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Fan de canard
Putain de billet, putain de forum.
P'tain.
C'est tout.
Merci Alain.
P'tain. -
poisson
gna, gné. -
Meteor
J'ai lu je ne sais plus où que sous l'ancien régime, hisser le drapeau rouge signifiait « pas de quartier », on rigole plus, tuez les tous… Il était aussi utilisé dans la marine et par les pirates qui contrairement à la légende du pavillon noir à tête de mort passaient au rouge pour faire encore plus peur et ainsi s'emparer des navires coursés sans combat ou presque. -
Sebastien Lemar
Cher Alain Korkos,
C'est avec une immense joie et une réelle fierté que j'ai pu constater que le bon Professeur Germain, enfin, vous donnait un satisfecit. Joie, parce que le brave Professeur, d'habitude, ne ménage pas son style vigoureux pour asséner leurs quatre vérités aux cancres sémiologiques (devrais-je dire sémiotiques?) que nous sommes. Fierté, parce que vous voilà désormais placé dans un cénacle où le bon goût le dispute à l'érudition, et la noblesse d'âme à la hauteur de vue (ah, Péguy!), et que cette nouvelle distinction (au sens quasi bourdieusien du terme) rejaillit un peu sur ma misérable personne, que vous aviez cru bon d'adoubez, provoquant ainsi l'ire bien justifiée du Grand Homme, véritable Parangon de Culture G.
Une question, cependant, me taraude: la Culture G. peut-elle, sous certaines conditions, provoquer la même jouissance que le Point du même nom? -
Lucas Taïeb
Clair, solide et exhaustif. Voté.
Seule erreur notée : "les anciens communistes Dieudonné et Alain Soral", c'est une formulation un peu rapide. Je ne pense pas que Dieudonné se soit un jour désigné comme cela, quant à prendre le passage de Soral au PCF comme révélateur, ça me paraît être un peu trop dupe de lui et c'est voir les choses à l'envers. Il a toujours eu une sensibilité d'extrême droite depuis sa jeunesse ("je m'amusais avec des croix gammées", a-t-il reconnu un jour) et son adhésion au PCF ne lui a servi qu'à essayer de diffuser son discours nationaliste au sein du parti, comme il essaiera plus tard de diffuser sa lecture pseudo-marxienne au Front National.
Bon, j'ai conscience de m'attarder sur un détail et j'ai un peu honte de faire de la petite histoire 'people' devant un spécialiste éclairé de la grande Histoire, mais vraiment, c'est la plus grande supercherie actuelle de penser que Soral "vient de la gauche", comme on dit. C'est sa stratégie de faire croire ça. Ne le laissons pas réussir ce coup foireux, pitié. Merci. -
Tzitzimitl
On sent, Alain, que vous connaissez mieux l'extrême-gauche que l'extrême-droite, et je ne peux que m'en réjouir... Mais ça vous pousse à faire de grosses simplifications qui confinent à l'erreur.
Il est faux de dire que l'extrême-droite, à l'instar de l'extrême-gauche, a pour couleurs le rouge et le noir.
Ce qui est vrai, c'est qu'une certaine frange de l'extrême-droite (les quelques groupuscules se référant ouvertement au nazisme) utilise AUSSI les couleurs rouge, noir ET BLANC en plus des couleurs traditionnelles de l'extrême-droite française, et ce en référence au drapeau à croix gammée :
Oeuvre Française
Mais si on remonte plus loin on verra que le rouge a toujours été et reste le symbole de la gauche, de la révolte sociale, et qu'à chaque fois que le rouge a été utilisé par l'extrême-droite, c'était pour récupérer volontairement une image "de gauche".
A l'origine, l'extrême-droite, ce sont les réactionnaires contre la révolution française, donc les royalistes. En France comme dans plusieurs autres pays européens, le bleu est la couleur royale. Lorsqu'une fleur de Lys est représentée sur le drapeau bleu de la royauté, elle est généralement de couleur or.
Armoiries des rois de France
C'est de là que viennent les vraies seules couleurs qui réunissent toute l'extrême-droite, en tous cas en France : Le bleu et le jaune. On retrouvera principalement ces couleurs dans les mouvements royalistes, catho traditionalistes, etc... mais les autres mouvements d'extrême-droite les utilisent aussi. C'est l'Action Française, (menée par Charles Maurras dans les années 20/30) qui en remettant au gout du jour le royalisme, en l'associant au nationalisme, au racisme et en glorifiant le fascisme a permis une synthèse des courants de l'extrême-droite (et même d'une bonne part de la droite), et a réimposé le bleu et jaune comme couleurs de ralliement à l'époque ou se développait la propagande de masse :
Action Française
Action Française étudiante
Civitas
Civitas 2
Jeunesses Nationalistes
Front National de JM-Le Pen
Front National de Marine Le Pen
Front National Jeunesse
Bloc identitaire
Bloc identitaire 2
Nouvelle Droite Française
MNR (Mégret)
Parti de la France (même le site est jaune et bleu)
Pour revenir à la période révolutionnaire, tandis que le bleu continuait à symboliser la droite dans son ensemble (qui étaient tous royalistes au début), le rouge symbolisait la gauche révolutionnaire. Puis, associant le bleu et rouge de la garde nationale parisienne au blanc représentant à l'époque la France (et non le roi, dont la couleur est le bleu), les révolutionnaires adoptèrent le drapeau tricolore, qui était donc associé à la gauche. Même s'il fut adopté comme symbole de la France alors que celle-ci était une monarchie constitutionnelle, le fait que la première République se l'approprie en 1792 en a fait un symbole non seulement révolutionnaire, mais républicain, donc doublement de gauche. A partir de ce moment là, la gauche revendiquait donc soit le bleu blanc rouge soit le rouge tout court, tandis que la droite revendiquait le bleu de la royauté ou le pavillon blanc (avec parfois les armoiries royales bleues et or au milieu) qu'utilisait la France avant la révolution.
C'est alors que naquit la récupération politique...
La droite revendiquant ouvertement à l'époque soit le pouvoir aux nobles (les réactionnaires, conservateurs, légitimistes), soit le pouvoir aux bourgeois (les libéraux, appelés plus tard orléanistes, ou centristes), il était inconcevable pour eux d'en appeler au soutien du peuple (à qui il ne suffisait plus d'agiter la religion pour qu'ils obéissent). C'est Napoléon et Napoléon III qui les feront changer d'avis en fondant un nouveau courant d'idées à droite : le Bonapartisme, fondé sur la propagande, le culte du chef, la guerre contre des ennemis désignés, et surtout la récupération politique des symboles de la gauche. Napoléon a mis fin à la République avec l'aide d'une partie des réactionnaires et des libéraux, il a rétablit la royauté, la noblesse, le concordat, l'esclavage, etc... Il avait plus de pouvoirs personnels que Louis XVI, et a pu faire tout cela avec le soutien du peuple révolutionnaire et d'une partie de la gauche, en établissant le suffrage universel masculin (tous les hommes votaient, mais pour des gens sans pouvoir ou des listes choisies par Napoléon), et surtout en adoptant pour son régime de droite réactionnaire et bourgeois les symboles de la gauche révolutionnaire : la marseillaise, la nation, le drapeau tricolore.
Bien sur le sens de tous ces symboles fut transformé pour devenir compatible avec la droite, la Nation n'étant plus le peuple contre les tyrans, mais la France (même tyrannique) contre les étrangers (même démocrates).
Une bonne partie de l'extrême-droite actuelle descend des bonapartistes (on peut les repérer à leur volonté de se dire "ni de droite ni de gauche" ou "de droite ET de gauche" ou "au dessus du clivage gauche-droite", etc..). D'autres redécouvrent ce principe de la récupération des symboles républicains sur le tard. Du coup, après le jaune et le bleu, les couleurs les plus souvent présentes dans la communication d'extrême-droite sont les couleurs bleu-blanc-rouge :
Oeuvre Française
Renouveau Français
Egalité et Réconciliation
Front National
La bannière tricolore ayant été récupérée au fur et à mesure par la droite, la gauche s'est rabattue sur son autre couleur : le rouge. C'est ainsi que le drapeau rouge fut le drapeau révolutionnaire et républicain contre Napoléon III, puis celui de la Commune de Paris, repris par les bolcheviques et du coup par l'ensemble des socialistes et communistes dans le Monde. Mais le bonapartisme lui aussi avait évolué et eu des enfants pas très glorieux. Ainsi le concept de la récupération des symboles révolutionnaires et de gauche pour faire une politique de droite est revenue en force avec le fascisme et le nazisme. Même si ça fait mal de l'admettre pour beaucoup de militants de gauche, il faut le rappeler sans cesse : le succès du fascisme dans les années 20/30/40 a été possible grâce au soutien d'une bonne partie du peuple, du prolétariat, et de la gauche. Mussolini a commencé sa carrière politique au parti socialiste italien, dans le courant révolutionnaire; Jacques Doriot, fondateur du seul parti ouvertement fasciste en France dans les années 30 (le Parti Populaire Français), est un ancien dirigeant du parti communiste. Quant au parti National-socialiste, il ne s'appelle pas socialiste pour rien.
Concrètement, le fascisme a été un moment historique ou l'extrême-droite, opposée depuis toujours au libéralisme puisque favorable à l'ancien régime, a cherché à s'allier avec une partie des révolutionnaires de gauche (ou les récupérer, ça dépend comment le voit) contre le libéralisme
pour établir un mélange de socialisme et de nationalisme. Le programme initial du parti fasciste était très progressiste : "une réforme électorale qui introduise le vote proportionnel, l'abaissement du droit de vote à 18 ans, l'horaire journalier du travail à 8 heures, les salaires minimums garantis, la gestion de l'État (ou mieux de la part de coopératives des travailleurs), des services publics, la progressivité de l'impôt, la nationalisation des usines d'armes, la suppression de la nomination des Sénateurs par le Roi et la convocation d'une assemblée qui permette aux citoyens de choisir si l'Italie doit être une monarchie ou une république...". Et c'est aussi pour symboliser la dimension socialiste du national-socialisme que le rouge a été mis dans le drapeau nazi, directement emprunté à la gauche révolutionnaire. Notons que tous les fascismes ont fini par abandonner la plupart de leurs revendications sociales pour obtenir le soutien des industriels de droite, Hitler allant jusqu'à faire supprimer l'aile gauche du parti nazi lors de la nuit des longs couteaux. Mais notons que le rouge du parti nazi, reproduit de nos jours par les mouvements d'extrême-droite qui se réfèrent au nazisme, est une récupération du rouge de la gauche, qui symbolise encore de nos jours les dimensions sociales et révolutionnaires revendiquées par certains de ces mouvements.
Or, après quelques décennies ou l'extrême-droite a repris un discours plus réactionnaire ou bonapartiste (en y incluant le libéralisme à la Reagan), la crise, et la volonté de récupérer la colère populaire, les pousse actuellement à redécouvrir le vrai enseignement du bonapartisme et surtout du fascisme : Si l'extrême-droite veut gagner, il lui faut le soutien du peuple et d'une partie de la gauche. C'est pour cela que Marine Le Pen développe son discours social et antilibéral et récupère des anciens chevènementistes. C'est pour ça que les anciens communistes Dieudonné et Alain Soral développent leurs mouvements de la "gauche du travail et droite des valeurs", que Soral revendiquait récemment comme un "socialisme national", en servant de première étape pour ramener la banlieue et les classes populaires vers Marine Le Pen. C'est pour ça aussi que la "Manif pour tous" a repris et détourné de nombreux messages du Front de Gauche. Et lorsque l'extrême-droite récupère les mots de la gauche, elle les écrit... en rouge (sur son bleu et jaune traditionnel) :
Civitas
Front National
Notons que le seul mouvement d'extrême-droite à ne pas respecter complètement ces codes est "génération identitaire", mouvement de jeunesse du bloc identitaire (qui lui est en plein dans les codes). Ils ont mélangé les ensembles de couleurs traditionnelles de l'extrême-droite, et décidé de faire une communication tout en jaune et noir :
Génération identitaire
Pour finir, observez l'évolution des couleurs dans le temps : Les mouvements d'extrême-droite plus "institutionnels" commencent toujours par s'identifier auprès de leurs militants traditionnels en utilisant le bleu et jaune. Très vite, d'abord par leur logo puis par la communication, ils commencent à s'élargir avec un discours bonapartiste (donc bleu-blanc-rouge), puis tentent de ratisser encore plus large avec toutes sortes de couleurs (et du rouge lorsqu'ils ont un discours social) :
MNR (Mégret)
Bloc identitaire
Front National -
poisson
la carte à jouer
Vous connaissez ce tour?
Pour faire croire à un gus que vous faites apparaitre la carte choisie?
- Dans les cartes y'a les rouges et les noires, lesquelles tu prends?
Gus: les rouges
- Dans les rouges, y'a les cœurs et les carreaux, lesquelles tu prends?
Gus: les carreaux.
- Tu me laisse les coeurs. Dans les cœurs, y'a les têtes et les chiffres, lesquelles tu prends?
Gus: les têtes.
- Tu me laisses les chiffres. Dans les chiffres, y'a le 7, le 8, le 9, le 10, choisis-en deux.
Gus: le 7 de cœur, le 9 de cœur
- Choisis-en une
Gus: le 9
- Tu me laisses le 7 de cœur. Clique sur le lien, c'est lui.
Parfois j'ai l'impression que nous sommes dans un jeu de cartes qui ressemble plutôt aux 1000 bornes mais au lieu de "crevaison", "panne d'essence", les cartes sont "extrême-droite", "scandale sexuel", "religion"... -
Pierre38330
Citation : "Bon papier Alain (comme d'hab')"
Ah que oui ! Ah que oui aussi sur le phagocytage des symboles ouvriers et révolutionnaires pas les nazis.
Toutechzégaleparayeur, comme on dit, écoutez et regardez Marine.
Là où je lâche un peu le fil, mais c’est presque hors sujet ici, c’est sur le lien vers « ouiqipédiâtre », si justement nommé par Alain Korkos.
Je ne suis pas convaincu que chaque fois que nous sommes perdus dans la compréhension de quelque chose, fut-ce d’un mot, le salut vienne de ouiqipédiâtre, le médecin de nos interrogations. Pensez aux clics et aux compteur à brozouf.
Il y a tant de dictionnaires et/ou d’encyclopédies. -
Jake Gortner
Bon papier Alain (comme d'hab'), mais je pense que vous oubliez peut-être un élément en ce qui concerne le nazisme : pour la couleur rouge, il n'est pas à exclure qu'elle fut également reprise volontairement au mouvement ouvrier à des fins de propagande et de provocation contre les vrais Rouges. De même que furent ainsi reprises les étiquettes "ouvrier" et "socialiste" (alors que les nazis furent toujours des antimarxistes virulents et que leur "socialisme" se réduisait à des promesses de prospérité économique).
Pour compléter mon propos, je vous conseille de lire ce passage de Ouikipédia sur le "Parti ouvrier allemand", l'ancêtre du NSDAP.
(J'ai également le vague souvenir qu'Hitler justifiait l'usage du rouge car c'était "la couleur du peuple"...) -
Strumfenberg ( Aloys von )
" La question critique surgit : cette ontologie du monde est-elle, somme toute, à la recherche du phénomène du monde, sinon pousse-t-elle au moins à la détermination d'un étant intérieur au monde assez loin pour qu'à son contact sa modalité d'appartenance au monde puisse se voir ?" -
Germain RITAL
Je note avec satisfaction qu'en la présente chronique vous vous êtes cantonné dans le chromatique et l'historique et vous êtes bien gardé de vous risquer dans la moindre analyse sémiologique: en termes, en particulier, de signifiant et de signifié. Vous en aviez été forumièrement félicité pourtant à l'occasion de la précédente chronique par un abonné que vous avez pour ce motif expressément distingué parmi tous vos autres commentateurs jusqu'alors: et en usant d'un terme que Boileau saluant Malherbe n'aurait pas désavoué: "Ah enfin quelqu'un qui comprend ce que je fais !"*. Ce retour pratique à une plus mesurée compréhension ici de vos prestations me semble démontrer que, fort heureusement, chez vous, l'instinct iconophilique et le sérieux documentaire l'emportent de loin sur la présomption "sémiologique".
*Faut-il rappeler son fameux "Enfin Malherbe vint..." ? - Sans doute, car le sens classique de la litote ne fut pas le plus apprécié dans les commentaires de cette précédente chronique: au point de rendre stupéfait par l'inqualifiable grossièreté qui y a sévi de manière répétée. Il y aurait pour vous intérêt - un intérêt d'honneur - à formellement la condamner. -
alain-b
Et je suis reconnaissant à AK de ne pas avoir mis le lien vers la première chanson ayant permis à une même artiste d'atteindre pour la deuxième fois la première place du top 50 ;) -
alain-b
On avait causé sur un de tes vieux forums, du logo du collectif anarcho-écolo-punk-culturel CRASS, qui reprend les symboles de ses ennemis ("la croix chrétienne, la croix gammée et le drapeau de l'Union, combinés avec un Ouroboros à deux têtes pour symboliser l'idée que le pouvoir finira par se détruire"). Ils utilisent aussi du rouge, comme beaucoup d'autres groupes punk d'ailleurs, l'occasion d'écouter quelques notes, avec la Marseillaise en vedette, en regardant quelques images avec Bloody Revolution. -
sgd (bientôt disponible )
Les révoltés du Moyen-Âge
L’ont arboré sur maints beffrois.
Emblème éclatant du courage,
Toujours il fit pâlir les rois.
Refrain
Le voilà !, Le voilà ! Regardez !
Il flotte et fièrement il bouge,
Ses longs plis au combat préparés,
Osez, osez le défier !
Notre superbe drapeau rouge !
Rouge du sang de l’ouvrier ! (bis)
Il apparut dans le désordre
Parmi les cadavres épars,
Contre nous, le parti de l'Ordre
Le brandissait au Champ de Mars
Puis planté sur les barricades,
Par le peuple de février
Il devint pour les camarades,
Le drapeau du peuple ouvrier.
Quand la deuxième République
Condamna ses fils à la faim,
Il fut de la lutte tragique,
Le drapeau rouge de juin !
Sous la Commune il flotte encore
À la tête des bataillons
Et chaque barricade arbore
Ses longs plis taillés en haillons !
Variante :
Sous la Commune il flotte encore
À la tête des bataillons
L’infâme drapeau tricolore
En fit de glorieux haillons !
Noble étendard du prolétaire,
Des opprimés sois l’éclaireur.
À tous les peuples de la terre
Porte la paix et le bonheur !
Les braves marins de Russie,
Contre le tsarisme en fureur,
Ont fait flotter jusqu’en Asie
Notre drapeau libérateur !
Un jour sa flamme triomphale
Luira sur un monde meilleur,
Déjà l’Internationale
Acclame sa rouge couleur !
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sgd (bientôt disponible )
Le fils de l’os parle
Je frappe comme un sourd à la porte des morts
Je frappe de la tête qui gicle rouge
On me sort en bagarre on m’emmène
Au commissariat
Rafraîchissement du passage à tabac
Les vaches
Ce n’est pas moi pourtant
Qui ai commencé
À la porte des morts que je voulais forcer
Si je suis défoncé saignant stupide et blême
Et rouge par traînées
C’est que je n’ai jamais voulu que l’on m’emmène
Loin des portes de la mort où je frappais
De la tête et des pieds et de l’âme et du vide
Qui m’appartiennent et qui sont moi
Mourez-moi ou je meurs tuez-moi ou je tue
Et songez bien qu’en cessant d’exister je vous suicide
Je frappe de la tête en sang contre le ciel en creux
Au point de me trouver debout mais à l’envers
Devant les portes de la mort
Devant les portes de la mer
Devant le rire des morts
Devant le rire des mers
Secoué dispersé par le grand rire amer
Épars au-delà de la porte des morts
Disparue
Mais je crie et mon cri me vaut tant de coups sourds
Qu’assommé crâne en feu tombé je beugle et mords
Et dans l’effondrement des sous-sols des racines
Tout au fond des entrailles de la terre et du ventre
Je me dresse à l’envers le sang solidifié
Et les nerfs tricoteurs crispés jusqu’à la transe
Piétinez piétinez ce corps qui se refuse
À vivre au contact des morts
Que vous êtes pourris vivants cerveaux d’ordures
Regardez-moi je monte au-dessous des tombeaux
Jusqu’au sommet central de l’intérieur de tout
Et je ris du grand rire en trou noir de la mort
Au tonnerre du rire de la rage des morts
Roger Gilbert-Lecomte
(18 mai 1907 - 31 décembre 1943)