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vandrito
Alors... Beaucoup de savants commentaires, mais pas pu tout lire, évidemment.
Je ne sais pas si quelqu'un s'est mis à la place de Stromae: avoir sa tronche à vie liée à l'horreur. On peut aimer ou pas ce que fait Stromae (j'adore, certes), mais son travail dénote une sensibilité au dessus de la moyenne. C'est ce qui le met d'ailleurs au-dessus de la moyenne. Les commentaires médiocrement savants ne font que prouver que personne ne se met à la place des individus sous prétexte de grandes causes et petites chicaneries. une couverture médiocre donnant naissance à beaucoup de commentaires médiocres, tout ça sous le même étendard que jadis les couvertures sur l'Islam: la liberté d'expression qui serait notre valeur fondamentale en Occident. Pourtant, si hier on n'avait pas le droit de dire du mal de l'épicier du coin, aujourd'hui ne pas lui sauter à a gorge parce qu'il est en djellaba est une apologie du terrorisme.
Charlie Hebdo est définitivement un prétexte pour tous les camps. Sûrement pas un symbole de libre expression, puisque tout à fait conditionné par la même bêtise que le reste de la population. C'est un peu l'ado qui, parce qu'il fume en cachette, se prend pour rebelle. Une sorte d'idiot utile. Et libre à tous de s'en servir n'importe comment. Voilà la vraie liberté actuelle: dire n'importe quoi pour exister.
Et sur ce moment fugace purement existentiel, j'ai envie de dire: tout ça pour ça les mecs ?
Allez plutôt bloquer Matignon si vous avez tant d'énergie et de temps ! -
Bolzano
Et n'a jamais été même du temps du "vrai" Charlie de Choron, Cavanna, Wolinski et consorts:
- dans le consensuel
- dans le bon goût
- dans le respect
- dans l'analyse exhaustive
si on cesse de vouloir le mettre là où il n'est pas et n'a sans doute jamais voulu être, Charlie est ce qu'il est, et on peut le laisser là où il est -
Cultive ton jardin
Je suis d'accord sur le fait que rire de la mort est un des marqueurs de Hara Kiri qui se prolonge dans Charlie Hebdo. Par contre, je refuse le parallèle entre la Une "Bal tragique à Colombey" et celle de Stromaë.
Bal tragique avait un sens très précis: on fait plus de bruit pour un seul mort "de la haute" que pour 200 jeunes fauchés par la pingrerie d'un organisateur de loisirs marchands (la décoration low cost et les tourniquets anti fraude qui ont pris les jeunes au piège de l'incendie).
Ce sens était très compréhensible par nous tous, un copain m'avait d'ailleurs fait une blague de même acabit: je préférerais que ce soit toi, plutôt que De Gaulle, qui soit morte: on aurait pas de la musique classique à longueur de journées à la radio.
Quelqu'un peut m'expliquer le sens de la Une sur Stromaë? Il n'en reste que le désir de choquer toujours plus, de préférence en blessant les gens parce que ça choque plus. Et en entretenant un fonds de commerce désormais bien consolidé. Méprisable.
La réponse "Où est Charlie", par contre, a un sens très clair, voire plusieurs, dont un assez subtil. Qu'est devenu Charlie, en effet? -
BIBI
Bonne analyse de l'état de la Belgique;
http://www.legrandsoir.info/d-ou-vient-notre-faiblesse.html -
sandy
L'humour noir ici c'est bien que le chanteur a eu son père démembré, faire le parallèle est horrible, et c'est ça qui est rigolo. -
kokobingo
Quand je lis tous ces commentaires je me rends compte avec tristesse que mes mes camarades lecteurs d' @si sont majoritairement de gros réactionnaires, tradis et passéistes . J'ai beaucoup de peine.
Allez Charlie, te laisse pas emmerder par les croquants et les croquantes. -
MyrETON
Peut-on dire que ce que devient Charlie, on s'en fout?
Un journal plus lu depuis des années à cause des éditos pitoyables de Val, acheté de temps à autre en souvenir du Cavanna d'Hara Kiri. Bref un journal de ce gauchisme morne franchouillard, à l'image du pitoyable Renaud -idole de mon adolescence- représentant fameux de l'extrême nullité intellectuelle de la génération 80.
Passons vite à autre chose, mieux si possible! -
amenbroken
Je ne suis pas d'accord, monsieur Korkos. C'est à mettre en parallèle avec votre chronique sur la possibilité de montrer une image violente : quand elle est loin, ça fait moins mal, alors on peut ! Et pour Riss et Charlie Hebdo, il n'y a que dans leur rédaction que ça fait mal...
Quels sont les dessins dans le journal qui a suivi qui a montré des actes de violence envers les dessinateurs ? Pas celui de la une, en tout cas, alors que les Belges y ont eu droit. J'ai vu des dessins marrants dans d'autres hebdos (surtout le Psikopat) qui n'avaient pas peur de montrer du gore et de rire de l'horreur de cet attentat, mais j'ai beaucoup plus de mal à voir cette autodérision dans le Mahomet de Luz.
Pourquoi n'appliquez-vous pas ce même raisonnement pour Charlie ? -
pompastel
Décryptage de la Une de Charlie, le tour de la question par Alex Vizorek et son poisson Sigmund :
https://www.rtbf.be/video/detail_les-decodeurs-alex-et-sigmund-decryptent-la-une-de-charlie-hebdo?id=2097140 -
BIBI
Pour les victimes françaises:
Conséquences de la loi El Khomri dans sa première mouture:
- Moins d'indemnités pour les accidentés.
-Durée du congé pour décès d'un proche qui n'est plus garantie par la loi.
- Les orphelins mineurs, ils peuvent toujours aller en apprentissage en travaillant parfois 10h par jour et jusqu'à 40h par semaine.
Mais Riss n'a peut-être pas envie de fâcher le gouvernement en évoquant ces menus problèmes. Alors que nous mettre le nez dans la merde, ça a de la gueule, merde alors! -
Diogene
Je vais me faire l'avocat du diable, mais après tout j'ai le pseudo pour :D.
D'abord je ne parlerai pas de satire (" Écrit dans lequel l'auteur fait ouvertement la critique d'une époque, d'une politique, d'une morale ou attaque certains personnages en s'en moquant" (TLFI)) mais d'une forme d'humour très noir, bête et méchant.
"Surtout quand on a une grande admiration pour le travail de Stromae et qu'on déteste cordialement le Charlie Hebdo ressuscité en 1992 par Philippe Val."
Moi c'est l'inverse, ou presque:
-Je ne connais pas ou peu Stromae (en dehors de la chanson Papaoutai - que je n'ai jamais entendu en détail et qu'au début je croyais que c'était à propos de se faire empapaouter= se faire avoir en argot. Si.). Je savais pas non plus que son papa avait fini démembré au Rwanda. Wikipédia mentionne son décès là bas, pas la méthode. Mes excuses à Stromae.
-J'ai pas trop aimé le Charlie période Val. Val s'est mis à copiner avec le pouvoir (notamment un certain Paul Bismuth) et on finissait par avoir le fig-mag en dessins. Siné s'est barré, je me suis mis à Siné Hebdo. Mais quand Val s'est barré, le magasine a recommencé à avoir certains traits communs avec l'ancien Charlie. Et je pense que ce dessin s'inscrit dans la droite ligne du Charlie Hebdo des origines. Du bal tragique à Colombey. Des photos à la Choron genre: "Bonne année, bonnes résolutions: battez votre femme, violez votre fille" (en gros). Le Charlie hebdo des origines se revendiquait comme "bête et méchant". Et il l'était. Un humour féroce. Du vitriol.
L'intérêt d'un dessin tel que celui ci? Luz l'explique mieux que moi dans un autre contexte:
Luz_Aylan
Le dessin de Riss nous fous le nez dans la merde. Dans l'horreur de ces corps qui ont finis en cadavres en morceaux. Dans ces petits gosses dont le père a fini éparpillé parce que la malchance a fait que deux salopards ont pris le métro en même temps que lui. Le dessin de Riss, c'est de la rage. Parce que malgré tous nos propos, tous les beaux discours, tous nos "nous sommes tous des Belges de Bruxelles", le fait est que ça ne ramènera pas les morts. Le fait est que ces salopards de terroristes ont butés encore une fois.
Je ne pense pas que Stromae ait été spécialement la cible de Riss. S'il avait eu une chanson de Johnny adaptée, c'est Johnny qui serait au centre de l'image. Il lui fallait un chanteur belge connu, c'est tombé sur Stromae. Ca aurait été les USA, ça serait tombé sur Dylan ou Madonna.
Le dessin de Riss est dans la ligne des dessins de Charlie Hebdo avant le 7/01. Avant que des tas de gens se prétendent "je suis Charlie".
Et puisqu'on parle de Rwanda, je me souviens d'un dessin de Cabu dans le Canard enchaîné. C'était à l'époque où la France avait envoyé ses troupes au Rwanda. Après avoir formé une partie de l'armée française (à vérifier). On y voyait l'adjudant Kronenbourg remettre une médaille à un maniaque de ma machette: "ah les p'tits gars, vous savez faire du bon boulot tout comme je vous ai appris. Tiens, vl'a une médaille!". Puis son chef l'interpelle: "-hé, adjudant, on est là pour faire de l'humanitaire -ah merde". dernière case: des rwandais en train de ramasser des membres découpés sur le sol: l'adjudant s'adressant à eux: "ça vous dirait de participer au jeu "la tête et les jambes", à la télé?".
Sur le dessin belge: Charlie sait où il est. Éparpillé dans plusieurs cimetières. De la cervelle, des tripes et du sang sur les murs. De la terreur et de la culpabilité des survivants. Est-ce que les dessinateurs de Charlie ont fait des dessins tristounets sur ce thème? Non. Il se sont moqués des frères poischiches, ont imaginé leurs potes morts en train de piquer les 72vierges promises aux deux c!ns. L'humour noir se doit être plus fort, plus féroce que la mort. -
OH
Peut-être ne faut-il pas s'arrêter au dessin du couverture. Personnellement j'ai trouvé l'édito de Riss en page 2 très pertinent et touchant.
Riss était présent en janvier, et comme le dit Luz, il me semble dans l'emission d'@SI, ils ont continué à écrire et dessiner là où beaucoup se seraient arrêté. D'ailleurs Luz et Pelloux ont fini par s'arrêter.
Il est facile de juger. Soutien sans concession un jour, critique et mise à mort le lendemain.
Quant au dessin de Riss, je ne suis pas arrivé à le comprendre, et effectivement au premier degré, il est choquant. Mais comme je sais que je ne l'ai pas compris, je ne jugerais pas l'intention. Une relation entre le génocide rwandais et le terrorisme ilslamiste ? Hasardeux... La note "la Belgique déboussolée" doit être importante.
Peut-être s'en expliquera-t-il dans le prochain numéro... -
Monsieur X
Un peu dans la position d'Alain, arrivant un peu aux mêmes conclusions.
Le problème c'est que si on veut une limite dans ces cas là, en premier lieu il faut choisir le type de limite. Si c'est la limite "de décence", c'est à dire on ne légifère pas mais on pousse des cris réprobateurs, on se garantit d'en pousser beaucoup avec Charlie mais aussi bien des "blagounettes" sur la "banane de Taubira", c'est à dire des projets qui ont précisément pour but de faire bouger la limite de la décence et par effet de bord, toutes les autres lignes.
Sinon, on légifère et vient alors la question de "qui décide" et là peu importe la réponse, nous voilà chez Pinochet.
Pour moi un citoyen un peu conscient de ce qu'implique la citoyenneté dans une démocratie et un état de droit comprend que la deuxième option n'en est pas une. Et que s'il est choqué, la meilleure défense est de n'en rien laisser paraitre face à des actions dont le critère de succès est précisément leur capacité à déclencher des réactions choquées. -
DéLecteurdeVraiThé
Je reposte car cet incompréhensible positionnement des commentaires m'a placé là où je ne souhaitais pas.
Ils sont tous là à expliquer le bien-fondé de cette "satire" et moi je continue à la trouver débile et méchante.
Et ce qui me gêne le plus, c'est le méchant, le manque de respect, le débile ne gêne pas, il y a même des endroits pour le soigner. Mais la méchanceté est un acte gratuit qui blesse davantage qu'il fait rire ceux qui s'en amusent.
Alors paraît-il, Charlie fait de même avec son propre vécu. C'est la moindre des choses que quand on dise des conneries, on fasse semblant de s'arroser soi-même pour justifier un quarantième degré.
Quelqu'un a cité Monty Python comme si cela avait un quelconque rapport. Ce serait comme cité Groucho Marx pour défendre Michel Leeb -
Robert·
Merci Alain pour cette chronique réfléchie et donc sobre et informative. Le dessin belge pose (anonymement?)une bonne question. -
poisson
Riss a son style. Inchangé: le pieds dans le plat.
Style questionné plusieurs fois sur @si, qu'est-ce que ça cache? Un vrai fond de racisme? Mais le fond est dans le dessinateur? dans l'air du temps? dans les pré-supposés du lecteur?
On ne tranchera jamais.
Quoique là... Est-ce plausible que l'intention soit de faire du mal à Stromae?
Bof c'est comme si on croyait que tout le monde s'est jeté sur Tintin pour faire bisquer les ayant-droits.
Et Charlie n'est pour beaucoup qu'une couverture... Ils pourraient faire pages blanches à l'intérieur, peu s'en rendrait compte.
Et certains veulent faire croire qu'à une époque toutes les couvertures de Charlie étaient géniales, c'est faux. On n'est pas en droit d'exiger des couvertures qu'elles obéissent à un cahier des charges de déco des kiosques, pour un sourire vite-fait en passant!
On ne comprend pas les dessins de Riss, mais on ne tourne pas les talons avec indifférence comme on devrait. On le dit haut et fort: on ne comprend pas! Ils contiennent en eux l'énigme du premier degré impensable. Pourquoi aller au delà?
La figure de De Gaulle avait besoin d'être déboulonnée.
Est-ce qu'on est prêts à déboulonner l'obscénité de l'actualité qu'on nous sert pour aiguillonner notre bêtise? -
asinus erectus
Incroyable ce que ce dessin produit comme oiseuses discussions, alors que Riss n'a probablement fait qu'adopter la méthode de Figaro : "Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer." -
Médi 13
Riss a pondu dernièrement un billet plein de haine et de racisme . Je suis déçu et triste que vous , Mr Korkos défendiez encore ce journal -
M.D.
La réponse "Ou est Charlie?" n'est pas une blague belge. Où les belges font de l'humour. C'est une réelle réflexion. Où va Charlie?
Ce n'est pas normal qu'une satire fasse mal au ventre. Car Riss n'attaque aucune idée dans sa couverture. C'est désolant. En plus, la caricature de Stromae avec des grosses lèvres (ce qui n'est pas une caractéristique de son visage), basé sur le simple fait qu'il est métis, est aussi un bon gros cliché douteux.
Il est loin le temps de Cabu et Luz! Tristesse.
Je viens de reprendre le métro aujourd'hui en passant par Maelbeek, à 1 km de chez moi.
Quand une personne vous blesse, on a plus tellement envie d'aller la revoir. Parfois on la recroise, alors il faut s'y résigner, tête baissée. Un peu comme Charlie Hebdo en kiosque. -
jchampavere
La fin tragique du père de Stromae est de notoriété publique (cf. par ex. http://next.liberation.fr/musique/2013/08/15/le-titre-renvoie-aux-origines-numeriques-et-j-aime-la-geometrie_924972). Il est donc probable que cet aspect ait été connu de Riss.
Rappelons par ailleurs qu'il y a un peu plus d'un an Riss lui-même a été victime de tirs de Kalachnikov et que, suite au massacre du 7 janvier 2015, les dessinateurs de Charlie Hebdo ont souvent fait preuve d'autodérision en se mettant en scène dans des situations semblables à celle de la couverture de cette semaine.
Cette une n'est ni choquante, ni scandaleuse. Elle est dans la lignée de ce que produit le journal en général et Riss en particulier. Le dessinateur a choisi un symbole belge plus contemporain et surtout plus original que le Manneken Pis, à savoir un chanteur populaire.
Un autre niveau de lecture du dessin (car la satire est supérieure au premier degré) est d'y voir une forme d'empathie envers les victimes de violences aveugles, que ce soit d'un attentat ou d'un génocide, en même temps qu'une dénonciation de l'horreur de ces actes en les figurant de cette manière.