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Kefka
Merci pour cet article, toujours agréable à lire, entre citations, références et lien Cairn.
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Jean-Michel M
« . En 2021, mis à l'arrêt forcé, atomisés et sevrés de collectif, la Matrice n'a plus qu'à nous cueillir, mûrs pour l'abandon dans le vide du divertissement. »
Ça fait du bien de ne plus se sentir seul.
Pour ça, merci. Ça m’évitera de faire un geste malheureux…
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Chris
l'algo de YT m'a récemment servi ceci :
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Jean-Louis
Mouais, Matrix... C'est tout de même de la philo et du cinéma à deux balles, non ? C'est pas Kubrick, Buñuel, ou je ne sais qui... Il y a vraiment de quoi en faire des louches sur ce truc ?
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grrrz
Une capsule temporelle, en somme. Comme d'autres films SF de cette époque (Dark City, Strange Days, Hackers, Johnny Mnemonic, Ghost in the Shell, Perfect Blue, etc)
je me sens visé parce que à part Strange Days que j'ai pas vu on pouvait trouver tous ces films dans ma pochette de 'DIVXs' de quand j'étais ado.
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gwildar
Très bon article et en plus rudement bien écrit. Merci Thibault.
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webshinra
Fort bon article, merci de l'avoir écrit.
Je reprocherais quelques amalgames (il me semble assez grossier de comparer la démarche de l'adaptation netflix d'altered carbon et celle qui préside à celle de cowboy bebop, par exemple).
Je pointerais du doigt un fait qui échappe à beaucoup: l'esthétique (japanisante dans la technique parce que la crainte du miracle japonais trainait ses guêtre dans le coin) cyberpunk emprunte beaucoup initialement à la culture hacker, qu'elle aura nourrit par retroaction comme c'est toujours le cas quand les auteurs dépeignent un groupe qui les lisent. Elle continue a exister dans ces milieux, et existe toujours indépendamment de la compromission qu'aura été son adoption/adaptation/appropriation par le grand public. C'est un phénomène qu'on constate régulièrement pour les sous cultures. [il existe un lien historique fort entre la sous-culture hacker et la sous-culture hippie].
J'aurais trouvé intéressant de mentionner que parmi les voix qui expliquent la métaphore de la transidentité (au sens large) qui traverse toute la trilogie, il a celle d'une des autrices (seul l'interprétation en réception compte pour la mesure de l'effet social, mais tout de même, «quelle métaphore a été faite intentionnellement» est un point pertinent).Je ne sais pas si c'est un bon film (mais j'avoue que comme vous, mon premier mouvement à été de mettre la question de coté), mais c'est un œuvre intéressante, pleine des nuances et des contradictions qui fait que les «fans» s’échevellent en essayant d'y trouver des avis tranchés, et qui fait que le mensonge de la fiction dépeint mieux la réalité qu'on ne le pense.
Bref, je n'ai guère osé lire ce qui se disait d'autre, ailleur, du film, mais le chapeau suggère qu'on traîne dans le turbo éclaté au sol, ce qui n'est en rien une surprise.
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Eradan
Limiter le cyberpunk au courant 'Gibson' est une erreur, surtout quand vous citez Altered Carbon qui vient du courant 'Sterling'. Le cyberpunk est bien plus vaste que le concept de 'Matrice.'
De la même manière, le cyberpunk est né avec K. Dick (en particulier Do Android Dream of Electric Sheep (1968) et Ubik (1969), pas avec Gibson et Sterling.
Enfin, le message principal du cyberpunk a toujours été "Voici ce qui se passe quand la société civile renonce." Dans les univers cyberpunk, en l'absence d'une société civile forte, les états-nations (et pas le vivant) sont soumis aux corportions privées. C'est là la principale différence entre les univers présentés et la réalité: le cyberpunk prend le renoncement des punks et pousse le raisonnement jusqu'à l'absurde. Et c'est parce que la société civile n'a pas renoncé, parce qu'on a des associations et des journaux qui enquêtent et se battent pour faire respecter et changer les lois, et pointer du doigt les pratiques dangereuses des entreprises comme des structures et individus politiques, que nous ne vivons pas dans un monde cyberpunk. Cet aspect est partiellement visible dans Cryptonomicon (1999) de Stephenson (auteur de Snow Crash que vous mentionnez, et dont la conclusion va à l'encontre de votre analyse) et dans la trilogie The Way de Greg Bear (Eon (1985), Eternity (1988) et Legacy (1994)) par exemple.
Car non, la société actuelle n'est pas plus cyberpunk que Matrix. Dans la première, les sociétés sont régulés, même si mal ou tardivement, ce qui n'existe pas dans le cyberpunk.. Dans le second, il n'existe pas de société, et pas de corporation pour la contrôler. Le film est un héritier tardif du courant 'robot as a menace' où le robot est devenu intelligence artificielle incorporelle. Et la confusion vient sans doute qu'une des plus grosses inspirations pour Matrix est Ghost in the Shell (1995), qui est lui un pur film cyberpunk du courant 'Gibson'.
L'article est intéressant, mais difficile d'approuver la conclusion quand on sait les prémisses fausses.
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grrrz
tout en étant pour d'autres une allégorie de la transidentité
ce n'est pas de la spéculation mais bien une analyse "officielle" donnée par les réalisatrices; à l'époque la métaphore de la transidentité n'as pas été mise en avant pour ne pas effrayer les financeurs mais c'est bien l'un de sujets principal du film.
https://www.bbc.com/news/newsbeat-53692435
Sinon bon moi comme spectateur j'avais trouvé le premier volet sympathique et gaché par les deux suites simplement "over the top" sur tous les plans et fricotant allégrement avec le nanardesque.
Après l'esthetique hacker /cyberpunk des années 90 (bien que dans matrix on ai pas tout à fait le cliché de la "cité verticale du futur avec ses néons" à la blade Runner); c'est juste qu'on a grandi avec et que c'est une composante forte de notre culture, tous les vingt ans son revival; parce que les enfants baignés dans cette culture sont grands et sont nostalgiques de leur enfance. L'excellente série "mister robot" jouais aussi pas mal avec cette esthétique.
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Yanne
Texte magnifique et puissant qui me donne envie d'aller voir le film.
Vous vous débattez avec l'énonciation et la langue, et pour extraire l'essence même du cyberpunk, mais vous vous retrouvez à votre point de départ :
Comme son équivalent culturel et musical, le punk, le cyberpunk a toujours admis le No Future.
Face aux utopies mortes du socialisme réel et de la contre-culture beatnik qui avait engendré Charles Manson, et tandis que s'érigeaient les citadelles médiatiques capitalistes issues du thatchérisme, tout un courant de littérature anglo-saxon décrivait un monde sans issue.
Un occident qui refusait de se regarder en face et qui courait à sa perte dans une course au toujours plus, et qui allait se fracasser sur la réalité.
Le déni et la fuite.
A jamais...
Et vous avez raison, quarante ans plus tard, nous en sommes toujours là. Nous rejouons le match.
Notre fuite nous a emmenés encore plus près du bord du gouffre. Et le reste du monde court encore plus vite que nous...
Lana n'y est pour rien. Elle a tenté de juguler la destinée et le malheur en le racontant avec son génie et ses possibilités qui sont énormes.
Elle a endossé son rôle de princesse Cassandre en devenant une femme, mais l'avenir nous est obscur.
Tout peut arriver, le meilleur ou le pire, mais personne ne nous sauvera si nous ne nous aidons pas nous-mêmes.
Et nous en sommes incapables...
Le cyberpunk le relate depuis quarante ans...
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Tatanka
Brillant. :-)
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Asinaute sans pseudo fe3c2
Excellente chronique.
Concernant cyberpunk 2077, je pense que ça va encore un peu plus loin que juste un décors vide. Il y aussi l'histoire de la création du jeu, et s'il y a bien un truc méta, c'est la place qu'occupe désormais CPR en tant que mégacorpo du jeu-vidéo qui se fout de la gueule du monde, est passée de boite "indé" adulée proposant des jeux sans DRM à boite conspué, menteuse, cynique, poussant à bout ses employé.es. Mais ce serait long pour moi de tenter d'expliquer le truc.
Une chose bien plus simple à appréhender est le prodond cynisme qui parcourt tout le jeu. On baigne du début à la fin dans les implants, la technologie, le monde criard de la publiblité et des meurtres en direct à la télé, en nous donnnant pour regard critique que la possibilité de regarder ce monde. En fait, le jeu expose, il inhibe, mais il ne dit rien. Il ne nous aide pas, on doit juste poursuivre notre mission sans remettre en cause l'existence de cette vie et de cette vie, sauf à travers de phrases creuses du type "Night City m'a tout pris". Si on suit l'histoire du jeu, on a le choix entre la fuite, le terrorisme romantic-punk ou la soumission.
C'est vraimen t un délire jusque boutiste dans sa représentation (si on omet l'histoire du scandale que fut sa sortie, on fait genre que tout s'est bien passé), et qui l'est également dans ce qu'elle a à dire : néantlibérale.
Je n'ai pas encore vu le dernier Matrix, mais il me tarde de le voir. Vu les déceptions décontenancées, ça doit valoir le "coût". :) -
fr4g
A voté ! J'espère que cet article passera en accès libre car d'utilité public.
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Asinaute sans pseudo 1bbc4
Merci pour cette chronique. Je ne savais pas exactement sur quel pied danser mais une partie de moi s’est sentie bien devant cette wachowskerie. Alors cette version me va tout à fait. Lana knows. ✨