Varoufakis / BBC : "Jamais entendu de reportage aussi inexact"
La rédaction - - 0 commentaires Voir la vidéoYanis Varoufakis apprend vite. Interviewé ce week-end sur la chaîne anglaise BBC, le nouveau ministre des Finances du parti Syriza n'a visiblement pas apprécié toutes les questions posées par l'animatrice Emily Maitlis. Et a tâché de lui faire savoir, sans jamais perdre son sang froid.
Le nouveau ministre des finances grec était partout ce week-end. A Athènes, aux côtés du président de l'Eurogroupe pour une poignée de mains déjà culte. A Paris, aux côtés de Michel Sapin pour une conférence de presse commune. Et aussi sur la BBC, en duplex depuis une terrasse de la ville d'Athènes. Une interview qui commence par un petit portrait du nouveau ministre, bien déterminé à effacer la dette de son pays et faire plier l'Allemagne.
D'où la question, sans détour, de l'animatrice, bien décidée à faire cracher le morceau à Varoufakis : "Donc c'est un non ? Vous n'accepterez pas de rembourser la dette ?". Réponse : "Je sais que les journalistes aiment bien la confrontation mais ce n'est pas mon cas (...) Cette crise en Europe dure depuis cinq ans et a eu des conséquences désastreuses, pour l'intégrité même de l'Europe. Et les seules personnes qui en bénéficient pour l'instant sont les anti-européens, les misanthropes, les racistes, les fascistes et les ultra-nationalistes. Nous voulons mettre un terme à cela et avoir une discussion rationnelle avec nos partenaires".
La journalisme ne se désarme et repose la question, dans un autre sens : "Vous avez dit que vous ne négocierez pas avec la Troïka, est-ce bien vrai ?". On sent cette fois le ministre déjà un peu plus remonté : "Je dois vous avouer que même si je suis un grand fan de la BBC, je n'ai jamais entendu de reportage aussi inexact. Je n'ai jamais dit que je ne voulais pas discuter avec nos créanciers. J'ai même déclaré exactement le contraire". Rien toutefois qui puisse convaincre l'animatrice, manifestement déterminée à révéler les ambiguités du discours de Syriza. Mais Varoufakis ne se désarme pas, ni sur l'ambiguïté (qui résiderait davantage selon lui dans les reportages de BBC que dans le programme de son parti), ni sur l'Allemagne avec qui, aussi fou que cela puisse paraître, il souhaite travailler.
Pensant (enfin) coincer son invité, Maitlis lui demande son avis sur les positions de son allié Kammenos, qui a déclaré que les juifs grecs payaient moins d'impôts et bénéficiaient d'un traitement privilégié (en réalité, comme @si l'expliquait ce week-end, c'est un peu plus compliqué que cela). Réponse de Varoufakis : "Est-ce que Mr. Cameron approuve tout ce que dit Mr. Clegg ? C'est le principe de la coalition. C'est la beauté de la démocratie".
L'occasion de relire notre article : "Panos Kammenos, allié de Syriza : aux sources de sa mauvaise réputation" et la chronique de Daniel Schneidermann : "Et au premier acte, Varoufakis tua la Troïka".