Valls-Delahousse, ondulations
Daniel Schneidermann - - 0 commentairesElève Valls, au rapport ! Que se passe-t-il ?
Il nous revient des rumeurs alarmantes à votre sujet. On murmure que vous seriez en train de flancher, vous le guerrier ! On nous a rapporté des propos peu amènes, que vous auriez tenu à l'égard des patrons. Votre ministre Macron se répandrait en expliquant que le pacte de responsabilité est un échec. Que se passe-t-il ? Retomberiez-vous dans vos vieux travers ? Vous souviendriez-vous que vous avez naguère été, j'ose à peine prononcer le mot, de gauche ? En un mot, alors qu'on vous pensait guéri, commenceriez-vous à faire de la politique ? Ne savez-vous pas que la politique doit rester en dehors de l'enceinte de l'établissement du gouvernement ? Elève Valls, rassurez-nous. Allez-vous tenir bon sur toutes ces réformes que les Français attendent, l'ouverture des magasins le dimanche ? Allez-vous déverrouiller le droit du travail ? Et les 35 Heures, hein, allez-vous enfin vous y attaquer ?
Voici donc Valls convoqué en urgence sur France 2 par un Delahousse alarmé. Valls face à Delahousse : choc frontal de deux mannequins de cire de Grévin. L'un se répète mentalement les fiches du communicant Fouks, tandis que l'autre prépositionne son index sous le menton, et travaille les ondulations de ses questions : "Est-ce que la vocation d'un Premier ministre aujourd'hui est de préparer le congrès socialiste, ou plutôt d'appliquer la politique qu'il souhaiterait réellement, d'agir pour la France ?" Ouf ! L'ai-je bien déroulée ?
Mais les méchants de l'histoire, ce ne sont pas seulement "les socialistes". Le mal est plus profond : "vous allez faire du Valls (silence savamment ondulatoire)... ou du Hollande ?" Parce que Medialand se pourlèche à l'avance de la bagarre qui s'annonce entre Valls et Hollande, lequel préparerait sa réélection de 2017 en se souvenant de l'existence de ses électeurs. Et voici Delahousse dans l'un des exercices politiques préférés des journalistes politiques, l'enfonçage du coin entre l'Elysée et Matignon : "il décide, et vous exécutez ?" A toutes ces vicieuses provocations, Valls s'évertue avec talent -de longues années d'entrainement- à ne surtout pas répondre. Mais il faut pourtant dire quelque chose, donner de la chair à l'entretien, un brin de compassionnel. A propos des ouvertures le dimanche : "Est-ce que nous souhaitons que les millions et les millions de touristes qui viennent visiter Paris partent le dimanche sur Londres pour faire leurs courses ?" Ouf. Valls est encore un peu dans Valls.