Vierges détournées : expo interrompue dans une galerie de Toulouse

Laure Daussy - - 0 commentaires



Des statues de Marie détournées, repeintes en Mario ou avec une moustache.Devant les critiques de plusieurs catholiques, une galerie toulousaine a cessé d’exposer des œuvres de la plasticienne Soasig Chamaillard. L’information est parue dans la Dépêche du midi et dans les Inrocks.

La galerie exposait cinq œuvres de l’artiste nantaise Soasig Chamaillard, des vierges grimées en "super mario", ou encore une vierge avec une moustache. Après avoir reçu centaines de mails de critiques, et trois crachats sur sa vitrine, la galerie a décidé de cesser d'exposer ces oeuvres.

Contacté par @si, le responsable de l’exposition, Thomas Chabaud explique: "On n’avait pas imaginé que les critiques prendraient une telle ampleur. On a décidé qu’on ne pouvait pas continuer, on se mettait à dos une partie trop importante de la population toulousaine". Un manque de courage de la galerie face aux pressions ? "C’est la différence entre un musée et une galerie, il y a un aspect commercial que n’a pas un musée, on ne peut pas se permettre de se mettre à dos trop de monde", explique-t-il.

Dans la Dépêche du Midi, le directeur de la galerie Alain Daudet expliquait: "J’étais agressé verbalement tous les jours. Certains venaient régulièrement pour protester contre le travail de Soasig Chamaillard. Combien de fois ai-je entendu «C’est scandaleux ce que vous faites !». Sans oublier les crachats sur ma vitrine".

La galerie a envoyé un courrier en réponse aux mails critiques pour "s’excuser" pour "l’offense", en expliquant que d’autres œuvres ont également pu choquer à leur époque, comme Le jugement dernier de la Chapelle sixtine. Dans un second mail, le directeur de la galerie explique sa décision de retirer les œuvres : "Mon intention n'étant pas d'être offensant, j'ai décidé, aujourd'hui de les retirer car jugées trop éloignées de l'image sacrée de notre Vierge Marie." L'artiste Soasig Chamaillard estime de son côté que la galerie “a fait ce qu’elle a pu, avant de jeter l’éponge en voyant les choses s’empirer”.

"ces ultra-catholiques doivent vivre dans un autre monde"

Dans ses oeuvres, l'artiste détourne et réinvente les icônes chrétiennes. “Un jour, mon père m’a offert une sainte vierge cassée, j’ai commencé à la transformer, à la replacer dans une époque, mon époque. Pour moi, la figure du super-héros masculin, c’est fini, j’ai voulu replacer la femme au centre de la société”, raconte-t-elle aux Inrocks. Elle déplore l'attitude de ceux qui ont fait fermer l'expo. “Ces ultra-catholiques doivent vivre dans autre monde, un monde qui n’est pas le mien. J’ai été éduquée dans une école laïque, on y avait des cours d’arts plastiques et l’on a étudié des tableaux qui ont choqué à une époque, ce qui ne les empêche pas d’être dans les livres scolaires aujourd’hui. C’est comme si l’on ne pouvait plus parler ni de sexe, ni de religion aujourd’hui en France.”


L'artiste expose déjà ses oeuvres dans une galerie à Nantes, et avait déjà subi des pressions de la part des milieux ultra-catholiques, Alain Korkos nous en parlait ici.


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