Un journal de photomontages menacé
La rédaction - - Silences & censures - 0 commentairesUn journal de photomontages menacé de fermeture ? C'est ce qui se dessine pour Le Monte - pastiche du quotidien du soir - si la commission paritaire des publications et agences de presse confirme son souhait de lui retirer son agrément, qui donne droit notamment à un taux de TVA réduit.
C'est Guy Birenbaum qui a sur son blog alerté ce week-end sur le cas du "Monte". Le Monte, c'est ce journal publiant de nomvreux photomontages,"pastiche du Monde qui gratte, qui fait mal, qui moque, qui imite, qui caricature, qui déforme, qui désosse, qui insulte, qui massacre, qui bashe… Qui ne respecte rien. Ni personne. Qui tape. Qui choque. Sans discernement. Ni respect. Ni précautions. Ni préventions. Mauvaise foi. Mauvais esprit", ainsi que le décrit Birenbaum. Problème : Le Monte est menacé de perdre son numéro "CPPAP". Ce numéro fourni par la commission paritaire des publications et agences de presse permet à un organe de presse de bénéficier de deux avantages importants : une TVA au taux réduit de 2,1 % sur les ventes au numéro et sur les abonnements ainsi que des tarifs postaux très avantageux. De fait, ce numéro CPPAP permet un pluralisme des titres de presse vendus dans les kiosques. Plus largement, Guy Birenbaum publie sur son blog le courrier que la CPPAP a envoyé à l'éditeur pour justifier de sa décision de retrait du numéro CPPAP au Monte. On peut lire sur la plume de Pierre Bordry, le conseiller d'Etat auteur du courrier différentes raisons, plus étonnantes les unes que les autres... Ainsi, la CPPAP ne réitère pas son agrément au Monte en raison de ses articles qui ont un caractère d'"avilissement de la personne contraire à la dignité et d’une indécence incompatible avec une lecture sur un mode humoristique”. |
Mais plus étonnant encore, la CPPAP juge même la démarche éditoriale du journal. “La démarche éditoriale de ce titre apparaît s’inscrire dans une recherche de la gaudriole, de la provocation et de la farce non justifiés par la nécessité d’information du public et excédant le registre de la satire“. Drôle de courrier que celui envoyé par la CPPAP. Charlie Hebdo, Le Canard Enchaîné, Siné Mensuel ou d'autres titres satiriques ont bel et bien, eux, conservé leur numéro de CPPAP. Pourtant, la CPPAP aurait très bien pu juger que certaines de leurs unes s'inscrivaient, bel et bien, dans le registre de "la gaudriole et de la farce". Pas très étonnant pour des journaux satiriques. Mais il est vrai qu'à la différence du journal sanctionné, ils publient plutôt des caricatures liées à l'actualité, que des photomontages sans aucun élément de vraisemblance.
Contactés par @si, la CPPAP et Pierre Bordry n'ont pas retourné nos appels. L'éditeur du Monte, Stéphane de Rosnay, lui, est en colère. "C'est une décision illégale. On ne retire pas un numéro de commission paritaire comme ceci. C'est sans aucun doute une décision politique". Et il détaille : "nous avions un numéro CPPAP jusqu'en 2016 et il y a quelques semaines la CPPAP nous a écrit pour nous dire qu'il allait le réexaminer. Nous allons bien sûr contester cette décision par tous les moyens légaux".
Le Monte avait déjà fait parler de lui en 2008 avec une manchette choc. En effet, le pastiche avait titré "Nicolas Sarkozy est mort" avec une photo ensanglantée de l'ex-président de la République, un poignard dans le front. Cette une avait fait polémique, tout comme celles d'un photo montage de Nicolas Sarkozy dans différentes positions sexuelles. En 2010, Nicolas Sarkozy avait même attaqué Le Monte en justice pour une manchette "Nicolas Sarkozy en prison" qu'il avait jugé insultante. Saisi de l'affaire, le TGI de Paris avait alors décidé de faire retirer de la vente l'exemplaire en question du Monte. Avec l'argument suivant : " Ces caricatures et ces mises en scène ne relevaient pas du droit à la caricature et de la liberté d'expression".