Un survivant de Homs : "Ne nous oubliez pas" (Le Figaro)
La rédaction - - 0 commentairesTémoignage impressionnant dans Le Figaro, d'un habitant de Homs, la ville syrienne bombardée sans relâche par les forces du régime d'al-Assad.
Abu Bakr est un jeune Syrien de 22 ans. Depuis plusieurs semaines, il fait partie des militants du centre de presse de Homs, qui se relaient pour apporter au monde des informations sur la situation dans cette ville, bombardée tous les jours . Son témoignage, recueilli par la journaliste du Figaro grâce à Skype, laisse entrevoir le danger vécu à Homs. Comme dans la vidéo d'Édith Bouvier, l'échange téléphonique semble avoir été entrecoupé de détonations.
Abu Bakr explique être rentré dans la dissidence car il ne pouvait pas "rester indifférent aux tortures infligées aux manifestants, y compris aux enfants, et aux balles tirées contre les cortèges funéraires". L'activiste poursuit : "Je ne reconnais plus mon quartier. On se croirait dans un film d'horreur hollywoodien". Il filme à longueur de journées les traces de l'horreur que subit le quartier de Baba Amr, habitations en ruines et blessés en manque de soins. Un témoignage incessant pour qu'on n'oublie pas la Syrie : "Dites et redites au monde entier que Bachar el-Assad est en train de nous tuer les uns après les autres, avant qu'il ne soit trop tard."
Quand il a voulu rendre visite à sa famille dont il était sans nouvelle depuis un mois, Abu Bakr n'a trouvé que les corps de ses deux petits frères de moins 3 ans : "Au milieu des débris, j'ai reconnu des petites mains inertes." Il ne sait pas ce qu'il était advenu de ses parents. "J'ai déjà tout perdu, et je n'ai plus rien à perdre." L'article se poursuit avec l'évocation des conditions de vie de la population à Baba Amr : "Je me nourris d'un oignon par jour, c'est tout ce qui me reste ici. Même l'essence, qui permet d'alimenter notre petit groupe électrogène, commence à manquer. Si demain, vous n'arrivez plus à me contacter, c'est qu'on a épuisé nos derniers litres de fuel ou que je suis mort de faim… À moins que je ne sois fauché par une roquette."
(François Geffrier)