Zemmour : Aphatie (Europe 1) tape sur RTL
La rédaction - - 0 commentairesJean-Michel Aphatie, dénonciateur pugnace des "intérêts financiers" et de la "recherche d’audience" des médias... une fois qu'il les a quittés ?
Le journaliste politique, passé par Le Parisien, L'Express, Le Grand Journal, RTL et Europe 1, s’est fendu d’un long article de blog titré "Eric Zemmour et les contradictions de la presse française". Il y revient sur les condamnations du polémiste pour "provocation à la haine raciale" en 2011 (pour avoir justifié les discriminations à l’embauche) et le 17 décembre dernier, dans l’affaire du Corriere della Serra (@si vous en parlait ici).
Aphatie s’étonne que le "racisme assez caractérisé" de Zemmour ne pose pas plus de problème pour ses employeurs : RTL, Paris Première et Le Figaro. Seule i-Télé avait effectivement choisi en 2014 de se séparer du polémiste après ses propos sur les musulmans dans le journal italien.
Son explication ? Zemmour, ça marche. "Parmi tous les employeurs d’Eric Zemmour, et aussi des responsables d’émission qui l’invitent sur son plateau, existe le sentiment qu’Eric Zemmour, parce qu’il exprime cette part rance et noire de la pensée française, doit pouvoir continuer à le faire, non pas au nom de la démocratie, puisque la justice condamne ses propos, mais au nom de ce qu’il faut bien nommer des intérêts financiers, une recherche d’audience, un apport de notoriété", détaille le journaliste d'Europe 1.
Reste qu’Aphatie a "cohabité pendant des années sur la même antenne qu’Eric Zemmour", RTL. Il s’en explique : "Après tout, j’aurais pu la quitter au moment de son arrivée, initiée par Christopher Baldelli, mais je jugeais à l’époque paradoxal de me détacher de cette entreprise à laquelle j’étais attachée, précisément à cause de la venue d’Eric Zemmour." Aphatie assure avoir mis "des barrières, des digues fragiles" entre lui et le polémiste, même s’il reconnaît lui-même qu’elles étaient "d’une certaine manière insignifiantes". "J’ai par exemple refusé de débattre avec Éric Zemmour sur l’antenne de RTL, à chaque fois que la direction m’en a fait la proposition, assure-t-il. Après une chronique sur RTL où Zemmour évoquait des "bandes de Tchétchènes, de Roms, de Kosovars, de Maghrébins, d'Africainsqui dévalisent, violentent ou dépouillent", Aphatie raconte qu'il refusait dès lors "de le saluer" lorsqu'il le "croisait dans la rédaction".
La "complaisance" de RTL
Comme pour Le Grand Journal (qu’il a critiqué après l’avoir quitté), RTL, qu'il a quitté cet été, en prend pour son grade. "Une radio dont le slogan "Vivre ensemble", s’accommode tout de même assez mal des sentences judiciaires [de Zemmour]", lance Aphatie. Dans son viseur, le manque de réactions de la direction de la radio. "La phrase [sur les bandes], d’une rare brutalité, ne suscitera aucun commentaire de la part des dirigeants de RTL qui feront semblent de ne pas l’avoir entendue sur leur antenne." Pire : "RTL [a accordé] à Éric Zemmour cinq minutes d’interview d’une grande complaisance qui permettent au journaliste incriminé de se poser en victime d’un soi-disant système qui veut le bâillonner." Sauf qu’Aphatie oublie une chose : dès 2008, et jusqu’en 2014, il faisait partie de cette direction, puisqu’en plus d’être chef du service politique, il était surtout directeur adjoint de la rédaction de RTL. Reste une question : Aphatie serre-t-il la main de Morandini lorsqu'il le croise dans les couloirs ? Quand Aphatie aura quitté Europe 1, on peut s'attendre à bien des révélations sur la station.