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  • sgd (bientôt disponible ) 30 juin 2013 à 23:49
    Le temps des noyaux


    Soyez prévenus vieillards
    soyez prévenus chefs de famille
    le temps où vous donniez vos fils à la patrie
    comme on donne du pain aux pigeons
    ce temps-là ne reviendra plus
    prenez-en votre parti
    c’est fini
    le temps des cerises ne reviendra plus
    et le temps des noyaux non plus
    inutile de gémir
    allez plutôt dormir
    vous tombez de sommeil
    votre suaire est fraîchement repassé
    le marchand de sable va passer
    préparez vos mentonnières
    fermez vos paupières
    le marchand de gadoue va vous emporter
    c’est fini les trois mousquetaires
    voici le temps des égoutiers

    Lorsque avec un bon sourire dans le métropolitain
    poliment vous nous demandiez
    deux points ouvrez les guillemets
    descendez-vous à la prochaine
    jeune homme
    c’est de la guerre dont vous parliez
    mais vous ne nous ferez plus le coup du père Français
    non mon capitaine
    non monsieur un tel
    non papa
    non maman
    nous ne descendrons pas à la prochaine
    ou nous vous descendrons avant
    on vous foutra par la portière
    c’est plus pratique que le cimetière
    c’est plus gai
    plus vite fait
    c’est moins cher

    Quand vous tiriez à la courte paille
    c’était toujours le mousse qu’on bouffait
    mais le temps des joyeux naufrages est passé
    lorsque les amiraux tomberont à la mer
    ne comptez pas sur nous pour leur jeter la bouée
    à moins qu’elle ne soit en pierre
    ou en fer à repasser
    il faut en prendre votre parti
    le temps des vieux vieillards est fini

    Lorsque vous reveniez de la revue
    avec vos enfants sur vos épaules
    vous étiez saouls sans avoir rien bu
    et votre moelle épinière
    faisait la folle et la fière
    devant la caserne de la Pépinière
    vous travailliez de la crinière
    quand passaient les beaux cuirassiers
    et la musique militaire
    vous chatouillait de la tête aux pieds
    vous chatouillait
    et les enfants que vous portiez sur vos épaules
    vous les avez laissés glisser dans la boue tricolore
    dans la glaise des morts
    et vos épaules se sont voûtées
    il faut bien que jeunesse se passe
    vous l’avez laissée trépasser

    Hommes honorables et très estimés
    dans votre quartier
    vous vous rencontrez
    vous vous congratulez
    vous vous coagulez
    hélas hélas cher Monsieur Babylas
    j’avais trois fils et je les ai donnés
    à la patrie
    hélas hélas cher Monsieur de mes deux
    moi je n’en ai donné que deux
    on fait ce qu’on peut
    ce que c’est que de nous…
    avez-vous toujours mal aux genoux
    et la larme à l’œil
    la fausse morve de deuil
    le crêpe au chapeau
    les pieds bien au chaud
    les couronnes mortuaires
    et l’ail dans le gigot
    vous souvenez-vous de l’avant-guerre
    les cuillères à absinthe les omnibus à chevaux
    les épingles à cheveux
    les retraites aux flambeaux
    ah que c’était beau
    c’était le bon temps

    Bouclez-la vieillards
    cessez de remuer votre langue morte
    entre vos dents de faux ivoire
    le temps des omnibus à cheveux
    le temps des épingles à chevaux
    ce temps-là ne reviendra plus
    à droite par quatre
    rassemblez vos vieux os
    le panier à salade
    le corbillard des riches est avancé
    fils de saint Louis montez au ciel
    la séance est terminée
    tout ce joli monde se retrouvera là-haut
    près du bon dieu des flics
    dans la cour du grand dépôt

    En arrière grand-père
    en arrière père et mère
    en arrière grands-pères
    en arrière vieux militaires
    en arrière les vieux aumôniers
    en arrière les vieilles aumônières
    la séance est terminée
    maintenant pour les enfants
    le spectacle va commencer.

    1936 Jacques PRÉVERT Recueil : "Paroles"

  • Robert· 30 juin 2013 à 11:10
    Une chronique au format @si (sans durée limitée), mais tellement instructive.

  • poisson 29 juin 2013 à 21:04
    "Mickey mouse in Viet Nam"..., peut-être que c'est contre la guerre. Mais ça ressemble à "voyage au bout de l'enfer", (en plus synthétique). C'est-à-dire que ça peut tout aussi bien être anti-guerre que vaguement "anti-vietnamiens" (non je n'entrerai pas dans le détail de "vietnamien", et pour de la précision historique c'est ailleurs qu'ici), ou que pro-état-zunien, god bless mickey & America, la main sur le cœur. On sait pas.

  • Irfan 29 juin 2013 à 19:52
    Belle Kronique.
    Le Blitz Wolf est vraiment un chef-d'oeuvre dans son genre.

  • Fan de canard 29 juin 2013 à 15:20
    Merci Alain, une chronique qui œuvre pour la salubrité et la santé publique.
    Au moins.

  • tchd 29 juin 2013 à 15:15
    Passionnant.

    Blitz Wolf par Tex Avery, 1942: il y a un plan stupéfiant à 6'15", où l'on assiste à l'anéantissement total de Tokyo ( et même du Japon ? ) jusqu'à disparaître de la surface de la mer, cela par une seule bombe, trois ans avant les bombardements d'Hiroshima et Nagazaki, alors que le projet Manahattan démarrait à peine ! Cela fait réfléchir à la chronologie des événements et sur l'imaginaire occidental autour de la bombe ... qu'on pourrait mettre en regard avec celui des dessin animés japonais post-Hiroshima qui sont truffés de cataclysmes qui tombent du ciel.

    Der Fuehrer's Face par Jack Kinney, 1943 ( studios Disney ): Même si ce n'était de toute évidence dans l'intention des auteurs, ce film semble particulièrement ambivalent. En effet, la séquence principale n'est qu'une paraphrase d'un fameux film de Chaplin, non pas Le Dictateur mais Les Temps Modernes (1936) où l'on voit un ouvrier aliéné et entraîné jusqu'à l'absurde dans le monde du taylorisme industriel. Du coup, on assiste à une simple mise en miroir de l'Allemagne hitlérienne et des Etats-Unis ...L'ambiguïté devient totale à la fin du film lorsqu'à son réveil, Donald prend pour un salut nazi ce qui n'est que l'ombre portée de la statue de la Liberté! Tout un symbole, qui pourrait être interprété de diverses manières.

  • IT 29 juin 2013 à 14:25
    Finalement, le "Holy War" de Frank Miller n'est pas un batman-contre-ben-laden, je suis un peu déçu. Le héros est, paraît-il, une sorte de harrycallahanoïde inventé pour l'occasion.

    Mais à part ça, les méchants-du-téléjournal abondent toujours dans les comics yankees, qui restent toujours un intéressant reflet des préoccupations locales.

  • Ervé 29 juin 2013 à 14:18
    On va pas se laisser abattre comme Mickey.
    Allez, une 'tite chanson pour se remonter le moral.

  • Virginie.D 29 juin 2013 à 14:18
    Excellente chronique!!!

  • alain-b 29 juin 2013 à 12:53
    Merci pour cette kro autant musicale (avec deux de mes idoles) que cartoonesque.
    J'ai pensé à l'album des Dickies sorti en 83, qui imaginaient les Allemands bombardant Disneyland https://www.youtube.com/watch?v=rzSsc6SAFHA


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