Make France Great Again. La presse prépare ses PDG-candidats

Thibault Prévost - - Médias traditionnels - Clic gauche - 27 commentaires

En 2025, une mystique politique agite les médias français : celle du patron-prêt-pour-être-président

Enhardi par les coups de tronçonneuse d'Elon Musk dans l'administration des États-Unis, le patronat français, avec la bénédiction de la presse économique, commence doucement à rêver d'un PDG-roi pour 2027. Au programme : la fin du néolibéralisme tendance start-up nation, et le basculement dans une ploutocratie réactionnaire.

C'est une Une malicieuse, aux points de suspension longs comme les deux prochaines années électorales, qui s'affiche cette semaine dans les rues du pays. "Élysée 2027 : Et si c'était lui..." se demande l'hebdomadaire Challenges. Lui, c'est Michel-Édouard Leclerc, président du comité stratégique des supermarchés du même nom. L'homme se dit, sur la même Une, et sur fond de drapeau tricolore, "disponible pour la Nation".

Pour légitimer a minima ce beau travail de politique-fiction, Challenges dégaine un sondage sur-mesure qui met face-à-face la fine fleur du capitalisme français et de la classe politique dans une joute électorale imaginaire : Leclerc battrait sans problème Mélenchon, s'en sortirait de justesse contre Marine Le Pen (des fois qu'elle retrouve une éligibilité dans ses affaires) et tomberait les armes à la main contre... Édouard Philippe. Et tant pis si la France est ici incarnée par 1034 sondés et que dans les trois scénarios, c'est le "ni l'un ni l'autre" qui l'emporte. Michel-Édouard 2027, on vous dit !

Fatalement interrogé sur ses ambitions politiques, Leclerc va d'abord faire l'innocent sur X - il n'y est pour rien, il a découvert cette Une comme nous, et puis la politique, c'est "pas [sa] came". Il est un entrepreneur engagé, il préfère défendre le prix de la baguette de pain. À l'hebdomadaire, il répond que, quand même, il réfléchit à savoir où se rendre utile. Le 25 mai, sur France 2, lorsqu'on lui demande d'affirmer qu'il ne serait pas candidat en 2027, la réponse devient : "je ne le dis pas, une fois pour toutes". On n'est pas plus avancés, mais l'important n'est pas là. 

L'important, c'est que la presse reprenne l'info. Qu'elle s'interroge, sans avoir l'air d'y toucher : tiens, après tout, un grand patron en 2027, pourquoi pas ? Ni une ni deux, BFM (propriétaire: Rodolphe Saadé, patron milliardaire de l'armateur CGA-CGM) convoque un économiste pour nous confirmer que oui, la France peut tout à fait - dans certains secteurs, attention - se diriger comme une entreprise. Petit à petit, un ballon d'essai après l'autre, la science-fiction tente de se faire science, le délire tente de se faire prophétie. Les lignes de l'imaginaire se déplacent, et voilà Ouest-France qui titre le 20 mai sur un Leclerc "bientôt candidat?". Le principal interrogé déclare dans ledit article qu'il n'a "pas de désir élyséen, mais cela peut venir". Prends garde, République, l'OPA hostile te guette.

Préparer le terrain

Michel-Édouard Leclerc n'est qu'un avatar parmi d'autres d'un mouvement plus général. Oui, en 2025, une mystique politique originale agite les couloirs de la presse française : celle du PDG-candidat, créature électorale inédite sous la Ve République, descendue des nuages du Medef pour sauver une France engluée dans sa crise institutionnelle. 

À deux ans du scrutin présidentiel, l'éditocratie française a peut-être trouvé son nouveau hochet fantasmatique. Ne reste plus qu'à fixer un visage. Ça tombe bien, il reste encore du temps pour l'A/B Testing, comme on dit en marketing. Déjà, la liste des prétendants se dessine chez Challenges (actionnaire majoritaire : Bernard Arnault, patron de LVMH, première fortune de France) : Leclerc, donc, l'entrepreneur Don Quichotte en croisade contre la vie chère, mais aussi Xavier Niel, notre évangéliste local de la start-up nation (10e fortune française, avec 9,8 milliards d'euros) et notre nemesis médiatique Vincent Bolloré (11e fortune française avec 9,5 milliards d'euros), industriel de la haine raciale et VRP du catholicisme tradi. Trois candidats pour diriger la France d'ici deux ans, s'aventure encore Challenges - car un patron ne gouverne pas, il dirige.

Alors on sort, une nouvelle fois, les sondages : "les Français", dixit l'hebdomadaire, citant le "Baromètre de la confiance politique de février 2025" du Cevipof, feraient trois fois plus confiance à ces nouveaux aristocrates du capitalisme qu'à la classe politique. Trois fois plus ! Et 41% réclament "un homme fort qui n'a pas à se préoccuper du Parlement ni des élections" à la tête de l'État (mais 80% des sondé·es aspirent à la démocratie, quand même). Pas de doute, "les Français" souhaitent "de la rupture dans la transformation", apprend-on en mars dans une formule digne du Pipotron, cet éternel générateur de bullshit de COGIP. Ils ont - pour reprendre le titre de la biographie de Xavier Niel parue en septembre 2024 - "une sacrée envie de foutre le bordel" dans la politique française - mais attention : un bordel libertarien

Ainsi se fabrique l'opinion : par petites touches impressionnistes, du remplissage de moteur de recherche, et des titres de presse qui collaborent avec le sourire à l'effort de légitimation. Et voilà : la recherche "PDG France 2027" n'est plus une incantation insensée, c'est un fait d'actualité qui possède désormais son corpus médiatique. Autre symptôme : le succès du philosophe "néoréactionnaire" étasunien Curtis Yarvin, qui prône depuis plus de quinze ans le "reboot" de la démocratie en gov-corp, la retraite forcée des fonctionnaires et le remplacement du président par un patron. Entre deux réflexions racistes, Yarvin développe également le concept "d'hyperstition" : une stratégie de propagande en forme de post-vérité avant l'heure, qui consiste à évoquer une idée - peu importe son acceptabilité sociale - jusqu'à ce qu'elle finisse par advenir. Yarvin, devenu en 2025 le philosophe en résidence de la Silicon Valley, a désormais les honneurs du New York Times pour déverser son élitisme antidémocratique et ses utopies patronales. L'excellent site d'actualité géopolitique français Le Grand Continent l'a récemment interviewé - et c'est aussi fascinant que fascisant. Nos patrons français, eux, prennent des notes. 

En 2025, les signaux faibles de radicalisation médiatico-patronale s'amoncellent. Le 18 mai, c'était Le Monde (dont Xavier Niel est actionnaire majoritaire) qui reprenait ce scénario d'anticipation. Le journal convoquait lui aussi la Vérité sondagière et sortait alors du formol la Pythie Alain Minc pour affirmer que, "si autrefois les partis verrouillaient le système, là ils se sont effondrés" et qu'aujourd'hui, "le terreau semble fertile pour l'irruption d'un grand patron sur la scène politique française."

Cette classe d'ultrariches que l'on entendait jadis peu, préférant aux coups d'éclat médiatiques un lobbying de murmures avec l'exécutif, ne passe plus une semaine sans performer une parole de rupture et de jérémiade. Rupture avec la tradition républicaine du "barrage" à l'extrême-droite lors des législatives, au profit d'un "ni-ni" mettant davantage l'accent sur la "menace" du Nouveau front populaire. Rupture, ensuite, avec les programmes économiques des partis, y compris à droite, avec la création du "front économique", un think tank lancé par le Medef en octobre qui, on l'imagine, imaginera bientôt toute une série de politiques économiques contre-révolutionnaires pour "redresser" le pays dans la direction des grandes fortunes.

Bernard Arnault veut "«slasher» la bureaucratie"

Rupture, ensuite, avec le gouvernement en exercice, incarnée par Bernard Arnault, pourtant l'un des architectes de la candidature Macron en 2017. En janvier, pas encore remis du "vent d'optimisme" qui soufflait sur la cérémonie d'investiture de son "ami" Donald Trump, le patron de LVMH sortait la sulfateuse contre l'augmentation de l'impôt sur les sociétés prévue dans le budget 2025 (une première après des années de politique macroniste de subvention du capitalisme actionnarial). Dans ses mots, le système est une "douche froide", une "taxe sur le made in France". Raisons pour réitérer son traditionnel chantage à la délocalisation, dialectique rodée depuis des décennies.

Rebelote en avril, en pleine assemblée des actionnaires de LVMH, où l'homme le plus riche de France vocifère contre l'Union européenne, "un pouvoir bureaucratique qui passe son temps à émettre des régulations", et rêve de faire "comme aux États-Unis, nommer quelqu'un pour «slasher» la bureaucratie". Du Musk dans le texte, alors qu'Arnault venait de tenter de négocier lui-même les droits de douane imposés par le président étasunien... pour se prendre une fin de non-recevoir. Dernier acte le 22 mai dernier, où Arnault, toute honte bue, conseillera à l'État de ne pas se mêler de son business... face à une commission d'enquête sénatoriale sur les aides publiques versées aux grandes entreprises. Ce, au moment où l'on apprenait que LVMH avait bénéficié de 270 millions d'euros d'exonérations de cotisations en 2023 et de près d'un milliard et demi d'euros en détaxe. Comme souvent, c'est vers la presse étrangère qu'il faut se tourner pour mettre les mots sur le phénomène : l'oligarque le plus riche de France, titre le Telegraph en février, a "viré totalement MAGA et désavoue Macron". Limpide.

Bernard Arnault n'est pas le seul à faire sa crise de séparatisme sur fond de ralentissement de la croissance. Ben Smith (Air France-KLM), Guillaume Faury (Airbus), Florent Menegaux (Michelin), Patrick Pouyanné (TotalEnergies), Luc Rémont (EDF).... peu importe le secteur, recensait Le Monde en janvier, le patronat enrage comme un seul homme (cis, hétéro, blanc, vieux, très riche, détestable), pointant d'un doigt tremblant les mêmes moulins : "taxes", "règlements", "bureaucratie", "Union européenne", "écologistes", et tout embryon d'obstacle à leur frénésie d'accumulation parasitique. En agitant, encore et toujours, le chantage à la délocalisation, comme un conjoint toxique qui nous menacerait de mort lorsqu'on veut le quitter.

Le 26 mai, c'était Alexandre Saubot, président de France Industrie, qui s'épanchait dans Les Echos (l'un des journaux de Bernard Arnault) pour une prophétie à mi-chemin de la victimisation et de la "dernière sommation" (la formule vient du titre) : les grandes fortunes de France, petits êtres d'une fragilité cristalline, quitteront le pays si le harcèlement administratif et fiscal ne s'arrête pas immédiatement. Pensez donc : le pauvre Bernard a perdu près de 90 milliards de dollars depuis 2023 et dégringole de six places au classement Forbes. Son groupe a touché 275 millions d'euros de subventions publiques, et remercie l'État en mettant 1200 employé·es à la porte. Pendant ce temps, les bolchéviques de Bercy effacent 320 millions d'euros de pénalité fiscale à Vincent Bolloré. Dans la France de Macron, les grandes fortunes vivent dans l'angoisse permanente de la collectivisation.

Il faut entendre le niveau de radicalisation des éternels ingrats du capitalisme, lorsque le néolibéralisme délirant qui caractérise le macronisme ne suffit plus. Lorsque huit ans de privatisation, de rabotage des dépenses publics, de crédits d'impôts aux entreprises, de suppressions de fonctionnaires et de transfert de capitaux publics vers l'actionnariat et les grandes fortunes, huit ans d'une politique au service des plus riches qui ont fait de la France le deuxième pays le plus favorable aux milliardaires au monde et le premier pays européen pour le versement de dividendes (+31% entre 2017 et 2023) et ramené la société française à un régime d'inégalités de patrimoine inédit depuis le XIXe siècle, ne suffisent plus. Lorsqu'un banquier sans expérience politique, fabriqué par un collège de milliardaires patrons de médias et par le cabinet de conseil McKinsey, un homme façonné pour devenir l'équivalent politique de l'astéroïde Chicxulub, le missile à tête chercheuse des intérêts de l'aristocratie envoyé au cœur des institutions de l'État social, ne suffit plus.

Huit ans après l'impact, les 500 plus riches n'ont jamais eu autant d'argent - 1228 milliards d'euros en 2024, soit 45% du PIB. Leur fortune a triplé en dix ans, et doublé sous Macron. Jamais dans l'histoire démocratique française un si petit groupe de parasites - dont 80% étaient des héritiers en 2021 -  et n'ont donc d'autre talent que celui d'être nés au bon endroit - n'a détenu autant de pouvoir financier. Jamais la tumeur du capital ne s'est à ce point étendue sur les existences collectives, jamais sa violence intrinsèque – son brutalisme, dirait l'historien camerounais Achille Mbembe – n'a autant gouverné l'entièreté des rapports humains. Mais ça ne suffit plus. L'accumulation éternelle ne suffit même plus. Alors quoi ?

Stérin, le post-néolibéralisme

Comme le résume brillamment Romaric Godin sur Mediapart, l'alignement de Bernard Arnault et de la meute du grand capitalisme "français" sur la ligne trumpo-muskienne, dans un contexte de ralentissement économique, n'est pas qu'un strict calcul pécuniaire. C'est une démonstration d'adhésion à un projet à la fois économique, politique et civilisationnel. La haine des "régulations", la "liberté" conçue avant tout comme la liberté d'exploiter et d'accumuler, le mépris fondamental pour les structures de distribution collectives de pouvoir. La ligne économique de l'internationale extrême-droitière, de Meloni à Orban en passant par le tronçonneur Milei. Le club des anarcho-capitalistes triomphants, dont l'épicentre se situe désormais... à Washington, où  El Profesor Donald Trump et son équipe de mercenaires en stage d'observation terminent ce que The Atlantic appelle un"braquage planétaire historique". Et le grand capitalisme se dilue tranquillement dans le grand banditisme.

Le projet de nos milliardaires n'est donc pas du "simple" libertarianisme, compris comme la volonté de destruction pure et simple de l'État pour sauvegarder ses intérêts financiers; c'est une volonté, comme aux États-Unis, de coup d'État ploutocratique. Un assujettissement violent des structures institutionnelles à un projet qui vise non seulement l'accroissement absolu des richesses mais l'écrasement des identités subalternes par un régime autoritaire et xénophobe.  Que la classe des seigneurs vomisse nos existences de péons, ça fait partie de son code source historique; qu'elle s'autorise à nous le hurler à la gueule dans la presse magazine nationale, c'est déjà plus révélateur de l'atmosphère. Les ultra-dominants n'ont pas oublié la lutte des classes, et savent exactement quoi sacrifier pour conserver leurs infinis privilèges de rapaces. Ils le savent depuis longtemps : il suffit d'ouvrir Les irresponsables, de l'historien Johann Chapoutot, pour redécouvrir la compromission des industriels allemands, autrichiens et français (les "modernistes réactionnaires", pro-business mais anti-démocratie, identifiés par l'historien Jeffrey Herf) vis-à-vis du régime nazi, lui aussi obsédé par la performance, l'efficacité et le ROI.

Alors, dixit Basta!, le patronat français se prépare une nouvelle fois à collaborer. En 2025, cette nouvelle mutation du pouvoir économique a le visage dePierre-Édouard Stérin, apparu subitement en juillet 2024 après une série d'enquêtes de l'Humanité, de L'Obsoù des petites voix du RN le décrivent comme "d'extrême-droite" (sic), et du Monde. Milliardaire fan d'Elon Musk mais surtout de Peter Thiel, "patriote" exilé fiscal en Belgique et dirigeant d'une entreprise immatriculée en Irlande, catholique en croisade contre les "restrictions de liberté" (en réalité, le fait de payer des impôts à la collectivité), manieur de concepts d'extrême-droite comme la "rémigration" et le "Grand Remplacement",  Stérin est prêt à claquer 150 millions d'euros sur dix ans via son plan Périclès, sorte de Project 2025 version tradi hexagonale. Objectifs : transformer le RN en parti pro-business (pas gagné), former 2000 candidats aux municipales de 2026 et, désormais, porter Retailleau au palais de l'Élysée. Pas par amour de la classe politique - qu'il trouve "médiocre", et particulièrement au RN, ce qui démontre une certaine lucidité -, mais parce que la France présente "une opportunité de marché extrêmement intéressante"

Retailleau, le nouveau favori du patronat ensauvagé, est donc un actif, un investissement parmi d'autres pour ce nouveau parrain de l'homophobie, du racisme, du nationalisme chrétien et même de la technocritique d'extrême-droite (coucou "Souveraine Tech"). Le risque d'ingérence est tel qu'à l'heure d'écrire ces lignes, une commission d'enquête sur l'organisation des élections tente de convoquer Stérin. Raté : le "patriote" ne s'y présente pas. Trop occupé, peut-être, à parler déclin civilisationnel avec Kevin Roberts, président du think tank étasunien Heritage Foundation (à l'origine de la magna carta trumpiste Project 2025), de passage à Paris fin mai pour entretenir cette Internationale de l'oligarchie réactionnaire.  Ou à plancher sur son gramscisme réac' en réalité virtuelle.

A mort l'efficacité!

Humez alors le fond de l'air médiatique. Tant pis si la démocratie n'est pas une entreprise, si un gouvernement n'est pas un conseil d'administration, si le citoyen est l'inverse de l'employé, si l'existence humaine est la négation de l'efficacité, si la dignité collective est incompatible avec la sociopathie du projet capitaliste d'appropriation de l'inappropriable. Le grand patronat n'évolue pas dans le monde des faits mais dans celui des désirs. Lorsqu'il rêve un peu trop fort, nos existences trinquent. Regardez alors s'imposer dans nos médias le même cadrage autoproclamé "libertarien", mensonger et imbécile, que celui émis par Musk, Peter Thiel et Curtis Yarvin, héritiers directs du théoricien néolibéral Milton Friedman et de la romancière libertarienne Ayn Rand : la démocratie ou le capitalisme. Le putsch ou la fuite. La violence ou le séparatisme. Pas d'alternative. On connaît la musique.

Humez, humez le fond de l'air politique. Sentez l'odeur de pourriture trumpiste qui plane sur la macronie terminale lorsqu'Amélie de Montchalin prévoit la suppression d'un tiers des agences d'État en 2026 au moment où DOGE équarrit l'administration des États-Unis. Sentez-la lorsque Macron évoque la "location" de places de prison à l'étranger (le mot juste, c'est "déportation carcérale") au moment où Trump externalise son goulag, lorsque Darmanin ressuscite le bagne en Guyane et que Retailleau parle de "mexicanisation" de la France, au moment où la Gestapo cagoulée de l'ICE étasunienne (agence de police douanière) enlève et disparaît ses concitoyen·nes latinos par dizaines. Écoutez Wauquiez et Bock-Côté, là, dans les ghettos insalubres du pluralisme d'idées, étiqueter l'État de droit comme un obstacle à leur "démocratie" - celle dont l'appareil institutionnel garantirait aux possédants le droit inaliénable de continuer à posséder, et à nos existences violentées l'assurance de le rester éternellement. Guettez dans les débats nationaux et internationaux les échos lugubres de Carl Schmitt, juriste nazi et théoricien d'un autoritarisme conservateur,  que Macron cite déjà en VO et que le vice-président étasunien JD Vance réhabilite joyeusement. 

Nous y sommes. Écoutez-les rêver à voix haute d'un régime où l'État n'est plus qu'une armée postée aux frontières, une police migratoire dispersée sur le territoire et un réseau de prisons sous-traitées aux confins de l'Empire. Un régime où la population française vit encorsetée dans un espace normatif traditionaliste, genré, racisé et étiqueté par le Dieu des catholiques, pendant que le capital transnational jouit d'une liberté sans entraves. Regardez la dystopie patronale française made in USA se dresser, aboyante et furieuse, sur le chemin de nos avenirs.

Lire sur arretsurimages.net.