-
Alain Korkos
Il pleuvait fort sur la grand-route,
Elle cheminait sans parapluie,
J'en avait un, volé, sans doute,
Le matin même à un ami ;
Courant alors à sa rescousse,
Je lui propose un peu d'abri.
En séchant l'eau de sa frimousse,
D'un air très doux elle m'a dit « oui ».
Un p’tit coin d’parapluie,
Contre un coin d’paradis.
Elle avait quelque chose d'un ange,
Un p’tit coin d paradis,
Contre un coin d’parapluie.
Je n’perdais pas au change, pardi !
Chemin faisant que ce fut tendre
D'ouïr à deux le chant joli
Que l'eau du ciel faisait entendre
Sur le toit de mon parapluie !
J'aurais voulu comme au déluge,
Voir sans arrêt tomber la pluie,
Pour la garder sous mon refuge,
Quarante jours, quarante nuits.
Un p’tit coin d’parapluie,
Contre un coin d’paradis.
Elle avait quelque chose d'un ange,
Un p’tit coin d’paradis,
Contre un coin d’parapluie.
Je n’perdais pas au change, pardi !
Mais bêtement, même en orage,
Les routes vont vers des pays ;
Bientôt le sien fit un barrage
A l'horizon de ma folie !
Il a fallu qu'elle me quitte,
Après m'avoir dit grand merci.
Et je l'ai vue, toute petite,
Partir gaiement vers mon oubli…
Un p’tit coin d’parapluie,
Contre un coin d’paradis.
Elle avait quelque chose d'un ange,
Un p’tit coin d’paradis,
Contre un coin d’parapluie.
Je n’perdais pas au change, pardi !
Le parapluie, Georges Brassens -
sgd (bientôt disponible )
Etre Ensemble
Ma femme est un buisson vivant de moire
la mer un grand drapeau tombé
le feu est le rêve de l'arbre
le vent un grand drapeau décoloré
mais la guerre n'est pas la paix.
Il ne suffit pas de parler à l'envers
d'être langouste à longue langue
pour que nous rêvions.
Il ne suffit pas de parler du beau temps
en ouvrant un parapluie
ni d'ouvrir un parapluie
pendant que nous préparons le printemps.
Il ne suffit pas de graisser au beurre les canons
de mettre aux armes des faveurs d'oliviers.
Un mensonge nous réveille
nous ne rêvons que vérité
le petit bout de votre oreille
fait du bruit à réveiller
les morts que nous avons dans la mémoire
et notre rêve ne dort pas
et notre mémoire ne dort pas
nous sommes debout dans nos leçons
et debout dans notre rêve.
Il faudrait nous couper la tête
pour que nous portions vos casques vos erreurs
il faudrait nous arracher le cœur.
Il ne suffit pas d'un masque
pour nous faire peur ou nous faire rire
nous rions à respirer.
Il ne suffit pas de faire du bruit avec des machines
de frapper sur la table où nous écrivons
pour que nous écrivions merci
Il ne suffit pas de lyncher des innocents
de déposer plainte contre la pensée
de traquer ce qui est rouge s'il n'est pas cardinalice.
Il ne suffit pas de nous fermer la porte
pour que nous disions quelle belle maison
ni de nous fermer les yeux.
Mais il suffit d'une flèche du soleil
pour renverser la nuit
il nous suffit d'être ensemble.
Christian Dotremont -
sgd (bientôt disponible )
Averse averse averse averse averse averse
pluie ô pluie ô pluie ô! ô pluie ô pluie ô pluie
gouttes d'eau gouttes d'eau gouttes d'eau gouttes d'eau
parapluie ô parapluie ô para verse ôl
paragouttes d'eau paragouttes d'eau de pluie
capuchons pèlerines et imperméables
que la pluie est humide et que l'eau mouille et mouille
mouille l'eau mouille l'eau mouille l'eau mouille l'eau
et que c'est agréable agréable agréable
d'avoir les pieds mouillés et les cheveux humides
tout humides d'averse et de pluie et de gouttes
d'eau de pluie et d'averse et sans un paragoutte
pour protéger les pieds et les cheveux mouillés
qui ne vont plus friser qui ne vont plus friser
à cause de l'averse à cause de la pluie
à cause de l'averse et des gouttes de pluie
des gouttes d'eau de pluie et des gouttes d'averse
cheveux désarçonnés cheveux sans parapluie
Il pleut Raymond Queneau -
Strumfenberg ( Aloys von )
si les chinetoques virent à gauche, le monde est sauvé.