Valls / F2 : "Pourquoi j'ai refusé d'être la femme voilée"
La rédaction - - Médias traditionnels - 0 commentaires Voir la vidéo"Je m'inquiète d'une mode, qui est celle d'un voile revendiqué".
Ce jeudi soir, invité deL’Emission politique de France 2, Manuel Valls n'en démord pas. "Il y a aujourd’hui un voile porté comme un étendard politique". Face à lui, sur le plateau: une jeune femme, voile vert posé sur les cheveux, fait de gros yeux. Attika Trabelsi, entrepreneure diplômée de Normal Sup’ et militante associative est présentée comme "musulmane" et "féministe". Confrontée au candidat, elle soupire: "Lorsque j’entends ce genre de discours, je me sens profondément blessée, je me sens humiliée."
Tenir le rôle de "la-femme-voilée" sur un plateau télé ? Très peu pour Karima Mondon. Dans un billet paru sur le site de débat Melting Book, cette professeure de lettres explique pourquoi elle a refusé, pour sa part, de participer à L’Emission politique avec Valls. "Courant décembre, je suis contactée par une journaliste de l’émission politique pour précisément «débattre» avec M Valls. La journaliste m’explique le format et le concept de l’émission car je n’ai pas la télé et je ne l’ai donc jamais vue cette fameuse émission.Nous échangeons par téléphone, puis par courriel", explique-t-elle dans son billet.
Approchée par France 2, Mondon raconte: "Eh oui, l’équipe de l’émission politique ne m’a pas contactée pour donner la parole à une citoyenne, une militante associative, une parente, une éducatrice, non, non je suis la femme voilée". Et d'ajouter : "Je refuse cette assignation à n’être que la femme voilée, le jeune, le chômeur, le gréviste…. " Le problème selon elle réside notamment dans le format de l'émission "qui donne la part belle aux politiques et réduit les citoyens à des archétypes. Ces formats qui stérilisent la pensée et empêchent tout débat." Pour elle, pas de doute : "Ce ne sont pas les journalistes qui devraient nous «offrir» cinq minutes de paroles pour servir de faire valoir aux hommes politiques. C’est nous qui devrions convoquer les hommes politiques pour leur demander des comptes sur leur gestion des affaires, leurs actions…" En septembre dernier, Mondon avait interpellé Valls dans Libé : "Monsieur le Premier ministre, laissez-moi vous dire que je refuse que vous utilisiez le tissu couvrant nos cheveux pour essuyer les plâtres de votre politique délétère. Ma France est plurielle, c’est ce qui fait sa force", écrivait-elle.