Von Choltitz 1944 : capitulation et recadrages

Alain Korkos - - 0 commentaires

Aujourd'hui 25 août, soixante-dixième anniversaire de la Libération de Paris. Libé (le journal) en rendait largement compte dans son édition du ouiquinde avec, entre autres, la fameuse photo de la reddition du général Dietrich von Choltitz :


Photo célèbre figurant dans de nombreux livres d'Histoire et manuels scolaires qui mérite une attention particulière car maintes fois recadrée, manipulée. Elle est censée nous montrer le général von Choltitz signant, le 25 août 1944, sa capitulation à la gare Montparnasse. En vérité, la chose n'est pas si simple. Von Choltitz a signé ce document dans les locaux de la Préfecture de police (boulevard du Palais), où aucun photographe n'était présent pour immortaliser l'événement.

Von Choltitz a ensuite été emmené à la gare Montparnasse, au QG du général Leclerc. Là, dans le bureau 32 au-dessus de la voie 3, il déclara qu'il souhaitait récupérer sa cantine d'effets personnels restée à l'hôtel Meurice où il résidait. Le capitaine Betz, interprète du général Leclerc, lui suggéra d'écrire un petit mot à cet effet. Von Choltitz l'écouta, et c'est au moment où il rédigeait sa requête qu'un photographe américain fit cette photo qui sera plus tard légendée comme montrant la capitulation du général.

Si l'on examine le cliché, on s'aperçoit que l'Allemand écrit sur un petit bout de papier :


Et voici le document officiel avec les signatures du général Leclerc, du général von Choltitz et du colonel Rol-Tanguy, d'un format visiblement très différent :


Cette photo, qui ne nous montre pas la capitulation de Von Choltitz mais sa demande de récupération d'une malle, a souvent été recadrée et c'est ainsi qu'on le sent de plus en plus contraint, acculé à la reddition :


Mais la photo existe aussi dans des plans plus larges ! On peut ainsi découvrir le capitaine Betz debout à gauche…


… voire le sous-lieutenant Braun, de l'état-major de la 2ème DB, assis à droite et souriant :


On voit par là que recadrage et légende sont les deux mamelles du langage de l'image, manipulée…



L'occasion de lire ma chronique intitulée Une guerre contre l'oubli où il est question de Paris assiégé.

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