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Sterling Archer
Juste en passant, sur les ateliers de peinture et miniatures à Istanbul au 16e s, les enjeux esthétiques et sacrés, l'opposition avec l'école italienne (et notamment ses visages aux traits trop précis), il y a "Mon nom est rouge" d'Orhan Pamuk, qui est pile dans le truc, même si ce n'est pas (du tout) le meilleur de son auteur. -
Agar
Bonjour Alain,
Je n'ai pas eu le temps de lire tous les commentaires, et peut-être que quelqu'un vous l'a déjà dit, mais je ne crois pas qu'on puisse affirmer, comme vous le faites, que le Coran "n'est guère illustrable de toute façon, vu l'absence de péripéties". Dans les quelques versets et les quelques souvenirs qui me restent en tête, il y a des récits parfaitement illustrables, par exemple la sourate de Youssef (Joseph) qui raconte comment ses frères l'ont jeté dans un puits puis fait croire à leur père, en lui montrant la chemise de Joseph maculée d'un sang qui n'était pas le sien, qu'il a été mangé par le loup, comment il a été délivré par une caravane qui passait, comment en Egypte il a refusé les avances de la femme de son bienfaiteur, et comment celle-ci, démasquée et pour se justifier, invite des dames, leur offre une collation et les voici qu'en le voyant apparaître elles tombent sous son charme et se coupent les mains. Je trouve par exemple cette image particulièrement saisissante. Voici la sourate, où les faits relatés sont entretissés avec des commentaires, mais où il a y a bien récit :
http://www.al-hamdoulillah.com/coran/lire/sourate-12.html
Il y a aussi la sourate de Meriem (Marie), dans laquelle il y a aussi des images vraiment saisissantes, notamment celle où elle accouche sous un palmier et où elle entend une voix lui dire de secouer le palmier, de se nourrir de ses dattes, et ensuite de ne parler à personne. Dès qu'on lui adresse la parole, elle leur montre l'enfant qui, à ce moment-là, à la stupéfaction de tous, parle et se présente lui-même, en quelque sorte.
Je vous parle de ce qui est resté dans mon souvenir (et que je viens de vérifier), mais il y a sûrement d'autres épisodes, comme celui dans lequel Caïn tue Abel puis voit un corbeau que Dieu lui envoie pour lui montrer comment ensevelir le corps de son frère, ou celui dans lequel on voit des oiseaux faire pleuvoir des pierres sur les "gens de l'Eléphant" (je ne saurais vous expliquer qui il sont, mais enfin l'image est frappante).
Bref, tout ça pour dire que du récit et des images, dans le Coran, il y en a. Ce sont même des images et des récits qui frappent l'imagination et restent dans le souvenir.
Sinon merci pour cet article, en effet très intéressant par ailleurs
Agar -
Bahram Houchmandzadeh
Je voudrais juste ajouter que l'art figurative est très représenté dans l'Iran actuel, et qu'on peut visiter de nombreux musées consacrés à cela Téhéran. -
Alain Korkos
ALBERT-YVES : « ma thèse vachement originale : Il n'y a pas de progrès en art ». Je confirme, c'est vachtement original ;-)
(Sérieusement, c'est un chouette sujet que la notion de progrès en arts plastiques. Qui bien sûr n'existe pas, on est bien d'accord.) -
AirOne
Plantu, le mec qui traite Chavez de dictateur et qui empoche 10.000 euros du Qatar ?
Il aime la transgression, le Plantu, jusqu'à un certain point. -
Alain Korkos
A TOUS
Il y avait, à l'origine et au bas de cette chronique, un Cadeau Bonus concernant Tiepolo qui était à ce moment dans l'actualité. Je l'ai supprimé pour cette réédition. Par conséquent, certaines allusions dans les commentaires de 2008 peuvent paraître incompréhensibles… -
Al Ceste
Moi qui ne suis pas un fan de Plantu, je trouve ce dessin remarquable (sans doute parce que je suis un fan d'Arcimboldo)
Par ailleurs, dès que je suis arrivé sur le hadith de Ib'n Machinchose, je me suis opportunément souvenu que l'interdit est le premier pied de toute grande religion qui se respecte.
Le deuxième pied étant l'obligatoire. -
Anthropia
Giambattista Tiepolo doit se retourner dans sa tombe.
Ce qui est bizarre, c'est qu'on ait transformé à ce point l'image,
pourquoi ne pas carrément en changer par un plan importé sur la table de montage,
Quant à Plantu, je pense que ce dessin est un de ses plus grands,
mais qu'il transgresse la règle tout en prétendant ne pas le faire,
à ce titre, un peu pervers, non ?
http://anthropia.blogg.org -
rimbus
Salut Alain
excellente recherche autour de ce magnifique dessin de Plantu !
J'avais trouvé ces pubs marrantes pour le magazine brésilien Veja, en 2005... un bel excercice de calligraphie :
http://rimbusblog.blogspot.com/2007/10/une-pub-qui-des-lettres.html -
Lucie
Merci Alain de nous donner accès à de si belles images. Je ne rentre pas dans la polémique de la représentation de Mahomet, je suis laïque issue de la culture judéo-chrétienne mariée à un laïc issu de la culture musulmane. Et je me contente d'espérer dans l'intelligence humaine ....et j'ai souvent des doutes ..! -
sylvie beuchat
Comme toujours c'est la classe!
Les images,l'histoire et la polémique tout y est. Il reste la complexité le mystère la cruauté et la beautée...de la vie!
Merci à toi Alain, à bientôt.
Bise,
Sylvie -
djinneo
bof bof la leçon korkos pour dire que les musulmans auraient pris les caricatures avec le sourire, s'ils avaient été de "bons musulmans". heureusement que le prof fête son succès et procède à la relecture du coran pour eux.
ça m'agace que ce soit les mêmes personnes qui passe leur temps à estimer les implicites, à lire entre les lignes, à dire qu'il ne faut pas prendre telle loi française au pied de la lettre; et qui, dès qu'il s'agit des religions du livre, brandissent avec leur fière culture, un texte, une phrase, une locution traduite, un "c'est écrit noir sur blanc". -
poisson
Les lettres lointainement (il faut inventer quelques adverbes, la langue française en manque..) nées des images des choses, payent leur dette aux images.
C'est bien de faire des dessins avec les écritures, comme ça si on ne sait pas lire on n'a pas tout perdu.
Parce que pour Plantu, j'ai réussi à lire en direct live sur le dessin, mais les autres des fois je vois à peine qu'il y a écrit un truc, ça pourrait être des arabesques, des jolies lignes noires, des fils fins ou gras qui se déroulent au hasard d'un l'équilibre magique.
Et tout ça sans logiciel! Pour nos caractères de clavier, notre alphabet, à part Apollinaire, c'est des logiciels qui font des images (les textes sont pas très compréhensibles souvent, je trouve : plein de a, plein de i, plein de barres d'espace, humm, pas très clair ce langage).
C'est comme les feuilles des arbres multicolores, tout ça sans photoshop, incroyable..
Pour l'histoire de "la berlue" (c'est marrant ce surnom pour un chef d'état), je pense que le nombril est une victime colatérale. On peut pas cacher la nudité des seins et laisser celle du nombril. Mais j'aimerai bien comprendre l'historique, pourquoi prendre le tableau d'une femme nue, pour ensuite la camoufler? Si on pense que le tableau va être reconnu et que son titre éloquent est l'élément clef, on ne retouche pas le tableau car alors plus de reconnaissance, plus de titre éloquent. Et sinon pourquoi ne pas choisir directement un tableau plus pudique? Est-ce que cela est la preuve que Berlusconi est le jouet de ses conseillers, je me demande? -
Alain Korkos
DAVY BORDE : Je crois que vous prenez le sujet par le mauvais bout de la lorgnette, celui qui vous le fait voir à la lumière de vos convictions personnelles. Quand on se penche sur la question de la production d'images, il faut les oublier et regarder ce qui existe sans a priori, parce que l'Histoire de l'Art est intimement liée aux religions. C'est un fait incontournable, une évidence absolue.
Regarder une oeuvre d'art en se souvenant de ce qu'on pense de la religion à titre personnel équivaut à passer devant avec un bandeau sur les yeux. Car dans ces conditions, il devient impossible d'apprécier et de comprendre la peinture de Giotto, les illustrations des livres d'heures, les toiles du Greco, de Rembrandt, ou les mosaïques byzantines. Pendant des siècles, l'art fut inféodé à la religion. On n'y peut rien, c'est comme ça. Et même dans la peinture moderne cette influence se fait encore sentir. Chez Francis Bacon, par exemple. Chez Picasso, ou encore dans la toute première oeuvre relevant du Pop Art (et là, je vous laisse chercher…)
Or donc, oublions nos certitudes et penchons-nous encore une fois sur le sujet de la chronique :
il y a, d'un côté, le Coran écrit par Mahomet. Dans ce livre, aucune condamnation explicite de la production d'image ;
de l'autre, il y a les hadith, qui sont « les paroles, actes et approbations du prophète Mahomet considérés comme des ordres à suivre par les musulmans » (dixit la Ouiquipédia). Sauf que les hadith sont largement postérieurs à la mort de Mahomet, sauf que l'authenticité de nombre d'entre eux est fort discutable. D'où la discussion, justement. Et le sujet de ma chronique.
La religion chrétienne fut elle aussi traversée par cette idée du rejet de toute image, en vertu de ce passage de l'Exode :
20.4 Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre.
Ce fut la période de l'iconoclasme byzantin (il y eut deux périodes, en fait) qui se conclut par le concile de 843 où l'on décida que la production d'images était autorisée.
Les Juifs, eux, ne se posèrent pas la question : ils appliquèrent à la lettre ce commandement qui les préservaient de la tentation de l'idolatie.
Voilà. Ce sont les faits historiques. Derrière toute image née dans un pays traversé par l'un des trois cultes monothéistes, il y a ces faits, cette histoire. Qu'il faut prendre en compte, quelles que soient les opinions personnelles qu'on peut avoir face à la religion. Sinon, comme disait l'autre, on n'y voit rien. -
Davy Borde
Merci Alain pour ce rapprochement entre le dessin de Plantu (qui m’énerve souvent moi aussi, sans doute parce que je suis de gauche…) et les calligraphies zoomorphes arabes.
Une petite remarque cependant.
Vous écrivez :
"il n'existe à ce jour aucune doctrine musulmane indiscutable relative aux images"
...
J’ai un problème avec le terme « indiscutable » (dans ce cas particulier, mais aussi en général)
Excusez-moi, donc, mais soit on pense que le coran (ou tout autre livre (mal)saint) est le compte rendu fidèle de paroles et/ou d'enseignements divins et alors on les applique à la lettre, soit on trouve que c'est de la pure connerie et qu'il ne faut en aucun cas appliquer les injonctions présentes dans un bouquin écrit il y a plusieurs dizaines de siècles SIMPLEMENT PARCE QU'un fondu prétend que c'est un dieu (ou une déesse… notez que c’est plus rare) qui en est l'auteur ou l'initiateur.
Ce que je veux dire c'est que pour dire qu'une doctrine "est" ("serait", en fait, pour toute personne sensée) "indiscutable", il faut... être un croyant! Mais pas seulement en dieu aussi en les exégètes qui édictent la doctrine et qui croient (sic) faire parler dieu.
Pour toute autre personne (c’est-à-dire toute personne intellectuellement libre et sensée) rien n'est indiscutable, toute pensée n’étant que d'origine humaine et donc forcément imparfaite (contrairement à celle de dieu, évidemment)…
Bref, pour discuter il semble n'y avoir d’autre choix que de laisser tomber ces $@!€+€$ (sic) de dieux et leur incontestable parole. -
Frédéric LE GUEN
Comme tout semble simple et limpide quand Maitre Korkos explique les choses.
Rubrique remarquable et admirablement documentée.
Juste un mot : BRAVO -
Nagababa
J'aime beaucoup le "NICHON" made in la rubrique, ça donne un côté pubère assez désuet et pas très glorieux pour les seins de nos belles. -
galanga
Magnifique, comme d'hab ! Le Korkos est magique ! -
Alain Korkos
Réponses en vrac et en désordre (désolé, mais zavez vu l'heure ?)
Gilles Delouse : non, non, c'est trop facile de dire que cette interdiction ne concerne que les sunnites. Cest beaucoup plus complexe que ça. Voir ce lien que j'avais indiqué, où il n'est en aucun cas question de différences entre sunnites et chiites.
Jean-Jacques Duval : Je n'ai pas compris le sens de votre remarque, mais j'en profite pour préciser celui de mes " Ah Ah, quel courage " et " Ah Ah, elle est bien bonne " : il arrive que Plantu m'agace. C'est tout à fait perso et subjectif.
LionelXIII : j'aime bien les calligraphies zoomorphes d'Hassan Musa (que j'ai rencontré il y a longtemps, dans le cadre de mon boulot).
J.F. Sebastian : tout à fait d'accord avec votre synthèse concernant la représentation de Mahomet.
Liliane Le Roscouët : à Istanbul, vous avez forcément visité le souk et le palais de Topkap?. Et vous avez forcément vu toutes ces superbes miniatures peintes malgré les interdictions ! Et concernant Sainte-Sophie, tiens : lorsqu'elle fut transformée en mosquée au XVème s., les peintures et mosaïques chrétiennes furent recouvertes. On dit (mais ce n'est ptêtre qu'une légende) que périodiquement, les régnants d'Istanbul faisaient ôter le plâtre, ordonnaient qu'on restaure les zeuvres murales chrétiennes, puis les faisaient recouvrir de plâtre. Etonnant, non ? Même si ce n'est qu'une légende.
A part ça, je n'ai pas omis les calligrammes d'Apollinaire, non ;-) Seulement je pense qu'ils n'ont pas grand-chose à voir dans cette histoire même si, formellement, il existe une ressemblance certaine.
Bon, comme j'ai l'air, là, de casser toutes vos observations, j'm'en va vous faire une espèce de cadeau : lisez Mon nom est Rouge de Orhan Pamuk. Superbe livre qui parle d'un crime dans le milieu des miniaturistes stambouliotes du XVIème s. (chez Folio, Gallimard).
Oblivion & alain b : ???? ????????? ????? ? (et je pèse mes mots). -
sabmal
Décidément, j'aime toujours autant les chroniques d'Alain Korkos... Merci pour celle-ci qui m'a fait découvrir de très belles images. Et merci aussi aux forumeurs qui me font rire et découvrir encore d'autres images, vidéos... bref, de quoi passer des moments agréables devant l'ordinateur. Ravie d'être abonnée à @si, bientôt je ne pourrai plus m'en passer !