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poisson
J'ai 35h51 de retard pour lire la chronique, j'attendais d'avoir une vraie plage de temps disponible. Mais je l'ai lu assez vitesse. On se laisse impressionner par le coréen, des us lointains donc mystérieux, et puis non c'est très abordable, pas de raison d'avoir peur de rien piger.
J'aime beaucoup l'affiche en haut à droite du panel d'affiches google. Vivement que quelqu'un la plagie! Enfin l'imite, euh la copie, mmm lui rende hommage. Un regard qui me voit, et une pose de la main rodinesque. -
galanga
En cherchant quelque chose (ci-après), j'ai trouvé d'autres "belles" affiches coréennes par là :
http://olddata.com.ne.kr/KOR/01.htm
http://asian-cinema.blogspot.com/2007/06/korean-posters-1955-to-1989.html
Sinon, c'est l'affiche juste avant celle de Ben Hur qui m'a intriguée : je me suis dis "C'est quoi cette grosse croix chrétienne dans le soleil ?!? "
Après quelques recherches, il se trouve que c'est l'affiche du film "Holy Mission" de Choe-hyeon / [*] (né 1928), qui parle de ça :
Based on the short life of Lee Byeok who was born the son of a general in 1754. He converted to Catholicism and attempted to spread the faith with the help of missionaries from China. King Yong-jo brought an end to this with the extermination of Catholics in Korea, martyring Lee Byeok in 1785
D'où la croix. Et la typographie Ben-Hurienne n'est donc pas si anodine.
Ainsi, au delà du Yin et du Yang, qui bien sûr influence grandement l'art graphique coréen, il ne faut sans doute pas négliger que la Corée du Sud est un pays majoritairement chrétien (wiki: 26,3% de chrétiens, à forte majorité protestants, contre 23,2% de bouddhiste), bien que en même temps le confucianisme soit dans la tête de quasiment tous les Coréens.
Ainsi, les affiches comme celles avec "des personnages totalement inactifs posant comme chez le photographe" n'auraient pas un soupçon de lien avec la symbolique chrétienne. Par exemple, celle de "Locataires" de Kim Ki-duk a quelque chose d'un peu "Adam et Dieu qui se touchôte le doigt" chez De Vinci, celle de "The Coast Guard (2002)" a un coté "chemin de croix", avec visuellement une sorte de croix sur l'affiche, l'homme et son ombre étant le poteau, l'horizon étant la barre. Le film est d'ailleurs un vrai chemin de croix pour ce soldat tourmenté d'avoir tué un civil par erreur à la frontière ultra-surveillé avec la Corée du Nord.
L'affiche du Barbier du Président (avec le même acteur, Song Kang-ho, que le père dans The Host, acteur absolument génial dans tous ses films) est elle selon mon sentiment très inpirée d'une sensibilité protestante, par la famille et le caractère tristounet et strict des habits, surtout de la mère.
Le mélange de tout ça (yin et yang, chrétienté, bouddhisme, chamanisme, modernité...) est peut-être ce qui donne cette spécificité si intéressante au cinéma coréen.
* Grrrrr ! les caractères coréens et autres (unicodes) ne passent pas sur le forum !
P.S. : faillit oublier de le dire : j'ai beaucoup aimé le vite dit sur "Visage Mahomet : L'Obs censuré au Maroc" ; très intéressant et très beau. parfait quoi. -
Yanne
Tout simplement magnifique - La chronique tournait un peu en rond - Mais celle-ci est exceptionnelle -
alain-b
Ils font aussi de la pas trop mauvaise musique par là-bas, et ils estampillent leurs clips de la mention "allumez la radio grandement",
si si, là par exemple https://www.youtube.com/watch?v=uhJgAZ95xJ0
ils imitent la Mano Negra aussi et c'est rigolo .... -
Jacotte
Ce n'est qu'une de ces publicités dégoutantes , qui nous incite à nous gaver de produits laitiers . L'industrie laitièreest polluante , criminelle et cruelle pour les animaux . La consommation de produits laitiersest mauvaise pour la santé . Merci à ASI de vous emparer de ce sujet emminement écologique et philosophique ! -
sgd (bientôt disponible )
LA TERRE ENTRE MOI-MÊME ET MOI
Une autre écriture une autre langue un autre malheur
les rizières à la place des champs de blé
ici les cosmos et les marguerites là-bas
les montagnes qui se découpent sur l'horizon différemment
J'essaie d'identifier quelques caractères
en les confrontant sur les panneaux de signalisation
aux bizarres transcriptions en lettres occidentales
m'étonnant souvent du son que j'entends
Les enfants qui défilent dans les monuments nationaux
ont des uniformes brillants jaunes pour la plupart
comme le chrysanthème sauvage mais aussi
de toutes les autres couleurs même céladon
Certains de leurs camarades plus âgés
se risquent parfois à se détacher de leur groupe
pour me murmurer "Welcome in Korea"
avec un sourire timidement effronté
Les couleurs des deux drapeaux sont bien les mêmes
mais alors que chez nous cela fait trois panneaux
comme les deux battants immobiles d'une porte
entrouverte on l'espère sur l'aube et le départ
Ici les vagues du yin se lovent dans les flammes du yang
et les trigrammes aux quatre coins ajoutent
le noir de leur écriture mathématique
sur la plage blanche qui claque au vent
L'ail et les cigales comme en Provence
l'explosion des villes et des autoroutes
la hantise des frontières meurtrières
les traces partout des catastrophes et massacres
Amis de l'ancien royaume ermite avant de continuer
mon tour du monde en m'enfonçant de plus en plus
à l'orient si bien qu'à l'extrême je retrouverai
mon village dans ses montagnes à la frontière
Où je vais semer des cosmos pour vous accueillir
tentant de faire passer au brouillard de mes mots
un peu de la lumière de vos soies campagnardes
un peu de la fraîcheur chaleureuse de vos épices
Je souhaite en levant un bol d'alcool de riz
bon voyage à vos inventions votre langue et votre écriture
tout autour du monde pour lui apporter un peu du calme
que vous avez su conserver parmi tant de bruit
Michel Butor Poesie au jour le jour -
papy82
Bonjour,
Merci pour l'article fort interessant. Cependant l'alphabet coréen ne comporte que 24 lettres. La Cinquantaine de signe que l'on peut voir dans votre tableau comporte des consonnes doubles comme le un double "s" ou double "l" dans notre alphabet ainsi que des additions de voyelles comme "ai" en français. Bon wek end -
galanga
Merci d'avoir traité ce scandââââle, maitre Korkos, et de faire cette superbe revue d'affiche (dont deux Kim Ki duk : "The Coast Guard" et "Locataires", autres chefs d'oeuvre).
Magic Korkos : " alors vous ne serez pas surpris et sourirez en reconnaissant l'hommage à The Host dans cette publicité fromagère. Vous serez complices avec les concepteurs de ladite pub qui ont probablement 25-30 ans, c'est-à-dire le même âge que vous, les mêmes références que vous.
Si en revanche vous préférez regarder le dimanche soir La Chinoise de Godard en VHS qui est votre film préféré après La Grande Vadrouille, alors là, vous aurez probablement l'impression qu'on se fout de votre tronche en vous refourguant des frometons qui ne sont que de pâles resucées sud-asiatiques. Hommage ou plagiat ? Tout dépend de la position du récepteur, du statut du destinataire. "
En fait je suis dans une troisième catégorie : je reconnais l'emprunt à The Host mais ça ne me fait pas sourire du tout, car cette pub tourne en ridicule un film que je considère comme un chef d'œuvre.
Ridicule mis en place par plusieurs points :
- D'abord, ils (les pubards) ont donné une tête débile au monstre. C'est quoi ces purée d'yeux et cette bouche Kawaï, nondediou de nondediou !?!!
- J'avais pensé que vous auriez fait un petit rappel sur la police de caractères utilisée : elle emprunte aux films de monstres et d'horreur (dits de série B / Z / Nanar) des années 50-60 (Frankestein, Dracula que vous avez traité là notamment et autres monster of the outer space). Je n'ai rien contre ces films, mais c'est dans l'esprit du pubard certainement un jugement dépréciatif sur le modèle de leur pub, à savoir sur le film "The Host".
Par ailleurs, comme je vous l'avais dit (mais je répète pour les @sinautes), ces pubards vantent ainsi le fromage mais, si on connait le film, se moquent indirectement de l'état de la Seine. En effet, ce monstre The Host est issu d'une grave polution de la rivière de Séoul (Han) par des produits chimiques déversés depuis un centre militaire sous contrôle américain (par un américain gradé forçant un sous-fifre coréen réticent, et pour cause, à verser le contenu des bouteilles dans l'évier).
Donc, la pub semblant être sur les quais de Seine, Euro RSCG sous-entend clairement que la Seine est ultra polluée. C'est Delanoë et consorts qui peuvent être contents.
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Ce film est un chef d'œuvre (j'insiste...) réinventant bien des codes du film de monstre. Par exemple la fameuse scène plagiée commence de manière très anodine : pas de musique stressante annonçant l'arrivée du monstre, pas de plans inquiétants sur l'eau qui frémit préparant le spectateur : dans cet environnement de promenade familiale, touristique ou sportive au bord de la rivière par une journée ensoleillée, le monstre est tranquillou suspendu au pont, à roupiller, entrainant la curiosité des passants, et puis plonge. Les passants lui jetent de la bière, des cacahuètes. Et soudain elle déboule sur le bord de la rivière et bouffe tout sur son passage. C'est une forme de "réalisme dans le fantastique" que je n'avais pas vu avant.
Enfin, si ce film est un chef d'œuvre, c'est aussi, voire surtout, par le traitement qui y est fait de la présence américaine en Corée du Sud ; tout le long du film, les militaires américains sont dépeints comme étant ceux qui causent d'abord la création du monstre et contrôlent ensuite la gestion de crise, en sacrifiant les Coréens, représentés par la famille normale (et pauvre, voire carrément paumé pour le père) qui doit se défendre autant contre eux que contre le monstre, avec pour seul force leur amour familial (Corée = famille).
Il est manifeste que le scénario et le réalisateur ont voulu utiliser cette histoire de monstre comme allégorie du fait que " l'hôte de marque " américain dévore littéralement la société coréenne.
Et là, on a un autre lien (que la scène de deuil) avec Kim Jong-il : celui-ci, et tout le régime nord-coréen, se basait/base sur la haine des USA, décrits par le régime comme des monstrueux manipulateurs menaçant gravement la Corée du Nord (et du Sud), et qu'il importe de se protéger contre leur imminente invasion, notamment par la possession de l'arme nucléaire.
Ainsi, ce film (qui a fait un carton en Corée du Sud) témoigne (ou ancre...) dans l'inconscient sud-coréen de la défiance, voire la haine, envers l'occupant américain, sentiments qui se sont exprimés notamment avec vive force et protestations géantes lors de l'affaire du bœuf américain avec des petits éclats d'os.
Ce film est pour moi la traduction artistique d'un sentiment que je suppose partagé par de nombreux peuples sous tutelle américaine : les USA sont une (relative) démocratie à l'intérieur leurs frontières, et une dévorante dictature militaire hors de ses frontières.
Le problème ce n'est pas réellement Kim Jong-Il + Un, le problème c'est la présence militaire américaine en Corée du Sud. Par exemple par le fait que la Chine n'a pas d'autre choix que continuer de soutenir Pyongyang, car sinon elle craint que les Américains ne s'installent plus encore, au Nord. Les Américains s'installe déjà toujours plus au Sud du fait de la menace nord-coréenne, ce qui bloque en cercle vicieux toute la péninsule (voir par exemple cet article de l'express, avec la phrase de Juliette Morillot).
Voilà. Tout ça dans un film ; alors voir ce film plagié aussi maladroitement et dédaigneusement, ça me fait quelque chose, comme dirait VGE. -
Griotte
Tiens, The Host
Le film m'était revenu en mémoire à l'occasion de la mort de Kim Jong Il et de a question de ces Coréens pleurant haut et fort et spontanément (?) toute leur douleur.
Dans le film on voit justement un enterrement lors d'une scène burlesque un poil déroutante pour un non-initié à la culture coréenne. Une famille qui vient de perdre son fils rentre dans une sorte de compétition de qui va pleurer le plus fort et le plus longtemps. Je me souviens que ça m'avait mis mal à l'aise à l'époque puis une amie Coréenne m'avait expliqué la chose, qu'effectivement c'était une parodie des enterrements coréens pour lesquels la coutume veut que l'on exprime autant que possible son désarroi
http://www.youtube.com/watch?v=_9mmN-5eHkA -
MORASSE
V'là encore ce fayot, direz-vous... amis d'ASI (ça prend un E ?) mais je ne saurai trop féliciter Alain Korkos pour sa "leçon" hebdromadaire d'une haute culture iconographique. En plus, aujourd'hui, c'est leçon de koréen. J'apprends, j'apprends, même si la gastronomie coréenne me ragoute moins que la japonaise, la chinoise ou la lyonnaise. Ceux qui ne voient pas la différence n'ont qu'à aller s'empifrer de couscous... ou de choucroute aux poissons (beurk!). Vive la CNIEL qui bat le beurre ! C'est pas la CNIL...