Vidéos djihadistes : Facebook bientôt contraint par le gouvernement ?
La rédaction - - Nouveaux medias - 0 commentairesDepuis les attaques du 13 novembre, Facebook fait face à de nombreuses critiques. En cause : sa politique de modération des vidéos djihadistes, jugée contradictoire par de nombreux internautes. Un amendement, voté le 19 novembre dans le cadre de la prorogation de l'état d'urgence, pourrait cependant contraindre Facebook à se plier aux exigences du gouvernement français.
Le "Safety Check", ce mécanisme mis en place quelques heures après les attaques de Paris pour permettre aux utilisateurs de Facebook de signaler à leurs proches qu'ils étaient en sécurité, ou la possibilité de superposer à leur photo de profil le drapeau français, n'auront donc pas suffi.
Une semaine après les attentats, "la grogne monte face aux choix de modération étranges de la compagnie de Mark Zuckerberg, d’un côté prompte à soutenir la France, mais en modérant aveuglément quand il s’agit du mot «ISIS», et d’un autre côté, réticente à supprimer les vidéos à contenu djihadiste", note Le Monde.
L'auteur du livre Homo Cooperans 2.0, le Belge Matthieu Lietaert, a par exemple publié sur son blog une tribune, très partagée et reprise par le Huffington Post, intitulée : "Facebook me dit que cette vidéo de propagande jihadiste ne lui pose pas de problème". Dans celle-ci, le blogueur s'interroge sur l'attitude de Facebook vis à vis d'une vidéo djihadiste postée en février 2015 par un média italien, devenue virale après les attaques de Paris. "Une seule pensée me vient à l'esprit : une telle video ne peut tout simplement pas faire le buzz. Et encore moins juste après ces événements. Pour éviter d'ajouter de l'huile sur le feu, je décide de contacter Facebook pour signaler son aspect viral". Réponse de Facebook, le lendemain : "Merci d'avoir pris le temps de signaler un discours de haine, nous l'avons analysée et nous estimons qu'elle n'enfreint pas nos règles d'utilisation".
Comment expliquer cette décision ? Si les standards communautaires semblent très explicites ("Facebook supprime tout discours incitant à la haine", le règlement précise aussi que "partager certains contenus ne signifie pas forcément le cautionner". Et d'autres termes : si la personne partage un contenu haineux pour le dénoncer, la vidéo n'est pas supprimée par Facebook. Ce qui pourrait expliquer le maintien en ligne de la vidéo, selon Le Monde.
Un amendement pour contraindre Facebook ?
La vidéo en question a finalement été supprimée, mais uniquement en France et à la demande du gouvernement. Et ceci pourrait n'être qu'un début. L'Assemblée nationale a en effet voté, jeudi 19 novembre, un amendement permettant au ministère de l'Intérieur "d'assurer l'interruption de tout service de communication au public en ligne provoquant à la commission d'actes de terrorisme ou en faisant l'apologie". "Ce qui s’étend, en droit, aux réseaux sociaux", précise Le Monde.
L'occasion de voir ou de revoir notre entretien avec l'ancien juge anti-terroriste Marc Trévidic, tournée en octobre 2014 : "Facebook doit supprimer les comptes djihadistes".