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tcr11
La chronique était brève mais intéressante. Je suis ex-fumeur, j'ai arrêté il y a presque 2 ans du jour au lendemain (jour de l'an, une bonne résolution qui a marché !). 2 choses m'ont motivées : vivant au Royaume-Uni, le prix déjà très élevé augmentant très régulièrement, et les effets de plus en plus visibles sur mon activité sportive et santé en général.
Je voudrais revenir sur plusieurs points:
- La "réactance": elle doit être très vraie. Je pense que dans beaucoup de cas la décision d’arrêter doit être personnelle même si influencée, mais ne pas paraître comme étant demandée ou exigée.
- Un point important dans la chronique de Sébastien Bohler: il compare la puissance addictive de la cigarette à l’héroïne et véhicule donc le message sous-jacent qu'il est difficile voire très difficile d’arrêter. Nous connaissons tous un ou des fumeurs qui ont tenté une ou plusieurs fois d’arrêter sans succès. Mais l’échec est pardonné car la tâche si délicate ! Je ne dis pas que stopper la cigarette est facile, il faut de la volonté et de la persévérance, mais il faut en finir avec les messages qui disent que c'est super difficile, surtout si ça fait longtemps qu'on fume etc... Je rejoins Sébastien Bohler dans la fin de sa chronique ou il évoque les idées de faire passer des messages positifs, c'est même impératif.
En aparté, il serait intéressant de comparer les campagnes ou politiques de la France avec celles du Royaume-uni qui ont eut plus de succès et où la cigarette est de plus en plus impopulaire. Jean-Marc Jancovici dirait par exemple que le prix de l’énergie est la solution majeure à plus d’efficacité et de sobriété, je ne suis pas loin de penser qu'un prix de la cigarette fortement en hausse inciterait plus de personne a arrêter. -
Pif
La nature de la similitude entre l'addiction à la nicotine et à l'héroïne semble ici floue, parce qu'il faut bien avouer que je n'ai jamais eu ni ne connais personne qui aie subi une crise de manque de cigarette comparable à une crise de manque d'héroïne (tout au plus une irritabilité, même très forte).
Ceci dit, je vais mettre l'argument général de Sébastien en parallèle avec cet axiome d'Allen Carr (qui a écrit une méthode de re-lavage de cerveau anti-cigarette) : "Les gens ne fument pas pour les raisons qui font qu'ils devraient arrêter de fumer" - ces dernières ne sont donc pas vraiment un levier. -
Vincent Fournier
Tiré de
http://www.catie.ca/fr/pdm/automne-2011/les-campagnes-basees-peur-progres-ou-recul
De très nombreuses recherches ont été menées sur l’efficacité des campagnes basées sur la peur. La meilleure façon d’examiner les résultats obtenus consiste à réaliser une méta-analyse, c’est-à-dire une synthèse des constatations et résultats issus de l’ensemble des études menées sur le sujet ou sur un sujet connexe. Cette façon de faire permet d’obtenir une réponse plus fiable lorsqu’il s’agit de déterminer si une chose (dans le cas présent, les campagnes basées sur la peur) est efficace.
La plus importante méta-analyse réalisée à ce jour combinait les résultats de 98 études portant sur les différents types de réactions comportementales induites par les campagnes basées sur la peur – telles que les campagnes sur la sexualité à risques réduits, contre l’alcool au volant ou antitabac. Si l’on se fie aux résultats de cette méta-analyse, les campagnes basées sur la peur engendrent un changement minime, mais statistiquement significatif, dans les attitudes et comportements des gens. D’après les auteurs, la peur aurait un effet relativement faible, mais constant, sur les attitudes, les intentions et les comportements.6
Toutefois, une part importante de la recherche sur l’efficacité des campagnes basées sur la peur comporte des lacunes, notamment parce que bon nombre des études sur le sujet ont été menées auprès d’étudiants dans des laboratoires universitaires. La recherche en laboratoire ne se déroule pas dans les mêmes conditions que celles qui ont cours dans le monde réel. Par exemple, en laboratoire, on ne peut pas choisir de ne pas voir les messages, alors que dans le monde réel, il est relativement courant de fermer les yeux sur ce que l’on ne veut pas voir. En outre, les étudiants qui participent à ces recherches peuvent ne pas être représentatifs du public cible de la campagne. Le public cible aurait-il réagi de la même manière? Enfin, la plupart des études menées à ce jour évaluent les effets à court terme des campagnes basées sur la peur (généralement, dans les trois à six mois suivants la campagne). Impossible de savoir, donc, si le changement de comportement observé perdure au-delà des quelques mois qui suivent la campagne.
Lire la suite, très intéressante et centrée sur la prévention de la transmission du VIH -
didierR
Pour aller dans le sens de Sébastien, je voudrais témoigner.
J'ai cessé de fumer (50 cigarettes par jour depuis plus de 20 ans) en 2001 grâce, entre autre, à une campagne sur les radios (France Inter pour ne pas la nommer) qui faisait intervenir une tabacologue à la voix douce qui expliquait qu'on pouvait y arriver, qu'il fallait essayer plusieurs fois avant d'y arriver, en parler, se faire aide, etc...
Et moi, qui me pensais incapable d'arrêter, j'ai lentement, insidieusement, commencé à croire que cela était possible.
Et une fois que vous le croyez, alors cela devient possible. Difficilement, mais cela marche (aidé de patchs et autres gommes et d'un médecin plus perspicaces que d'autres qui a su également décelé quelques mois après un début de dépression rapidement circonscrit). -
Titou
Pourquoi personne ne demande une législation plus importante sur le contenu des cigarettes ?
Selon les paquets la teneur en nicotine et en agents de texture et de saveur souvent ajoutés pour renforcer la dépendance du fumeur, varie de manière très importante :
Exemples que j'avais relevés y'a quelques temps :
Paquet 1 :
Tabac : 89,5%
Papier à cigarette : 5,5%
Agents de texture,de saveur et conservateur : 5%
Goudrons : 1 mg
Nicotine 0,1 mg
Monoxyde de carbone : 2 mg
Paquet 2 :
Tabac : 93,5%
Papier a cigarette : 6,5%
Agents de texture,de saveur et conservateur : 0%
Goudrons : 10 mg
Nicotine: 0,1 mg
Monoxyde de carbone : 10 mg
Si on imposait une teneur en nicotine de 0,1 mg pour tous les paquets par exemple, je pense qu'on réduirait de manière sensible la dépendance chez un certain nombre de fumeurs.
On a l'impression que le législateur part du principe que la clope étant par essence dangereuse, il est inutile de légiférer sur son contenu, de limiter toutes les merdes volontairement ajoutées pour rendre le fumeur rapidement dépendant.
Je pense que c'est une grave erreur... -
Bruanne
Sébastien, pendant l'émission vous demandez si les montants sur le compte suisse sont connus car vous émettez l'hypothèse que Cahuzac aurait pu avoir un compte en Suisse très peu alimenté.
C'est pour rire, hein ?
Le type, il est chirurgien esthétique, il a sa clinique, il a bossé avec les labos pharmaceutiques il y a plus de 10 ans et vous envisagez sérieusement qu'il aurait ouvert un compte en Suisse pour une somme ne prêtant pas à conséquence ? mais pour quelle raison l'aurait-il ouvert alors ?
Médiapart prétend qu'il est malhonnête, vous vous le prenez carrément pour un con là.
Quel processus peut vous inciter à lui chercher des excuses aussi farfelues ? -
hsyl20
Est-ce qu'il serait possible d'avoir les références des articles de neurologie mentionnés en première partie d'émission sur le fait que les riches ne cherchent pas à atteindre un seuil de richesse au delà duquel ils pourraient se dire qu'ils en ont assez mais à avoir plus que tous les autres ? -
Florence Arié
Il y a des décennie que Svevo a bien décrit la psychologie autour de la cigarette dans l'extraordinaire 1er chapitre de La conscience de Zeno -
Strumfenberg ( Aloys von )
L'échec des campagnes anti-tabac repose sur une erreur simple: Essayer d'arrêter, alors qu'il suffit de réussir.oui, je vais me coucher -
Kao
La fin est très intéressante et pourrait donner lieu à une réflexion plus globale, car cette logique de faire réagir par la peur me semble dépasser le domaine médiatique. Je le trouve notamment très prégnant dans le domaine de la santé. J'ai un souvenir impérissable d'une visite à la médecine du travail où le médecin m'avait asséné que j'allais mourir parce que je fumais et que je prenais la pilule... Autant dire qu'en sortant du cabinet, j'en ai tout de suite griller une. Ce docteur était absolument incapable de m'expliquer posément les risques conjoints de la pilule contraceptive et du tabac comme si j'étais une adulte responsable. Il ne savait qu'asséner son argument d'autorité ; je suis médecin et je sais qu'ainsi vous allez mourir.
Et ce type d'argument ne se limite pas au tabac. Lors d'une visite à la maternité, j'exprimais mes angoisses face à la futur naissance de mon bébé et le seul argument qui m'a été répondu était : "Arrêtez de stresser sinon vous allez accoucher prématurément." Autant dire qu'après, j'étais tout à fait rassurée.
Dans le domaine médical, j'ai quasiment toujours senti une attitude infantilisante de la part des soignants qui n'est pas de nature à renforcer la confiance en soi qui est essentielle dans un domaine comme l'arrêt du tabac, mais pas seulement. -
gripho
@poisson : on dit effet nocebo.
Sinon, un post intéressant sur l'aspect économique de la lutte anti-tabac chez Econoclaste : http://econoclaste.org.free.fr/dotclear/index.php/?2012/12/13/2058-le-tabac-revient -
desaparecida
La prochaine émission sera-t-elle sur les politiques de lutte contre le tabac ? Ca me plait bien, en tant qu'ex fumeuse.
Sinon, le professeur Mollimard a beaucoup a dire sur la lutte anti-tabac est son discours est extrêmenent critique sur l'action du gouvernement, depuis longtemps. Ces ouvrages et ses interventions me semblent particulièrement pertinentes. -
poisson
Le pire est que notre inconscient est tellement bête et discipliné que les spots, ou les photos sur les paquets, qui prédisent la mort du fumeur ont peut être un effet obecalp (je ne sais pas comment on dit un placebo qui rend malade sans le faire exprès, au lieu de soigner sans le faire exprès).
Paroles d'une chanson qui dit qu'on ne peut rien faire:
mais c'est vrai que le goût dans la bouche, c'est une bonne motivation.., enfin pour mâcher du chewing gum ou pour arrêter au choix.
Si je fume comme un trou
entre deux quintes de toux
si tu crains ma mise en bière
ne dis rien j'ai déjà peur
tu ne peux rien faire
Mais simplement
pour que revienne
le goût perlé de nos tendres pelles
embrasse moi, embrasse moi
je ne vois que ça
(Albin de la Simone)