Valls n'a pas accès au dossier Merah (Canard)

Laure Daussy - - 0 commentaires

Impossible pour le ministre de l'Intérieur Manuel Valls d'accéder au dossier classé secret-défense de Merah, selon le Canard enchaîné.

Si le ministre a bien déjà "eu connaissance, pour partie", des enregistrement audio de l'échange entre Merah et les policiers (dont nous parlions ici), et s'il a pu visionner la vidéo des meurtres que le terroriste avait lui-même tournée, il "n'a toujours pas eu accès au dossier Merah" établis par les services de renseignement.

Début juin, le ministre de l'Intérieur, persuadé qu'il y a eu des "dysfonctionnements" et des "failles" (nous les pointons dans notre émission), demande une "étude" sur le sujet à la Direction générale de la police nationale. La hiérarchie policière lui promet alors qu'il pourra consulter des notes classées "secret-défense", ou "confidentiel-défense" à la fin du mois de juin, raconte le Canard. Depuis, il n'y a toujours pas eu accès.

A faire attendre le ministre ainsi, "les services de renseignement jouent contre eux", estime un haut fonctionnaire de l'Intérieur. "Soit ils n'ont rien, et c'est grave. Soit ils veulent cacher quelque chose et c'est encore plus grave".

Le Canard souligne un autre point étonnant : c'est la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur), qui est chargée d'enquêter sur le déroulement des opérations, qui avaient été conduites... par la DCRI elle-même ! "Elle va donc s'autosaisir afin d'obtenir l'éventuelle déclassification de documents qu'elle détient elle-même. Pourvu qu'elle accepte", raille le journal.

Pour ajouter aux difficultés, il semble que ce soit la guerre entre les services de police. Selon le Canard, une "engueulade" a éclaté entre la DGSE (Direction générale des services extérieurs) et la DCRI lors d'un débriefing des services, quelques jours après la mort de Merah. La première reprochait à la seconde "un manque d'évaluation de la dangerosité" du terroriste.

C'est justement cette guerre des polices qui a sans doute alimentée les fuites des enregistrements des conversations entre Merah et les policiers, comme nous le racontons ici. Des fuites qui soulignent les lacunes des services de police et de renseignement, souligne Daniel Schneidermann.

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