Yémen : un hôpital de MSF bombardé

Justine Brabant - - Silences & censures - 0 commentaires

Après son hôpital de Kunduz, en Afghanistan, bombardé par l'armée américaine début octobre, c'est un deuxième coup dur pour Médecins sans frontières : un hôpital qu'elle soutenait dans le nord du Yémen a été également bombardé, cette fois par la coalition menée par l'Arabie Saoudite.

Le message aurait pu être écrit il y a un mois. "Le bombardement de civils et d'hôpitaux est une violation du droit humanitaire international", alerte l'ONG Médecins sans frontières (MSF). Une référence au bombardement de son hôpital à Kunduz, en Afghanistan, qui avait fait 22 morts dans la nuit du 3 au 4 octobre ? Non : l'ONG réagit à une nouvelle frappe ayant touché hôpital qu'elle soutient, cette fois dans le district d'Haydan, au Yémen. La frappe ne venait cette fois pas des Etats-Unis, mais de la coalition menée par l'Arabie Saoudite, en guerre au Yémen depuis mars 2015.

Photo du centre de santé détruit diffusée par MSF le 27 octobre

Hormis la différence de statut de l'hôpital (directement géré par MSF en Afghanistan, simplement soutenu par l'ONG au Yémen), le scénario ressemble fortement à celui de Kunduz : des bombardements répétés (ils auraient duré deux heures à Haydan) sur un bâtiment pourtant clairement identifié. "Les coordonnées GPS ont été régulièrement transmises à la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et le toit de l’hôpital était clairement identifié avec un logo MSF", indique l'organisation dans un communiqué.

Cette attaque contre une infrastructure de santé connaîtra-t-elle les mêmes suites médiatiques que le bombardement de Kunduz ? Après les frappes contre son hôpital afghan, la communication offensive de l'ONG combinée à la mobilisation de la presse américaine avaient contraint les autorités américaines à s'expliquer, et Barack Obama à présenter ses excuses.

Le bombardement au Yémen intervient alors que MSF tente d'alerter sur la situation critique dans ce pays, où elle est la dernière ONG internationale à intervenir. L'organisation a ainsi permis à un photoreporter français, Guillaume Binet, d'entrer au Yémen et d'y travailler plusieurs semaines afin de documenter les conséquences des bombardements et des affrontements entre miliciens Houthis et "résistance du Sud" fidèle au président Hadi.

L'occasion de (re)voir notre émission sur le bombardement de l'hôpital de MSF en Afghanistan et de relire notre article sur le travail compliqué des journalistes et photographes au Yémen : "Yémen, la guerre inaccessible".

Lire sur arretsurimages.net.