Une journaliste syrienne tuée après avoir raconté la vie sous l'EI à Raqqa

Justine Brabant - - 0 commentaires

La journaliste et militante syrienne Ruqia HassanMohammed a été tuée par le groupe État islamique, rapporte le collectif de militants syriens "Raqqa is being slaughtered silently", repris par la presse britannique. Sa mort daterait de septembre ou octobre, mais elle n'a été confirmée qu'il y a quelques jours.

Après le réalisateur Naji Jerf, c'est une nouvelle voix critique en provenance de Raqqa qui a été forcée de se taire. Le collectif de militants et journalistes syriens "Raqqa is being slaughtered silently" (RBSS, dont @si vous parlait ici) a annoncé, le 2 janvier, la mort de Ruqia Hassan Mohammed, alias "Nissan Ibrahim". La militante et journaliste ne faisait pas partie du collectif, mais partageait le même objectif : témoigner de la vie quotidienne des Syriens à Raqqa, l'une des villes syriennes occupées par l'Etat islamique.

"Née en 1985, originaire de la ville de 'Aïn al-'Arab/Kobané, sa famille s'était établie à Raqqa, où Nissan suivit ses études secondaires. Diplômée de philosophie à l'université d'Alep, elle participa dès 2011 aux activités des révolutionnaires de Raqqa, jusqu'à l'arrivée de Daech dans la ville, qui les poussa à la clandestinité. Elle a été arrêtée par l'organisation djihadiste durant le mois d'août 2015. Elle a été exécutée au mois d'octobre. Sa famille n'en a été informée que le 3 janvier 2016", détaille le blog "Un Oeil sur la Syrie", animé par le chercheur Frantz Glasman et le journaliste Nicolas Hénin.

"Son profil Facebook est resté ouvert, pour piéger les amis qui chercheraient à communiquer avec elle", indique un membre de RBSS interrogé par The Independent.

Le compte Facebook de la journaliste, avant son assassinat et son piratage supposé par l'EI
(capture : The Independent)

Le groupe djihadiste - qui est en difficulté sur certains fronts, comme à Ramadi, en Irak -, tente d'imposer un blocus total sur les informations en provenance de son fief de Raqqa. Le groupe est fortement suspecté d'être derrière les assassinats de militants de RBSS (dont certains ont été tués alors qu'ils se trouvaient en Turquie). La semaine dernière, il a diffusé une vidéo d'exécution de cinq hommes âgés de 25 à 40 ans, accusés d'avoir été payés pour récolter des informations sur l'EI à Raqqa. L'un d'eux expliquait en arabe, avant d'être exécuté, qu'il avait accepté de filmer clandestinement dans Raqqa, et que ses vidéos avaient notamment été utilisées par la BBC.

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