du Chat noir et j’ai été si écrasé parle le luxe asiatique des salons, que, roulant mon chapeau entre mes doigts, je me suis tenu deux heures dans un couloir sillonné par mille employés affairés, vêtus des uniformes les plus polymorphes et polychromes.
On m’a poussé dans une salle d’attente. Les draperies, les divans, les parfums qui brûlaient dans les coins, redoublaient ma timidité.
Pourtant, vaincu par la fatigue et l’émotion, n’osant me laisser choir dans les moelleuses ottomanes qui encombrent les salons de la Rédaction, j’avisai un petit tabouret canné à trois pieds et je m’y assis, m’en jugeant à peine digne.
Immédiatement un vertige inconnu m’a saisi : M. Grévy m’est apparu sous les traits de Jupiter, coureur de nymphes ; Salis tenait la lyre en Apollon et, souriant d’un air mystérieux, m’a chanté :
Sur ce trépied, le moins habile
Acquiert le flair d’une sibylle.
En effet, les murs semblaient s’éloigner, les plafonds devenaient des dômes de verdure tropicale, les mouches attardées de l’hiver se multipliaient sous forme de colibris gazouilleurs.
L’almanach-bloc (dont on décolle une feuille par jour) s’illuminait d’un éclat électrique et la date s’y lisait, fatale : 1er mars 1986.
— Pourquoi ce 9 à la place du 8 ?
— C’est bien simple, susurra Rodolphe, nous sommes plus vieux de cent ans.
— Mais alors, nous allons mourir ?
— Ne fais pas le malin. Tu sais bien que depuis l’invention du célèbre Américain Tadblagson, nos cervelles ont été exécutées en platine par la galvanoplastie ; que, quand elles seront usées, on nous en reposera un autre exemplaire pareil, puisque les moules en sont conservés et catalogués à l’Hôtel de Ville.
— Et où sommes-nous ?
— Aux bureaux du Chat noir.
En effet, autour d’une immense table d’émeraude, sont assis les rédacteurs. Ils ne sont pas beaux, les rédacteurs ; ils ont des figures de déménageurs ; ils sont tous vêtus de toile grise, avec un numéro d’ordre au collet. Tous ont une sorte de chapeau en forme de citrouille qui s’applique sur leur front par une série de touches, comme dans l’appareil à prendre mesure chez les chapeliers.
Cinq heures sonnent.
Les dix rédacteurs du bout se collent un téléphone à l’oreille gauche et écrivent de leur main droite sur du papier en bandes continues, qu’une machine déroule devant eux. À mesure que la surface se couvre d’écriture, elle est entraînée, à travers une rainure, dans le sous-sol où est l’imprimerie.
Alphonse Allais, en obligeant cicérone, m’expliquait les choses :
— Ce sont les rédacteurs de l’actualité, les téléphones leur révèlent ce qui se passe partout, et ils l’écrivent avec le talent qu’ils puisent dans ces singuliers chapeaux.
« J’allais oublier de vous dire que ces chapeaux contiennent des cervelles métalliques des meilleurs modèles, avec pile et accessoires. Les pointes qui touchent le front servent à envoyer les courants électriques, qui produisent le talent dans la tête la plus obtuse.
« Cette invention, due au célèbre Tadblagson, a transformé l’ordre social en rendant le talent proportionnel à la fortune. C’est ainsi que le plus grand génie de notre époque est le banquier Philipfill, qui a pu se donner le luxe de collectionner les cervelles les plus chères. Entre autres, on raconte qu’il a payé un million et demi la cervelle de Sarah Bernhardt, garantie conforme.
« Il résulte de là qu’on en a fini avec les revendications socialistes du siècle dernier. Maintenant l’axiome est : Pas d’argent, pas de talent. Il y a de très rares exceptions de gens sans le sou qui naissent avec de l’esprit : mais nos tribunaux en font prompte justice en les expropriant de leur cerveau, dont tout modèle revient à l’État.
« Le Chat noir de 1986, qui veut à tout prix intéresser ses lecteurs, a fait les plus grands sacrifices pour enrichir sa collection cérébrale. Ainsi les dix rédacteurs de fond, dont deux écrivent en vers, ont une valeur de plus de cinq millions sur la tête. Celui-là, à gauche, a un cerveau Victor Hugo ; voyez-le du reste. Cinq heures dix... il a écrit déjà deux cents vers, vingt par minute. »
Je me penche avidement pour lire quelques vers ; le papier courait si vite que je n’ai pu lire que ceci :
La roue en grès rugueux entraîne l’eau de l’auge,
Et la lame d’acier chuinte, siffle et se tord
Il faut que l’acier cède au silex qui le mord,
Il faut que l’éclair brille en ce contact suprême
Comme l’éclair des yeux de l’amante à qui l’aime.
« Oh ! ceci sera probablement coupé à la correction. La cervelle du porteur influe, et quelquefois un peu trop, sur le travail. Celui-ci est émouleur et il a mis des choses de son métier.
« Nous prenons, comme vous voyez, nos rédacteurs dans les classes les plus modestes ; ils sont plus réguliers, moins chers, et mettent moins de leur propre fond dans le travail.
« Nous groupons parfois, pour avoir des effets inattendus, deux ou trois cerveaux différents. Voyez, par exemple, ce rédacteur qui ploie sous ses deux chapeaux superposés. Il porte outre son cerveau à lui (qui n’a que peu d’effet), celui de Th. de Banville, le poète, combiné avec celui d’un avocat connu de quelques érudits.
« Je vais, avec mes ciseaux, couper ce qu’il vient d’écrire ; — il ne s’en apercevra pas — et vous jugerez de l’effet. »
Voici ce qu’il y avait sur la bande coupée :
Je l’eus par un beau soir (toutes choses égales
D’ailleurs).
Or, ses parents étaient de vulgaires et pâles
Tailleurs.
J’avais le cœur, bien qu’elle eût horreur de l’étude
Féru...
Mais nul, alléguant, dit Cujas, sa turpitude,
N’est cru.
Qui lui fit ce regard, sous ces éclairs de poudre,
Profond ?
Poser la question, mon cœur, c ’est la résoudre
Au fond.
Je lui dis : — Tu n ’auras de moi pas une pierre,
Pas un
Diamant, ni louis, ni franc, ni bock de bière,
Corps brun !
Payer ? Jamais ! Si son corps amoureux qui vibre
Changeait ?...
J’aime mieux sagement garder ton équilibre,
Budget !
« Ce soir, ça n’a pas de sens ; mais quelquefois ça étonne le lecteur.
« Cinq heures et quart... Stop ! La copie est finie. Tous les rédacteurs posent plumes et téléphones. Tous remettent leurs chapeaux dans des cases numérotées et s’en vont, idiots comme avant de s’être coiffés, toucher chacun 3 fr. 50 à la caisse.
La rédaction n’est rien, comme frais, comparativement aux dépenses de personnel administratif et de matériel.
« Le matériel ? ça ne m’étonne pas qu’il soit cher. Figurez-vous des serres immenses, remplies de palmiers, d’orchidées, sillonnées d’oiseaux-mouches et de colibris ! — ces colibris sont même gênants.
« L’Américain Humbugson vient heureusement d’inventer une poudre colibricide.
« Et les murs qu’on voit si loin, là-bas, et ces rochers abrupts, sont en béton aggloméré lumineux pendant la nuit.
« Je ne vous parle pas du sous-sol pour l’imprimerie, où l’on n’imprime pas ; car ce sont des personnes d’une voix exquise qui dictent la copie à des phonographes dont les traces reproduites à des millions d’exemplaires vont porter le journal parlé aux abonnés.
« Personne ne sait plus lire ni écrire — c’est le progrès ! — à cause dudit phonographe. On ne trouve que quelques gens arriérés dans ce sens parmi la lie du peuple ; — ce sont ces gens qu’on emploie à la rédaction... »
Crac ! mon tabouret canné à trois pieds s’est cassé sous mes contorsions.
Et je retombe dans notre triste époque, dans les bureaux d’un journal en 1886.
Quelle piètre installation que la tienne, mon pauvre CHAT NOIR !
Charles Cros Le Journal de l'Avenir